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L’horticulture wallonne, un secteur avec des faiblesses mais de nombreux atouts

S’il ne constitue pas un pan majeur de l’économie régionale, le secteur horticole wallon dispose de qualités qui, face à une demande de plantes majoritairement couverte par des importations issues des régions voisines (Flandre et Pays-Bas), permettent d’envisager une croissance pour des segments.

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L’horticulture wallonne se caractérise toutefois par un certain nombre de points faibles : des exploitations de petite taille et très dispersées, des circuits de commercialisation peu développés et une production limitée et peu coordonnée. Le déficit d’auto-approvisionnement est de l’ordre de 80% pour la plupart des sous-secteurs et les produits horticoles wallons qui s’exportent font figure d’exception (sapins de Noël, arbres tiges de Lesdain …).

La floriculture …florissante dans le Hainaut

Mais à côté de ses faiblesses, l’horticulture wallonne dispose néanmoins de nombreux atouts, sur lesquels ses professionnels peuvent s’appuyer: une production de pleine terre sur des sols de bonne qualité, des productions diversifiées et de qualité alimentant une demande de proximité et des producteurs dont le savoir-faire est reconnu.

L’horticulture wallonne peut s’appuyer sur des sols de bonne qualité, des productions diversifiées et de qualité alimentant une demande de proximité.
L’horticulture wallonne peut s’appuyer sur des sols de bonne qualité, des productions diversifiées et de qualité alimentant une demande de proximité.

Le secteur horticole ornemental se compose d’entreprises appartenant à des sous-secteurs très différenciés que l’on peut regrouper en entreprises de production, d’une part, et en entreprises de services, d’autre part. Les différents segments de la production en Wallonie peuvent se synthétiser en 4 groupes: la «Floriculture», les « Pépinières ornementales et fruitières», les «Sapins de Noël» et les «Pépinières forestières».

En floriculture, les seules cultures wallonnes produites en quantités significatives sont les plantes annuelles et bisannuelles (géraniums, surfinias, pensées,…) en de nombreux genres, espèces et variétés, produites sous serres (environ 30 ha), ainsi que les chrysanthèmes en pots, produits en plein air (+/- 35 ha).

Les producteurs de plantes aquatiques, de plantes vivaces, de plants de légumes, de plantes aromatiques et condimentaires sont également repris dans cette classification car ils ont généralement des équipements (serres et terrains de cultures) similaires aux floriculteurs. Les entreprises sont principalement localisées dans le Hainaut et sont environ 110.

La vente directe au détail est leur mode principal de distribution même si certains producteurs ont une activité de gros. Le producteur complète souvent ses activités en s’installant comme entrepreneur de parcs et jardins ou en ouvrant une jardinerie.

Crise sanitaire et nouveaux adeptes du jardinage

Avec le Covid, ce sous-secteur a connu une belle croissance en 2020 et 2021. D’une manière générale, il s’en tire bien et a conscience d’avoir plutôt été privilégié au cours de cette crise, malgré le surcroit de travail, le stress face à l’inconnu et les adaptations de dernières minutes aux exigences sanitaires. Ainsi, il a pu bénéficier d’un regain d’intérêt du public pour le jardinage, avec de nouveaux adeptes qu’il faut informer.

Les interdictions de voyages et la fermeture des restaurants ou des magasins non-essentiels durant les périodes de confinement ont permis d’avoir une fréquentation des points de ventes de plantes élevée. Le défi aujourd’hui est de garder ces nouveaux adeptes et ce niveau de fréquentation, malgré le contexte actuel de baisse du pouvoir d’achat des consommateurs, et alors que par ailleurs les producteurs sont confrontés à une hausse importante de leurs coûts de production.

Les pépinières ornementales et fruitières occupent quelque 250 ha en Wallonie. On en retrouve dans toutes les provinces mais la majorité des 65 exploitations existantes se situent dans le Hainaut, notamment dans le village de Lesdain, véritable capitale wallonne de la pépinière. Les plants issus des pépinières wallonnes sont reconnus pour leur qualité (plants mieux travaillés, plus fournis et robustes) et leur diversité variétale.

A Lesdain, les pépiniéristes sont spécialisés dans la production d’arbres-tiges, ce qui leur permet d’attaquer les marchés d’exportation (France, Hollande, Angleterre, …). Les pépiniéristes wallons, dont ceux de Lesdain, sont également nombreux à produire des arbres fruitiers, dans un grand nombre de variétés, notamment les variétés anciennes ou traditionnelles sous le label « Certifruit® ».

