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Les cours des céréales et oléagineux faiblissent en Europe et aux États-Unis

La folie haussière des matières premières agricoles, dont les prix ont battu des records avec la guerre en Ukraine, semble faiblir : les cours du blé, du soja ou encore du colza ont marqué une baisse ces derniers jours, notamment car les exportations de blé russe s’annoncent pléthoriques.

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Le ministère américain de l’Agriculture (USDA) a encore réévalué à la hausse la production de la Russie, déjà décrite comme exceptionnelle, dans son rapport mensuel publié vendredi. Elle devrait grimper à 88 millions de tonnes de blé pour cette campagne, avec 42 millions de tonnes destinées à l’export.

« Importatrice nette de blé en 2000, la Russie est désormais le premier pays exportateur », commente Arthur Portier, consultant chez Agritel. À condition, rappelle le cabinet français, que la Russie ait les capacités logistiques d’exporter. Les taxes flottantes russes, qui s’appliquent sur les produits et évoluent chaque semaine, ont aussi tendance à refroidir les importateurs.

Les exportations européennes arrivent à répondre au fort appétit mondial et gardent un rythme soutenu, avec 3,6 millions de tonnes exportées depuis début juillet, la France en tête avec 1,5 million de tonnes exportées.

Sur Euronext, le 17 août, peu avant 15H00 GMT (17H00, heure de Bruxelles), le blé tendre se vendait à 323,25 euros la tonne pour livraison en septembre, contre 340,50 à la clôture le mercredi précédent.

Malgré l’importance symbolique des corridors maritimes nouvellement ouverts en mer Noire, ouverts grâce à l’accord signé entre Russie et Ukraine le 22 juillet, la reprise du trafic en mer Noire « n’a quasiment pas d’impact sur le marché », estime Arlan Suderman, de la plateforme de courtage StoneX, qui pointe des « volumes insuffisants ».

D’après l’ONU, entre le 1er et le 15 août, 21 vraquiers ont quitté les ports d’Odessa, Tchornomorsk et Pivdenny, avec à leur bord 563.317 tonnes de matières premières agricoles, dont une majorité de maïs.

Le ministère ukrainien de l’Agriculture rapporte par ailleurs que 2,65 millions de tonnes ont été exportées depuis le 1er juin – tous moyens de transports confondus – soit 46 % de moins que l’an dernier, selon le site UkrAgroConsult.

L’USDA s’est montré plus optimiste que prévu sur le soja, relevant d’1,4 million de tonnes la production prévue grâce aux États-Unis et à la Chine.

Ajouté à des prévisions météorologiques plus clémentes dans le Midwest, les cours tous produits confondus ont lâché en fin de semaine à Chicago, relève Michael Zuzolo, président de Global Commodity Analytics and Consulting, après trois semaines de dynamique haussière.

A la Bourse de Chicago mercredi, peu avant l’ouverture, le soja s’affichait à 14,6825 dollars pour livraison en septembre. Le blé de variété SRW cotait 7,7350 dollars le boisseau et le maïs 6,1275 dollars.

Dans le sillage du soja, du pétrole et de la palme, le colza a aussi marqué un net recul sur Euronext en début de semaine. Le 17 août, autour de 15H00 GMT (17H00, heure de Bruxelles), il se vendait à 619,50 euros la tonne pour l’échéance de novembre, contre 659 euros à la clôture il y a une semaine.

Même si un sentiment de normalisation semble revenir timidement, « des éléments macroéconomiques ou extérieurs aux marchés agricoles », à l’image du ralentissement de la Chine et de l’économie mondiale, mettent les matières premières sous pression, souligne Arlan Suderman.

La demande de soja, par exemple, pourrait fléchir à cause de la Chine, premier importateur mondial et premier client des États-Unis.

Les conditions de culture continuent à se dégrader en Europe et aux États-Unis, à cause du manque d’eau et des fortes chaleurs, sans possibilité d’amélioration en cette fin de saison malgré le retour des pluies.

L’USDA a abaissé de presque 4 millions de tonnes l’estimation de production américaine, à cause de la sécheresse dans la « Corn Belt » notamment, et de 8 millions celle de l’Union européenne.

Malgré ces prévisions, le prix est descendu, toujours le 17 août, autour de 15H00 GMT (17H00, heure de Bruxelles) à 314,25 euros la tonne contre 330,50 euros à la clôture mercredi dernier.

Ces baisses de production promettent de faire gonfler la demande européenne en maïs, principalement pour nourrir les animaux. La semaine dernière, les importations européennes ont déjà atteint 3,6 millions de tonnes depuis début juillet, le double de l’an dernier sur cette période.

Belga

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