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Les prix du lait records ne relancent pas la production laitière en Europe

En avril, la collecte s’est rétractée en Europe, malgré des prix records, qui surcompensent le plus souvent la flambée des charges.

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Dans l’UE-27, malgré des prix du lait record, la collecte laitière a de nouveau décroché en avril (-1,4 % par rapport à 2021, soit -180.000 t !).

Les livraisons ont poursuivi leur recul dans les grands pays producteurs (-1,2 % en France, -2,1 % en Allemagne, -2,5 % aux Pays-Bas). Le repli sur un an est plus important qu’au dernier trimestre 2021, car certains pays habituellement moteurs contribuent maintenant également à la baisse, à l’image de l’Espagne (-2,3 %), de l’Italie (-1 % en mars), et même de l’Irlande (-1 %). Parmi les grands pays producteurs, seule la collecte polonaise reste croissante (+1,1 %).

En Irlande, la baisse de collecte se confirme en avril

En avril, le ralentissement de la collecte s’est confirmé en Irlande (-1 %), certes en comparaison d’une année 2021 exceptionnelle, durant laquelle les livraisons s’étaient envolées au premier trimestre (+12 %) ; la croissance de la production laitière, continue ces dernières années, est donc temporairement interrompue, malgré un prix du lait à la production qui est de loin le plus élevé d’Europe (498 €/1.000 l en prix standard 37-33, 527 € en prix réel !), et un cheptel qui continue d’augmenter d’après Teagasc.

D’après les experts irlandais, la pousse « correcte » de l’herbe au premier trimestre n’est pas le principal facteur à ce léger repli, qui aurait les explications suivantes :

– d’une part, les réformes ont fortement augmenté depuis le début de l’année (+19 %). Elles seraient stimulées par la hausse des cotations viande, la flambée des charges, mais aussi par la forte incertitude économique, qui altère les velléités d’agrandissement du troupeau. D’après les experts irlandais, l’inflation des charges et du coût de la vie induirait également parfois des besoins de trésorerie urgents ;

– ensuite, les conditions météorologiques de l’an dernier auraient perturbé les inséminations artificielles, que les éleveurs irlandais essaient généralement de grouper en mai. Ce phénomène se traduirait par un décalage des lactations, et pourrait donc être compensé dans les prochains mois ;

– en outre, la flambée du coût de l’azote aurait conduit certains éleveurs à limiter les épandages, ce qui jugulerait la pousse de l’herbe. De même, même si l’élevage irlandais est peu dépendant des concentrés (en moyenne 1 tonne/vache/an), le prix de l’aliment acheté pousserait certains éleveurs à rationner leur distribution ;

– enfin, certains éleveurs irlandais sont piégés dans des contrats de vente du lait à prix fixes. Comme ils ne se sont pas couverts sur leurs achats en parallèle, ils subissent la flambée des charges, sans revalorisation du prix de leur lait, et réduisent donc leur production. Il s’agit souvent de jeunes éleveurs nouvellement installés qui se sont engagés dans ce type de contrats parce que leur banque leur demandait une visibilité et des garanties. Ils ne représentent toutefois qu’une part très faible de la collecte (autour de 2 à 3 % selon les experts).

Le prix du lait

continue de s’envoler

En avril, d’après le MMO, le prix du lait moyen pondéré dans l’UE-27 a de nouveau progressé de +6 % sur un mois, pour atteindre 460 €/t (+29 % par rapport à 2021), un nouveau record.

Selon les premières estimations, il aurait poursuivi sa progression sur le même rythme en mai (+3 % à 473 € /t). Cette envolée du prix est bien sûr liée à la flambée de la valorisation du lait transformé en beurre/poudre maigre qui s’est stabilisée à 608 €/1.000 l en mai sur le marché européen. Le prix du lait s’envole particulièrement dans les pays exportateurs de commodités. Il culmine à 462 €/t en Allemagne (+39 % par rapport à 2021), 469 €/t au Danemark (+26 %), 485 €/t aux Pays-Bas (+35 %) et 512 €/t en Irlande (+39 %).

Le prix du lait espagnol a été aussi nettement revalorisé, passant de 372€/t à 407€/t en un mois (+25 %).

D’après Tendances

Lait et Viande (Idele)

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