Observatoire de la consommation alimentaire : l’augmentation des coûts plombe les ménages wallons

Il est ressorti de l’enquête de l’Observatoire de la consommation alimentaire,  les consommateurs comptent bien adapter leurs comportements d’achats en accordant davantage d’importance aux promotions et aux réductions, aux prix des aliments et au choix du point de vente.
Il est ressorti de l’enquête de l’Observatoire de la consommation alimentaire, les consommateurs comptent bien adapter leurs comportements d’achats en accordant davantage d’importance aux promotions et aux réductions, aux prix des aliments et au choix du point de vente. - M-F V.

Pour mémoire, l’Observatoire est un outil qui a été mis en place en octobre 2021 par le gouvernement wallon dans le cadre du Plan de relance de la Wallonie avec pour objectif d’apporter une aide à la décision tant au niveau économique que politique.

La moitié des Francophones inquiets face à l’augmentation des coûts

L’étude, qui a été menée en avril sur un panel représentatif de la population wallonne et bruxelloise, a clairement fait ressortir l’inquiétude croissante des sondés face à l’augmentation des coûts. C’est principalement le cas des personnes issues des classes sociales inférieures et vivant dans de petites localités.

45 % des Francophones affirment que le contexte actuel influence de façon importante leur pouvoir d’achat.

Une tendance qui se traduit par la volonté, ou la nécessité, de faire des économies dans différents domaines de leur vie.

Si ce sont les voyages (pour 61 % des personnes interrogées), la culture et les loisirs (60 %), l’habillement (59 %), le bien-être et la beauté (49 %), les frais fixent liés à l’habitation (37 %), les investissements matériels (56 %) qui en font les frais, l’alimentation n’y échappe guère puisqu’elle est citée par 36 % des répondants.

D’ailleurs, 52 % des Francophones ont déjà adapté leurs habitudes au niveau de leurs achats alimentaires. 18 % se sont tournés vers les produits en réduction, 12 % n’achètent désormais plus que l’essentiel ou carrément moins tandis que 9 % privilégient les marques distributeurs.

Il ressort également de l’étude qu’un Belge francophone sur quatre envisage de faire des économies sur les plats préparés.

Plus globalement, pour 54 % des sondés, la conjoncture actuelle influence leur bien-être tandis que 50 % déclarent que leurs projets immobiliers ont été influencés par le contexte particulièrement difficile que nous connaissons.

Adaptation des comportements d’achats alimentaires

43 % des francophones allouent plus de 20 % de leur budget à l’alimentation (36 % d’entre eux ne connaissent pas le pourcentage de ce budget) et 53 % des sondés pensent que cette part va encore augmenter.

Ils sont à peu près la même proportion à penser que les prix vont continuer leur hausse.

Dans ce contexte, les consommateurs comptent bien adapter leurs comportements d’achats en accordant davantage d’importance aux promotions et aux réductions, aux prix des aliments et au choix du point de vente.

Globalement, les Francophones priorisent les comportements permettant de renforcer leur pouvoir d’achat, parfois au détriment de ceux qui sont tournés vers l’écologie et la préservation de l’environnement.

Dans ce cadre, l’Observatoire s’est également intéressé aux engagements que les consommateurs estiment prioritaires pour le secteur alimentaire. Si la limitation du gaspillage et la consommation de produits de saison arrivent en tête, la lutte contre le réchauffement climatique, le soutien au développement de la biodiversité ou encore l’assurance d’une rémunération juste des producteurs ne sont à favoriser que pour moins de 30 % des répondants.

Le bio s’en sort plutôt bien

Contre toute attente, la part du bio dans les achats alimentaires semble à peine affectée par cette révision des priorités.

La consommation de produits bio tend plutôt à augmenter, principalement chez ceux qui en consomment au moins une fois par semaine ou tous les jours. À l’inverse, elle diminue chez ceux qui en consomment peu fréquemment. L’écart de creuse donc un peu plus entre les ménages en difficulté qui se tournent vers les produits non-bio et les marques distributeurs, et les autres.

Baisse de fréquentation des points de vente à la ferme

L’Apaq-w a dégagé plusieurs axes à mettre en œuvre pour contrer la hausse des prix. Le premier consiste en un développement de la communication concernant les astuces qui permettraient au consommateur d’influencer leur pouvoir d’achat, qui demeure leur préoccupation principale.

Une démarche qui doit néanmoins aller de pair avec des informations relatives aux produits locaux et bio dans la mesure où expliciter leur valeur ajoutée, leur qualité, et justifier les prix appliqués permettraient d’améliorer leur image, et l’intérêt de se tourner ou ne pas se détourner de ces types de produits.

Le second axe relève de la diversification des points de ventes des produits locaux qui, en plus de rapprocher les producteurs et consommateurs, pourrait permettre aux consommateurs ouverts à consommer des produits locaux de concrétiser cette perspective.

De même, cette offre élargie pourrait potentiellement redonner du plaisir de consommer aux consommateurs, dont 55 % mentionnent qu’ils en ont perdu du fait de la conjoncture actuelle.

Il faut toutefois noter que l’engouement pour les points de vente à la ferme au plus fort de la crise sanitaire, a chuté depuis plusieurs semaines. La présidente de l’Apaq-w a évoqué une baisse de 15 % à 25 % de leur fréquentation.

Pour M. Borsus, il faut se rappeler que les circuits-courts « ont été là pendant les périodes de difficultés, il ne faut pas les oublier ».

Pas de solution unique face à l’inflation

Enfin, cette étude de marché a permis de mettre en évidence la variété des adaptations et des critères pris en compte dans les achats dans le contexte actuel. Toute cette diversité montre que le consommateur reste un artisan de sa propre consommation et qu’il n’existe pas de solution unique pour faire face à l’inflation.

À la lumière de cet ensemble d’éléments, l’Apaq-w émet l’hypothèse qu’une telle crise constitue aussi une opportunité pour modifier sa manière de consommer, découvrir des façons de s’alimenter autrement et de continuer à être un acteur de sa consommation.

À titre d’exemple, la crise sanitaire a réaffirmé l’influence du rôle du consommateur, où la consommation de produits alimentaires bio s’est poursuivie et même accentuée durant la pandémie.

Marie-France Vienne

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