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France : Marc Fesneau, un nouveau visage au conseil agricole européen

Il incarnait la présidence française du conseil agricole depuis le mois de janvier. En quittant le gouvernement dans la foulée de l’élection présidentielle pour se consacrer aux siens, Julien Denormandie a cédé sa place à Marc Fesneau qui a fait des premiers pas remarqués le 24 mai dernier à Bruxelles.

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«  Ces deux dernières années, je me suis battu sans relâche pour nos agriculteurs, nos forestiers, nos acteurs de la chaîne alimentaire », a indiqué M. Denormandie avant de passer le flambeau à M. Fesneau, son successeur à l’important ministère de la rue de Varenne.

Un centriste à la rue de Varenne

Ce centriste du Mouvement démocrate (MoDem) n’est pas un novice dans les hautes sphères de l’État puisqu’il vient de quitter le poste de ministre chargé des Relations avec le parlement, où il s’était installé en 2018, pour enfiler le costume de ministre de l’Agriculture dans le gouvernement d’Élisabeth Borne.

Cela fait quelques années que son nom circulait à ce poste, mais il avait été à chaque fois devancé, tout d’abord par Stéphane Travert, ensuite par Didier Guillaume, enfin par Julien Denormandie, proche du président Macron.

Bon connaisseur du secteur agricole pour avoir travaillé plusieurs années à la chambre d’agriculture du Loir-et-Cher, Marc Fesneau a également des attaches familiales dans le secteur ; son père François Fesneau fut notamment directeur général de l’Association française des comités économiques de fruits et légumes (Afcofel).

Des transitions mais « pas d’interdiction sans solution »

Comme à chaque mouvement à la tête du ministère de l’Agriculture, la Fnsea a réagi par voie de communiqué en promettant, voici quelques jours, d’être « un partenaire ouvert et à l’écoute, mais aussi un partenaire exigeant ».

« Les agriculteurs attendent des perspectives claires pour jouer leur rôle d’acteur de premier plan de la reconquête de la souveraineté alimentaire et énergétique », estime le syndicat, qui souligne aussi le besoin de « réponses immédiates pour parer à l’urgence à court terme » (flambée des intrants, sécheresse). De leur côté, les Jeunes Agriculteurs insistent sur le renouvellement des générations, objet de la loi d’orientation promise par Emmanuel Macron, qui « doit être la réforme prioritaire du mandat ».

Son action est attendue dans la continuité du précédent mandat, notamment en matière d’écologie. « Nous resterons dans la ligne de l’accompagnement des transitions, pas d’interdiction sans solution »

Intégration de l’Ukraine dans les marchés agricoles mondiaux

Entre-temps, Marc Fesneau a présidé son premier conseil des ministres européens de l’Agriculture le 24 mai dernier.

Les débats ont logiquement porté sur les conséquences du conflit russo-ukrainien. Les ministres ont été informés par la commission quant aux voies de solidarité entre l’UE et l’Ukraine afin de faciliter l’exportation de produits agricoles par voie terrestre, en direction des marchés européens et mondiaux.

L’objectif de ce plan d’action est de surmonter le blocage des ports ukrainiens de la mer Noire par la Russie, et de veiller à ce que l’Ukraine demeure pleinement intégrée dans les marchés agricoles mondiaux, et continue de contribuer à la sécurité alimentaire globale.

D’autres moyens de transport et chaînes d’approvisionnement entre l’UE et l’Ukraine permettront à cette dernière d’exporter et de libérer ses capacités de stockage pour les récoltes à venir. Cela contribuera également à détendre les tensions en quantité et en prix sur les marchés.

L’objectif pourra être atteint par une coopération entre commission, États membres, autorités ukrainiennes, opérateurs de transport de l’UE et ukrainiens, gestionnaires d’infrastructures, propriétaires de matériel roulant, de navires et de véhicules, institutions financières internationales et toutes autres parties prenantes concernées dans la région.

Influenza aviaire : la Belgique en soutien des stratégies vaccinale et… commerciale

Les ministres ont adopté les conclusions préparées depuis plusieurs semaines par la présidence française sur l’influenza aviaire hautement pathogène (Iahp) appelant l’UE à développer une approche stratégique pour le développement de la vaccination comme outil complémentaire de prévention et de contrôle de l’épizootie.

La Belgique a souligné les effets néfastes sur la santé et le bien-être des animaux mais aussi les graves conséquences économiques sur les filières avicoles touchées et le coût « très important » pour les Autorités et souhaite que soient dégagées des solutions pour éviter des abattages massifs. La Belgique soutient donc la mise en place d’une stratégie européenne de prévention et de lutte contre l’influenza aviaire incluant la vaccination. À l’instar de plusieurs ministres, elle a appelé tout en tenant compte de son impact sur les exportations à éviter toute perturbation des échanges commerciaux de volailles avec les pays tiers en engageant un dialogue au sein de l’organisation mondiale de la santé animale. Un travail technique va donc devoir être mené dans les prochains mois.

« Le tour de table a marqué l’appétence des délégations à continuer de travailler sur ce sujet et sur le fait qu’il faille en parallèle rapidement échanger avec nos partenaires pour s’assurer de l’acceptabilité de cette approche dans les échanges commerciaux » a ainsi synthétisé M. Fesneau.

La République Tchèque prête à reprendre le flambeau

La République Tchèque qui prendra la présidence du Conseil de l’UE à partir du 1er juillet s’est d’ores et déjà engagée à inscrire le sujet parmi ses priorités.

La commission européenne doit, elle, adopter au cours du second semestre des règles spécifiques pour la vaccination contre la grippe aviaire et elle s’apprête à mandater l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) pour travailler sur les connaissances scientifiques en la matière et combler les lacunes.

« Une fois que des vaccins adaptés seront disponibles et que des règles spécifiques permettant leur utilisation auront été adoptées, nous vous aiderons à mettre en place des stratégies de vaccination appropriées », a promis la commissaire européenne à la Santé.

Marie-France Vienne

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