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Essais variétés en froment d’hiver: les résultats du Livre Blanc pour faire le bon choix

Dans son édition de septembre, le Livre blanc des céréales et ses équipes partenaires attirent l’attention des céréaliculteurs sur une liste de variétés recommandées sur la base des résultats observés sur la période 2017-2022. En voici les principales caractéristiques.

Temps de lecture : 7 min

Une liste des 20 variétés recommandées ayant prouvé leur bon potentiel de rendement et leur qualité au cours des 6 dernières années a été dressée par les équipes de recherches sur les céréales en Wallonie.

Ces 20 variétés sont réparties en 2 groupes :

– Le premier groupe reprend des variétés répondant aux critères de la production intégrée (P. I.). Ces variétés doivent notamment avoir démontré un bon comportement face à la rouille jaune, à la septoriose et à la verse qui sont les 3 facteurs susceptibles d’entraîner des traitements supplémentaires par rapport à un traitement unique.

–  Le second groupe, surveillance renforcée (S. R.) reprend les variétés à rendement élevé et stable sur les 3 dernières années mais nécessitant souvent une protection renforcée suite à l’une ou l’autre faiblesse.

Caractéristiques variétales

Le tableau 1 reprend, pour les variétés recommandées, les résultats moyens calculés sur la période 2017-2022. Les rendements sont exprimés en pourcent des témoins (Bergamo, Chevignon, Graham et Johnson), avec protection complète ou sans protection fongicide (Non traité).

Ce tableau présente également les poids à l’hectolitre, les rendements en paille, exprimés par rapport à la moyenne des témoins, et la précocité à la maturité.

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Prise en compte de la date de semis et du précédent cultural

Toutes les variétés n’ont pas la même aptitude à être semées à la même période de l’année. Selon la longueur de leur cycle de développement et les conditions climatiques rencontrées annuellement, les potentiels de rendement s’exprimeront différemment selon la date de semis. Cette aptitude doit être prise en compte lors du choix variétal.

De même, toutes les variétés n’expriment pas leur potentiel de la même manière selon le précédent cultural. Après une culture de chicorée, certaines variétés sont moins performantes en termes de rendement que lorsqu’elles sont implantées après une culture de betterave, de pomme de terre ou de maïs.

Le tableau 2 donne, pour les variétés recommandées, une appréciation de l’adaptation à des semis plus tardifs sur base d’un essai pluriannuel après un précédent pommes de terre et une appréciation sur l’adaptation à être semés après une culture de chicorées.

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Exemple de choix :

Les variétés Cubitus, KWS Extase, LG Keramik, LG Apollo, WPB Calgary, WPB Monfort, Gleam, Hyking, RGT Perkussio et SY Insitor semblent être mieux adaptées pour un semis normal (octobre). Tandis que Chevignon est une variété qu’il ne faut pas semer trop tôt.

D’autres variétés comme Johnson, Positiv, Crossway, KWS Keitum, KWS Sverre, LG Skyscraper, SU Ecusson et Winner s’implantent correctement avec un semis normal ou tardif.

Enfin les variétés Johnson et Winner expriment bien leur potentiel de rendement sur un précédent « chicorée ».

Qualité des variétés

Le tableau 3 synthétise les différentes informations concernant la qualité des variétés recommandées : indice de sédimentation de Zélény (ml), teneur en protéines (% de la matière sèche), rapport Zélény/Protéines, temps de chute de Hagberg (s) et classification à l’aptitude de panification des variétés.

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Comportement vis-à-vis des maladies, de la verse et de la cécidomyie orange

Le tableau 4 synthétise, pour la liste des variétés recommandées, les cotations de tolérance variétale aux maladies, de résistance à la verse et de résistance à la cécidomyie orange. Pour les maladies, la cotation est exprimée sur une échelle de 1 à 9, une cote de 9 correspondant à la tolérance la plus élevée.

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Ce classement des variétés est basé sur les observations réalisées dans les essais ces dernières années, il ne peut malheureusement pas prévoir l’évolution de la sensibilité de certaines variétés vis-à-vis de l’une ou l’autre maladie cryptogamique. De même, les conditions culturales ou la pression parasitaire peuvent aussi, dans certaines parcelles, modifier le comportement d’une variété, parfois à son avantage mais plus souvent en sa défaveur.

Les clés pour un choix judicieux des variétés

Le choix variétal est une étape clé qui engage l’agriculteur dans un itinéraire cultural. De ce choix dépendront les interventions, en particulier la protection phytosanitaire, qui seront nécessaires durant la saison culturale et qui viendront se grever au prix de revient de la culture.

