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Diversifier ses activités grâce aux cultures maraîchères

Une ferme de culture et d’élevage peut diversifier ses activités en produisant des cultures maraîchères. La décision dépend d’abord de l’intérêt pour ce genre de travail de la part des fermiers. La production et la commercialisation demandent plus de main-d’œuvre, c’est très important de s’en préoccuper avant de se lancer. Nous avons déjà eu l’occasion de nous pencher sur ces aspects, notamment dans le SB du 23 décembre dernier.

Temps de lecture : 6 min

L a façon de commercialiser ses productions est différente de celle des grandes cultures et de l’élevage. Les circuits structurés sont différents, les cours de marché fluctuent dans une très large fourchette. Si nous optons pour la vente en circuit court de ses productions maraîchères, nous aurons l’opportunité de valoriser aussi d’autres produits de la ferme.

Pas mal de fermes wallonnes sont dans le cas, la production maraîchère peut être réalisée par les fermiers eux-mêmes ou peut accueillir un maraîcher sur les terrains et leurs bâtiments. Mais qu’en est-il de la diversification au départ du maraîchage ?

Diversifier au départ du maraîchage ?

Cette réflexion de la diversification se pose aussi pour les maraîchers eux-mêmes. Cette question a du sens. Nos souhaits, les opportunités de disponibilité de terrains, la possibilité d’allonger la rotation, l’arrivée à la ferme d’un membre de la famille en complément, ce sont autant de situations au départ desquelles nous pouvons réfléchir à notre réorientation.

En grandes cultures et en élevage ? Si la surface disponible le permet, l’allongement de la rotation maraîchère par l’incorporation de grandes cultures ou de cultures fourragères permet d’améliorer la fertilité des sols et de mieux maîtriser l’enherbement. Ce sont deux atouts pour la durabilité de la ferme dans son ensemble.

Se diversifier en horticulture ornementale ?

Il s’agit de métiers différents de celui de maraîcher. De plus, nous devons distinguer la pépinière de la floriculture. La pépinière vise la production de plantes ligneuses, le plus souvent en pleine terre ou en conteneurs. La floriculture consiste à produire des plantes fleuries en plein air ou sous serres.

Les compétences demandées sont très spécifiques, elles sont très différentes entre elles.

Le secteur parc et jardins, l’horticulture de services ?

Ce secteur important de l’horticulture demande également des compétences et des investissements très différents de ceux du maraîchage.

La relation avec la terre et avec les clients est fort différente aussi. Ce n’est pas un détail : nous prestons sur le terrain du client, contrairement au maraîchage où nos actions portent sur le terrain qui est à notre disposition et qui est géré à notre guise.

Les pointes de travail sont les mêmes que celles connues en maraîchage avec une charge importante au printemps et à l’automne.

La compétence nécessaire est large et englobe la nomenclature et la reconnaissance des végétaux d’ornementation et leurs exigences.

La reconnaissance des plantes est une des particularités du métier d'horticulteur.  Une longue étude ou expérience est requise avant de pouvoir se débrouiller avec ce métier.
La reconnaissance des plantes est une des particularités du métier d'horticulteur. Une longue étude ou expérience est requise avant de pouvoir se débrouiller avec ce métier.

Se faire encadrer

L’encadrement par des conseillers du secteur public ou du secteur privé ou commercial est très différent pour toutes ces productions.

Plusieurs organismes sont compétents pour aider les producteurs. Le point de départ pour les identifier peut être simplement le site des Centres pilotes : https ://centrespilotes.be/cp/

Au départ des coordonnées de chacun d’entre eux, nous pouvons être mis en contact avec les organismes les mieux adaptés à notre situation. Ces centres disposent de données précises de leur secteur, y compris des études sur les opportunités et les menaces de chacun d’eux.

Tous les professionnels de la production végétale et animale peuvent les consulter. Mais les conseils sont encore plus précieux pour les débutants.

Les services d’encadrement diffusent des avertissements phytosanitaires, apportent des informations individualisées et des formations de groupe. Ils mettent en place des comparaisons, des essais complets ou démonstratifs.

Pas mal de fermes wallonnes sont dans le cas, la production maraîchère peut être réalisée par les fermiers eux-mêmes ou peuvent accueillir un maraicher sur les terrains et leurs bâtiments.
Pas mal de fermes wallonnes sont dans le cas, la production maraîchère peut être réalisée par les fermiers eux-mêmes ou peuvent accueillir un maraicher sur les terrains et leurs bâtiments.