Les arbres fruitiers, une production en plein essor

La production d’arbres fruitiers représenterait aujourd’hui 50% du chiffre d’affaires des pépiniéristes. Ces arbres fruitiers ne sont pas destinés aux vergers professionnels basses-tiges mais sont achetés par les particuliers pour leurs jardins ou certaines institutions publiques dans un but conservatoire de leur patrimoine.

La demande pour les arbres fruitiers a explosé ces dernières années et continue d’être soutenue grâce aux parcs naturels, à l’agroforesterie ou aux primes à la plantation pour les arbres hautes-tiges. A tel point que les producteurs ont du mal à répondre à cette demande et on parle actuellement de pénurie qu’il est difficile de résorber car il faut 4 ans pour produire un arbre fruitier haute-tige.

L’autre défi des pépiniéristes ornementaux est de répondre au besoin d’arbres et d’arbustes pour la verdurisation et le développement d’espaces verts dans les villes, afin d’y combattre les îlots de chaleur engendrés par le réchauffement climatique.

L’horticulture wallonne est en pleine mutation : la profession est vieillissante et la difficulté de trouver de la main-d’oeuvre se fait ressentir.
L’horticulture wallonne est en pleine mutation : la profession est vieillissante et la difficulté de trouver de la main-d’oeuvre se fait ressentir.

La production de plants forestiers s’étend sur 188 ha pour un chiffre d’affaires estimé à environ 6 millions d’euros. Elle représenterait environ 40 % de la production belge et assurerait environ 80% de la demande régionale.

On dénombre une vingtaine de pépiniéristes forestiers en Wallonie. Ils produisent des jeunes plants à destination de la forêt (surtout des résineux), de plants de haies ou de la production de jeunes plants de sapins de Noël.

La demande de plants forestiers est croissante partout en Europe et se porte aujourd’hui vers une nouvelle palette d’essences forestières plus diversifiées, mieux adaptées au changement climatique, et vers une gamme complète de plants de haies. Le projet de 4.000 km de haies porté par le Gouvernement wallon augmente encore ces besoins.

Cette nouvelle orientation de la production devrait apporter une meilleure rentabilité aux pépiniéristes wallons et améliorer leur position sur un marché très concurrentiel, notamment vis-à-vis de leurs collègues flamands qui bénéficient d’une période de végétation plus longue qui est plus favorable au niveau des prix de revient. Un label de qualité qui garantit la production locale est en cours d’élaboration et devrait les aider dans ce sens.

Le sapin de Noël, plus que jamais roi de la forêt

La production de sapins de Noël est le sous-secteur le plus important de l’horticulture ornementale wallonne tant en termes de chiffre d’affaires que de superficie (3.200 ha). Ces entreprises, dont le nombre est estimé à 50, sont essentiellement situées en province de Luxembourg ou le sud de la province de Namur.

Les 2 millions de sapins de Noël produits par an, pour un chiffre d’affaires estimé à 35 millions d’euros, font l’objet d’un commerce de gros et sont exportés à près de 85%. Il faut également noter que la production wallonne de sapins de Noël ne suffit pas à répondre aux besoins des marchés à l’export.

Les producteurs wallons achètent donc des sapins (principalement au Danemark) pour compléter leur offre. L’espèce traditionnelle qu’était l’épicéa (Picea abies) est désormais supplantée par des essences plus nobles qui ne perdent pas leurs aiguilles (surtout Abies nordmanniana).

A noter qu’à côté de ces secteurs principaux, on retrouve également en Wallonie quelques producteurs de graines et semences pour des plants de légumes ou des prairies fleuries. Par ailleurs, s’il n’y a pas de producteurs de fleurs coupées en Wallonie qui fournissent les fleuristes, on observe depuis quelques années des initiatives d’agriculteurs qui ont développé la vente de fleurs à couper soi-même au champ. Signalons aussi l’apparition d’une offre encore confidentielle de producteurs de fleurs coupées locales et de saison (slow flower).

En conclusion, l’horticulture wallonne est en pleine mutation et les défis sont nombreux pour la filière. Et ce dans un contexte où la profession vieillit, où peu de jeunes s’installent, où il est de plus en plus difficile de trouver de la main d’œuvre et où les normes de production sont de plus en plus contraignantes. Ce secteur mérite pourtant que l’on accorde une importance à son développement car, en plus de leur beauté, les végétaux, les jardins et les espaces verts procurent de nombreux bienfaits pour l’environnement, l’économie, la santé et la vie sociale.

Alain Grifnée

Collège des Producteurs

Claude Vanhemelen

FWH

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