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Le spectre de 1976

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La guerre en Ukraine éprouve durement le secteur agricole mondial. Contraint de réduire drastiquement sa production, ce géant des céréales et des oléagineux, premier exportateur mondial de tournesol, deuxième producteur d’orge, fait vaciller les stocks de nombreux pays. Or, la pénurie en produits agricoles pourrait encore s’amplifier avec l’arrivée d’une sévère période de sécheresse sur l’Europe.

Mais pas que. Au-delà de ce qui se trame aux frontières du Vieux Continent avec l’enlisement du conflit russo-ukrainien, des vagues de chaleur de l’Inde à l’Éthiopie mettent en surchauffe un secteur déjà en crise où les réflexes protectionnistes se multiplient. Avec pour conséquence des prix des céréales, toujours très hauts, qui oscillent au gré des turbulences.

Notre petite Belgique n’est pas épargnée. L’IRM estime qu’une grande partie de notre pays risque de subir dans les prochains jours une sécheresse historique qui fait grimper l’inquiétude chez les agriculteurs, céréaliers comme éleveurs, lesquels pourraient être confrontés à de graves difficultés techniques et financières.

Ce qui nous attend s’annonce si préoccupant que la délégation belge a présenté une note à l’occasion du conseil des ministres européens de l’Agriculture du 24 mai dernier à Bruxelles, dans laquelle elle s’émeut de l’absence de précipitations ce printemps.

« La situation est proche de celle qu’ont connue les agriculteurs en 1976 en termes de déficit pluviométrique cumulé au cours des 90 derniers jours », ont souligné MM. Borsus et Clarinval qui ont mis en garde contre « une détérioration de l’état des cultures vivrières et de la disponibilité des aliments pour le bétail, avec des baisses généralisées de productivité ».

La Belgique a demandé à la commission de préciser les mesures qu’elle envisageait pour faire face à ce problème et à explorer les possibilités de dérogation à certaines exigences de verdissement, tout en respectant les ambitions du Pacte Vert.

Les prévisions de production de maïs de l’UE restent, pour l’instant, à un niveau record. Mais le commissaire Wojciechowski a reconnu que la sécheresse qui a sévi dans la plupart des pays de l’UE en mai a déjà eu des répercussions négatives sur les cultures d’hiver dans un certain nombre d’États membres.

« Malgré le bon état des cultures en avril, La période de sécheresse pourrait entraîner une tendance baissière des potentiels de rendement de certaines cultures, surtout si ces conditions persistent ». L’épuisement progressif des réserves d’humidité du sol qui en résulte a des effets négatifs sur les cultures d’hiver. « Mars » (Meteorological Archival and Retrieval System), le service de prévisions de la commission, a d’ailleurs quant à lui déjà révisé à la baisse, le 23 mai dernier, les rendements des cultures d’hiver dans l’UE.

Marie-France Vienne

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