Le choix des variétés à emblaver ne doit pas seulement avoir pour but de produire plus mais aussi et surtout, d’assurer un meilleur revenu aux agriculteurs. Au rendement agronomique, il faut toujours préférer le rendement économique. Le choix résultera donc d’un compromis entre plusieurs objectifs : assurer le rendement, limiter les risques et assurer les débouchés. La gamme de variétés disponibles est très large, elle donne ainsi la possibilité de réaliser un choix variétal approprié à chaque exploitation, et même mieux, à chaque parcelle.

Un potentiel confirmé sur la ferme et des nouveautés déjà éprouvées

Si les résultats et recommandations du Livre Blanc sont une source d’information pour le choix variétal, il n’en reste pas moins vrai que le choix doit d’abord être guidé vers des variétés qui ont déjà confirmé leur potentiel sur la ferme, c’est-à-dire des variétés bien connues de l’agriculteur et appropriées à ses pratiques culturales. Plus de la moitié de l’emblavement en froment devrait être réservé à ces variétés. Le reste de la surface pourra être occupé par des variétés qui, dans les essais, pendant au moins deux saisons culturales, se sont distinguées par leur niveau de rendement, leur valeur technologique et pour les facteurs de sécurité de rendement (résistance à la verse, tolérance aux maladies).

Dans le cas de parcelles bien « typées »

Dans le cas de parcelles bien « typées », le choix variétal ne devrait retenir que des variétés qui valorisent cette particularité ou devrait écarter les variétés qui risquent d’y être pénalisées. Par exemple, après un précédent riche, la préférence devra être donnée uniquement à des variétés résistantes à la verse ; de même, en non labour après un précédent maïs grain ou ensilage, les variétés résistantes aux maladies des épis devraient être préférées et obligatoirement retenues s’il s’agit de variétés à destination boulangère ou énergétique.

Enfin, les nouvelles variétés peuvent entrer dans la gamme des variétés choisies mais sur des surfaces limitées et d’autant plus réduites que le nombre d’observations réalisées en essais en Belgique est faible.

Assurer le rendement

Pour assurer le rendement, il faut tenir compte :

du potentiel de rendement, certainement le premier critère à prendre en considération, en donnant la priorité aux variétés ayant confirmé ce potentiel au cours de deux années d’expérimentation au moins ;

de la sécurité du rendement : retenir des variétés qui ont fait leurs preuves dans nos conditions culturales, notamment dans un ensemble d’essais ;

des particularités des variétés qui leur permettent d’être mieux adaptées à l’une ou l’autre caractéristique des terres où elles vont être semées. Il s’agit de la résistance à l’hiver (importante pour le Condroz), de la résistance à la verse (dans des terres à libération élevée d’azote du sol), de la précocité (indispensable pour des sols à faible rétention d’eau) ;

de la répartition des risques, en semant plus d’une variété sur l’exploitation et en veillant à couvrir la gamme de précocité.

Limiter les risques

La panoplie des variétés à disposition de l’agriculteur permet de choisir, parmi des variétés de potentiel de rendement équivalent, celles dont les résistances aux maladies, à la verse et à certains ravageurs sont supérieures. Ces critères de choix sont particulièrement importants dans une optique de gestion durable et raisonnée des cultures et offrent la possibilité de réduire le coût de la protection phytosanitaire en fonction des observations réalisée au cours de la période de végétation.

Au rendement agronomique, il faut toujours préférer le rendement économique. Le choix résultera donc d’un compromis entre plusieurs objectifs : assurer le rendement, limiter les risques et assurer les débouchés. D.J.
Au rendement agronomique, il faut toujours préférer le rendement économique. Le choix résultera donc d’un compromis entre plusieurs objectifs : assurer le rendement, limiter les risques et assurer les débouchés. D.J. - D.J.

Assurer les débouchés

Il ne faut pas perdre de vue qu’il faut maintenir une qualité suffisante des lots commercialisés.

Il existe en Belgique des débouchés importants pour le blé de qualité suffisante (meunerie, amidonnerie) pour lesquels il est intéressant de réserver des variétés présentant un bon compromis entre la qualité et le potentiel de rendement. De plus, pour ces débouchés spécifiques, il est également important d’avoir une valorisation de sa culture avant son implantation afin de savoir la valoriser à son juste prix.

D’après le Livre Blanc

Septembre 2022

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