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L’UE affine ses actions pour aider l’Ukraine à exporter ses céréales

La commission a annoncé le lancement de plateformes de contact et précisé les actions urgentes afin de fluidifier le trafic le long des voies de transport alternatives. Elle a aussi vivement incité les États membres à collaborer.

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Depuis l’adoption le 12 mai du plan d’action pour « les voies de solidarité UE-Ukraine » (visant à libérer par le rail, la route et les voies navigables intérieures les céréales d’Ukraine pour les exporter vers les marchés mondiaux), la commission a demandé à chaque État membre d’identifier un point de contact qui jouera un rôle important dans la mise en œuvre d’un nombre d’actions à court terme.

Ces points de contact contribueront à fournir des informations actualisées sur la situation aux frontières et aux points clés des infrastructures de transport, ainsi que dans le recensement des capacités de stockage disponibles pour les produits agricoles dans l’UE.

Sus au poids des exigences vétérinaires et phytosanitaires

Dans le cadre de la mise en place de cette plateforme de mise en contact (première étape de ce plan d’action), la commission a ainsi organisé une grande réunion avec plus de 300 participants des secteurs du transport terrestre et maritime, ainsi que du secteur agricole, et suite à ces échanges, la première réunion plénière de cette plateforme, réunissant toutes les parties prenantes, a été organisée le 24 mai. Plus de 250 participants ont été réunis, dont les points de contact nationaux des voies de solidarité, les autorités ukrainiennes et les acteurs du marché européen et ukrainien.

Par ailleurs, la commission a regretté le poids des exigences vétérinaires/phytosanitaires nationales qui persistent dans les États membres limitrophes avec l’Ukraine. À cette fin, elle a appelé ces derniers  à alléger autant que possible ces contrôles et exigences aux postes frontières, surtout lorsque la législation européenne ne les prévoit pas.

C’est particulièrement crucial pour les marchandises en transit . Avant d’ajouter qu’« il est crucial d’avoir un engagement national encore plus fort afin de réduire certains des goulets d’étranglement que nous connaissons actuellement ».

Principales actions à court terme

Suite au lancement de la plateforme, il est urgent dorénavant « d’identifier les voies de transport alternatives potentielles et sur la meilleure façon de faciliter le trafic le long de celles-ci ». Pour atteindre ces objectifs, les services de la commission se concentrent notamment sur la rationalisation des procédures aux points de passage frontaliers.

« Il s’agit notamment d’encourager les États membres à fournir un personnel adéquat 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, de se débarrasser des contrôles et procédures inutiles (en particulier les certificats vétérinaires), d’encourager la priorisation des exportations d’Ukraine pour éviter les blocages aux frontières. Il s’agit d’une priorité absolue car elle peut être mise en place immédiatement », explique la commissaire aux Transports.

Une autre action importante poursuivie par les services bruxellois est de réduire la pénurie de matériel roulant, de navires et de camions. Cela inclut la mise en place éventuelle de services de navette à courte distance entre le rail et les ports, afin de raccourcir les trajets en train.

Cela impliquerait également la coopération des opérateurs nationaux de fret ferroviaire, qui pourraient prêter des locomotives, des wagons et des conteneurs aux États membres de la ligne de front et à l’Ukraine afin d’améliorer la capacité de fret ferroviaire, détaille la commissaire.

Avant d’ajouter qu’« il est essentiel également d’améliorer la capacité du réseau de transport. Cela pourrait inclure la surveillance du réseau de transport, y compris des ports, et l’identification des principaux centres de transbordement ». « Des améliorations ciblées et urgentes de la capacité des terminaux ferroviaires dans les États membres de première ligne devraient être ainsi identifiées sans délai et communiquées à la commission », prévient-elle.

À la recherche de lieux de stockage

En parallèle, elle a ajouté que l’UE se doit « d’identifier ses lieux de stockage qui sont prêts à accueillir les céréales ukrainiennes ». « Cela nous aidera à garantir la création d’un tampon et pourrait même rendre ces voies de transport alternatives plus efficaces, par exemple si nous trouvons des lieux de stockage disponibles près des ports du Danube ou à côté des gares situées le long des lignes à grand gabarit », précise-t-elle. Pour mener à bien cet exercice de cartographie, elle appelle vivement les ministres de l’Agriculture de l’UE à collaborer.

Dans trois mois, indique la commission, « il faudra faire sortir d’Ukraine 20 à 25 Mio t de céréales ». Avant de prévenir que « près de 50 Mio t de céréales supplémentaires sont attendues avec la prochaine récolte, or il n’y a de la place que pour 50 % de cette quantité ».

Suspension des droits de douane

Après le parlement européen (le 17 mai), le Conseil de l’UE a adopté le 24 mai, le projet de texte soumis par la commission européenne, dans le cadre de l’accord d’association UE/Ukraine, visant à suspendre temporairement tous les droits de douane sur les produits ukrainiens importés dans l’UE. En matière d’agriculture, cette mesure porterait sur les importations de fruits et légumes soumis au système de prix d’entrée ainsi que les produits agricoles et les produits agricoles transformés soumis à des contingents tarifaires.

Cela concernerait entre autres le miel (droit de 17 %), les tomates transformées (droit de 14 %) ainsi que l’orge (93 €/tonne). Avec cet aval des colégislateurs, le texte entrera en vigueur au lendemain de sa publication au Journal officiel de l’UE.

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