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Suivi parasitaire en 2021: davantage de strongles gastro-intestinaux, la bronchite vermineuse plus contaminante

Le parasitisme pastoral peut varier selon les conditions climatiques et s’avérer relativement imprévisible. L’intérêt d’un suivi régulier et annuel du parasitisme a tout son sens pour en assurer la gestion intégrée et raisonner l’utilisation des antiparasitaires.

Temps de lecture : 4 min

Les résultats sur le parasitisme bovin pour la saison 2021 en Wallonie, issus des analyses et observations au laboratoire de parasitologie de l’Arsia, ont été synthétisées. En voici les résultats.

Une charge en vers gastro-intestinaux plus forte

Les strongles gastro-intestinaux sont des vers ronds, de la famille des nématodes. L’analyse de l’évolution des excrétions par le bovin infesté, en fonction de la période (juillet-août et septembre-octobre), révèle une augmentation des troupeaux fortement excréteurs au cours du temps. Cette évolution semble plus importante en automne 2021 qu’en automne 2020 : l’été dernier, particulièrement humide, a favorisé la survie des larves de vers dans les pâtures ainsi que leur dissémination par lessivage des bouses.

Il existe de nombreuses espèces de vers gastro-intestinaux, mais le plus pathogène et le plus présent est Ostertagia Ostertagi, responsable de l’ostertagiose. La quasi-totalité des bovins au pâturage sont en contact avec ce parasite, lequel prend ses quartiers dans la caillette. Le dosage sanguin du pepsinogène est le reflet des lésions qu’il y induit. Son intérêt est d’évaluer la charge parasitaire de la caillette ainsi que les dégâts occasionnés et le risque lors de la levée d’hypobiose, sorte d’hibernation intra-hôte sous forme larvaire.

Malgré quelques contraintes de prélèvement (période et âge des bovins) et une certaine complexité de son interprétation, il s’agit de la pierre angulaire de la lutte antiparasitaire : elle permettra de contrôler l’intensité du contact hôte-parasite, d’évaluer l’établissement de l’immunité et la nécessité éventuelle d’un traitement à la rentrée. Il s’agit donc de l’analyse incontournable pour définir le plan parasitaire de l’année suivante.

Comparativement à 2020, les valeurs moyennes du pepsinogène et donc la charge en Ostertagia sont plus importantes en 2021 qu’en 2020.

Des valeurs seuils du pepsinogène indiquent l’insuffisance ou l’excès de contact hôte-parasite : dans le 1er cas, l’immunité protectrice ne pourra se développer. L’animal restera sensible aux effets pathogènes du ver et en permettra sa multiplication. Il faudra donc revoir la conduite du troupeau pour augmenter le temps de contact effectif (diminuer la vermifugation, augmenter le temps de pâturage et/ou la charge à l’hectare).

Au-delà d’un certain seuil, la charge parasitaire est trop importante, le risque clinique est avéré. Un traitement antiparasitaire sera nécessaire dans un premier temps. La conduite devra aussi être ré-évaluée pour l’année suivante, afin de réduire le contact (vermifugation, diminution de la charge à l’hectare ou du temps de pâturage).

Du fait de la sécheresse, 2020 était évidemment moins propice au contact. Même si 2021 était plus « à risque », seul un troupeau réclamait une intervention vétérinaire et seuls 3 présentaient un défaut de contact (contre 11 en 2020).

La bronchite vermineuse plus contaminante

Appréciant particulièrement les conditions climatiques fraîches et humides, le parasite Dictyocaulus viviparus a contaminé plus de troupeaux en 2021 qu’en 2020, particulièrement en fin d’été et en automne. La dissémination des larves est facilitée par l’expulsion des sporanges du champignon Pilobolus, dont la croissance sur les bouses est amplifiée par l’humidité du milieu.

Les douves pas plus fréquentes

Étonnamment et contrairement aux prédictions épidémiologiques, la grande douve du foie n’a pas été plus fréquente qu’en 2020. Lors de sécheresse (telle que vécue en 2020), les bovins ont tendance à se regrouper près des points d’eau. Peut-être en est-ce une des raisons.

Pour une vermifugation adaptée…

Ces résultats et ces différentes comparaisons entre années montrent à quel point le parasitisme pastoral peut varier selon les conditions climatiques et s’avérer relativement imprévisible.

La vermifugation doit être adaptée au risque et appliquée au bon moment, sans quoi des conséquences sont à craindre : entrave au développement de l’immunité limitant la reproduction des vers, émergence de résistances aux antiparasitaires, persistance des bouses suite à la surmortalité des insectes coprophages sensibles aux antiparasitaires, augmentation des refus et diminution de la surface utile…

À tout cela s’ajoute le prix des médicaments, certes utiles à court terme, mais dont l’utilisation excessive favorise indirectement la pression parasitaire. C’est le serpent qui se mord la queue, tout traitement superflu est donc à proscrire…

D’après l’Arsia

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