Se donner les moyens

Les moyens pour réussir sa diversification comprennent la main-d’œuvre (familiale, extra-familiale, acquisition de la compétence…), les structures (serres, locaux, frigos…), les machines (presses-mottes, empoteuses…) les outils (machines spécifiques, caisserie…).

Pour le maraîchage, nous pouvons avoir une vision sur quelques années pour les investissements, nombre d’entre eux s’amortissent sur moins de 10 ans comme les machines de travail du sol ou les serres-tunnels par exemple. Lorsque nous abordons des mises en place de pépinières ou de serres fixes, la durée entre l’installation et les premières ventes est de plusieurs années, les amortissements sont de durée comparable à celles de bâtiments, une vingtaine d’années.

Une des questions posées est celle des moyens financiers pour mettre en place la diversification. Avant toute chose, nous devons nous assurer de disposer de bases saines pour les activités déjà présentes à la ferme. La tenue d’une comptabilité rigoureuse est indispensable. Le comptable peut aider à l’examen objectif de vos demandes autres d’organismes bancaires ou à la prise de décision en autofinancement.

Dans certaines situations, nous pouvons accéder aux « Aides au développement et à l’investissement dans le secteur agricole », ADISA. Le portail agriculture.wallonie.be permet l’accès aux informations à ce sujet.

Les compétences nécessaires sont très différentes de celles mises en œuvre en maraîchage. Elles peuvent être acquises de différentes manières dont des études en milieu scolaire ou des stages chez des professionnels du secteur.

La relation avec la terre et avec les clients est fort différente  entre le maraîchage et les autres matières de l'horticulture.
La relation avec la terre et avec les clients est fort différente entre le maraîchage et les autres matières de l'horticulture.

L’organisation du travail

En décidant de diversifier sa production maraîchère, nous espérons répartir au mieux nos efforts sur plusieurs axes.

Mais le travail reste très saisonnier. La météo est la même pour tous dans une région. Les époques clés de commercialisation restent liées aux besoins des acheteurs, eux-mêmes très saisonniers.

Le coût de la main-d’œuvre

Nous n’avons pas fini d’en débattre. La gestion de la ferme passe aussi par une estimation du coût de la main-d’œuvre. Son corollaire, le revenu pouvant être retiré du travail de la main-d’œuvre familiale doit être calculé. C’est même la base de réflexion avant de décider d’accroître encore ses activités et donc sa charge de travail.

En partant d’une situation donnée, la ferme maraîchère existante, nous pouvons déplorer un revenu global insuffisant au regard des efforts investis dans la tâche. Vouloir ajouter encore du travail dans l’espoir d’améliorer son revenu doit se faire avec une réorganisation complète de la ferme. Quels seront les besoins supplémentaires en prestations ? Qui viendra compléter l’équipe et à quelles conditions ? Quelles autres activités de la ferme va-t-on réduire ou supprimer ?

L’accès à l’énergie et à l’eau

L’énergie est-elle disponible en suffisance pour les nouvelles installations ? Cette question classique est plus que jamais d’actualité.

C’est déjà le cas en maraîchage par rapport à la grande culture. C’est également le cas pour les secteurs occupant des serres ou des frigos.

N’oublions pas non plus le transport, bien qu’une partie de celui-ci puisse être externalisée en recourant à des sociétés spécialisées.

Répartir les risques

Les quelques exemples évoqués ici ne sont que quelques pistes possibles. Nous devons analyser notre propre situation en mettant en évidence les atouts et les faiblesses de notre ferme, en éclairant nos propres forces et nos souhaits personnels.

En diversifiant ses activités, nous répartissons les risques, « nous ne mettons pas tous ses œufs dans le même panier ». N’oublions pas que se diversifier ne peut pas être s’éparpiller. Nous devons garder la maîtrise et la compétence suffisante pour mener nos productions correctement jusqu’à leur terme.

Ajouter une activité à sa ferme signifie aussi assurer la traçabilité et la sécurité de cette nouvelle production. Différents organismes évoqués plus haut peuvent nous aider à nous mettre en conformité.

Une décision de diversification doit être mûrie avec recul.

F.

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