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La paix, levier pour l’alimentation de tous

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Dans les décennies à venir, le secteur agroalimentaire mondial sera confronté à des défis fondamentaux, en particulier le besoin de nourrir de manière durable une population qui ne cesse de croître. Il devra également parer les incidences de la crise climatique. Enfin, il devra faire face aux conséquences économiques et perturbations de l’approvisionnement alimentaire dues à la guerre en Ukraine. C’est en tout cas ce qu’indique un rapport publié fin juin par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao) et l’Organisation de coopération et de développement économiques (Ocde).

Les prix des produits agricoles ont été tirés vers le haut par une multitude de facteurs, notamment : le redressement de la demande après l’apparition de la pandémie de covid-19, les perturbations de l’offre et du commerce que celle-ci a provoquées, les mauvaises conditions météorologiques dans les principaux pays fournisseurs et la hausse des coûts de production et de transport, qui a été accentuée récemment par l’incertitude entourant les exportations agricoles de l’Ukraine et de la Russie, deux grands exportateurs de céréales. En outre, au vu de la place qu’occupe la Russie sur le marché des engrais, la situation a aggravé les préoccupations existantes quant aux prix des engrais et à la productivité à court terme.

On trouve encore, dans le rapport, une évaluation à court terme des répercussions possibles de la guerre sur les marchés agricoles et sur la sécurité alimentaire à l’échelle mondiale. On y souligne les risques majeurs qui menacent les principaux marchés des produits. En particulier, les prix d’équilibre du blé pourraient être supérieurs de 19 % aux niveaux atteints avant le conflit si l’Ukraine est entièrement dans l’incapacité d’exporter, et de 34 % si on ajoute à cela la possibilité que les exportations russes ne représentent que 50 % des volumes habituels.

« En cas de grave déficit des exportations ukrainiennes et russes en 2022-2023 et 2023-2024, et en supposant qu’il n’y ait pas d’adaptation de la production mondiale, le nombre de personnes qui souffrent de sous-alimentation chronique dans le monde augmenterait, ce qui s’ajouterait à la hausse qui a fait suite à la pandémie », alertent de concert la Fao et l’Ocde.

« Sans la paix en Ukraine, les problèmes de sécurité alimentaire auxquels le monde est confronté continueront d’empirer, en particulier pour les personnes les plus pauvres », ajoute Mathias Cormann, secrétaire général de l’Ocde. « L’arrêt immédiat de la guerre serait la meilleure solution pour les peuples russe et ukrainien et pour les nombreux ménages dans le monde qui subissent la forte hausse des prix entraînée par la guerre. »

« L’augmentation des prix des denrées alimentaires, des engrais, des aliments pour animaux et du carburant ainsi que la dégradation des conditions économiques causent des souffrances humaines partout dans le monde », a fait remarquer, pour sa part, Qu Dongyu, directeur général de la Fao. « On estime qu’en 2023, 19 millions de personnes supplémentaires pourraient être touchées par la sous-alimentation chronique si la diminution de la production alimentaire mondiale et de l’offre d’aliments de grands pays exportateurs, notamment la Russie et l’Ukraine, réduit les disponibilités alimentaires à l’échelle mondiale. »

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