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Attention, secteur en péril

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Son cri nous traverse et on l’ignore, aggravant soudain la nécessité de vivre. Le secteur porcin en est presque aphone et son filet de voix se fait de plus en plus ténu.

C’est que l’Europe se refuse toujours d’intervenir sur le marché européen ou d’accorder des aides d’urgence aux producteurs, arguant de la supposée inutilité d’éventuelles mesures. Depuis des mois, conseil agricole après conseil agricole, les États membres réclament des outils de régulation ou des aides directes que le commissaire européen refuse systématiquement de mettre en œuvre en promettant des jours meilleurs. Pendant ce temps, lors de la dernière réunion bruxelloise, la Pologne annonçait ainsi que le nombre de petites et moyennes exploitations porcines dans le pays avait chuté de 50 % au cours des cinq dernières années.

La Wallonie tire également la sonnette d’alarme. La Fédération wallonne de l’Agriculture rappelait voici quelques heures que l’élevage porcin dans notre région « ne permet pas de répondre à la demande du consommateur sur le plan quantitatif : nous atteignons à peine 40 % d’auto-suffisance. Sur le plan qualitatif par contre, tant sur le plan de la taille des élevages que de l’attention portée au bien-être animal et à la qualité, notre élevage porcin est un secteur de pointe ». Pour faire patienter les Vingt-Sept, la commission avait bien fini par concéder au mois de février la mise sur pied d’un groupe de réflexion européen réunissant autorités nationales et professionnelles pour avancer sur des mesures structurelles.

Au parlement, les eurodéputés interpellent à nouveau la commission. Le 10 mai dernier, c’est le Belge Tom Vandenkendelaere qui relayait la frustration et la colère des producteurs devant l’inertie de l’Europe qui « sape la crédibilité de la commission ».

« Aujourd’hui, la situation économique dramatique qui est celle de ce secteur de production nous fait craindre que les éleveurs wallons mettent la clef de la porcherie sous le paillasson, ou quittent le modèle familial indépendant pour se diriger vers un élevage en intégration » alerte la Fwa dans un communiqué.

Au moment où vous lirez ces lignes, le groupe de réflexion initié par la commission examine la dimension sociale et structurelle du secteur, y compris les modes de consommation, les nouvelles demandes des consommateurs, les perspectives du secteur biologique. La commission a également précisé qu’elle espérait présenter d’ici janvier 2023 un rapport final éventuellement assorti de recommandations, qui comprend une analyse globale des conséquences de la guerre en Ukraine sur le marché, de la situation de la peste porcine africaine ou encore des plans stratégiques de la PAC. Les prochaines réunions suivront le 4 juillet, le 12 septembre et le 21 novembre.

De quoi souffrir encore un peu…

Marie-France Vienne

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