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Festival de l’agri-diversité: en phase avec les préoccupations du moment

Il faisait beau temps pour le 3e festival organisé par Greenotec à Meux. J’y ai passé une très belle journée, un peu dans le style « Retour vers le futur ». Quand on est arrivé dans l’après-vie professionnelle et qu’on est resté « supporter » de l’agriculture, c’est un plaisir de retrouver tout ce qu’on a le mieux aimé dans ce métier : les rencontres, les innovations, l’agri-diversité.

Temps de lecture : 4 min

Ce festival était un superbe patchwork des multiples facettes de l’agriculture d’aujourd’hui. Les engrais verts en fleurs, les couleurs des machines agricoles, les pointes des tonnelles : de loin, on aurait dit un tableau impressionniste de Monet. De près, l’échelle est humaine : un petit village temporaire, pas trop bruyant, pas trop écrasant, juste ce qu’il faut.

Le sens des mots évolue : avant, au Moyen-Age, on parlait de « laboureur » alors que les charrues n’existaient pratiquement pas. Puis le labour profond et systématique s’est imposé comme la norme pour 3 ou 4 générations. Ce fut la (re)découverte du non-labour souvent dénommé TCS (technique de culture simplifiée). Aujourd’hui, c’est le terme « Agriculture de Conservation » qui est mis en avant. C’est le sens donné au travail de la terre pour la conserver en bonne forme. En surjouant, on pourrait ajouter « … pour les générations qui suivent et la sauvegarde de la planète ». C’est dans l’air du temps, cela fait un peu bobo mais c’est quand même ce qu’on espère tous.

J’ai aussi ressenti sur l’ensemble du site à quel point toute l’agriculture avait évolué. Il y a 50 ans, c’était le modernisme qui s’imposait. Aujourd’hui, les produits phytopharmaceutiques sont d’une discrétion qui confine à l’abnégation. D’engrais, il n’est plus question que de biostimulation. La « phytolicence » est devenue le sésame indispensable pour rester dans le métier. Elle était présente, permettant de joindre l’utile à l’agréable.

J’y suis resté 6 heures avec un goût de trop peu : tant de gens sympas qu’on revoie avec plaisir. Le disque dur de la mémoire doit quand même tourner souvent pour reconnaître un visage, retrouver un nom. Privilège de l’âge, même dans un contexte « durable », la conservation a ses limites.

Revenons au futur : les innovations sur lesquelles je me suis arrêté quelque peu. Liste non-limitative évidemment. J’ai voulu en savoir plus sur l’agroforesterie. Nous vivons une époque où l’agriculture doit défendre son image. Voilà bien du visuel de proximité. Cela devrait permettre de redessiner le paysage des campagnes en modifiant certains critères de rentabilité mais pourquoi pas ? Des pistes concrètes ont l’air d’en prendre le chemin.

Il y a le stockage du carbone dans les sols : remonter le niveau, c’est bon pour la fertilité immédiate, pour le climat et un petit bonus financier présenté par Soil Capital. Pareil : pourquoi pas ? Les grands consommateurs d’énergie fossile n’arrêtent pas de parler « bilan carbone » et jettent de la poudre aux yeux qu’on appelle « Greenwashing ». Alors l’agriculture, dont le bilan carbone est largement positif, a sans aucun doute mille raisons de mettre en avant ce facteur devenu très sensible aujourd’hui.

Deux semaines après quelques pluies diluviennes qui ont entraîné pas mal de boues sur certaines routes de nos villages, la Fwap et le Cipf ont abordé la question en avançant des solutions concrètes. Rien de facile mais les idées toutes faites ne sont pas de mise. On a pu aussi constater au passage l’effet indirect de la suppression des répulsifs au semis de maïs (…).

J’ai bien apprécié la présentation faite par Protect’eau : proposer aux agriculteurs un accompagnement dans le choix des produits de désherbage pour réduire ou éviter les risques de contamination des nappes phréatiques. L’indicateur combine l’exposition (dose de produit) et le danger évalué (selon sa solubilité, le lessivage, le type de sol, l’absorption organique). L’indicateur (ISAC’eau) concerne 22 matières actives, la plupart de grandes cultures et n’est pas coercitif. Vraiment, cela me paraît du beau boulot, tellement mieux que des dogmes sans fondement scientifique ou des règlements imposés par le politique.

Jadis, l’agriculture devait gérer 3 paramètres : le travail, l’accès à la terre et la météo. Au XXe siècle se sont ajoutés : la sélection, la fertilisation, la protection et la mécanisation. La révolution agricole a réussi son objectif : les gens ont à manger à volonté pour pas cher. Au XXIe siècle, il faut encore ajouter les réglementations, l’informatisation, la communication et « last but not least », fixer du carbone (CO2 atmosphérique) pour compenser les G.E.S (gaz à effet de serre) émis principalement par les villes. Ce festival de l’agri-diversité s’est bien inscrit dans les préoccupations du moment.

JMP

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