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Une relance de la libération de l’azote trop tardive?

Lorsqu’il fallut préparer les terres au printemps, nous avions dû composer avec des structures des sols matraquées par les précipitations élevées en 2021. Les cultures implantées en avril et mai s’en ressentent encore maintenant. L’enracinement est moins performant dans les sols aux moins bonnes structures ; elles ont souffert davantage du déficit hydrique estival ?

Temps de lecture : 6 min

L a période chaude arrivée très tôt en saison a influencé les périodes clé de développement des bioagresseurs et des auxiliaires. La chaleur a plutôt été favorable aux auxiliaires, avec des nuances importantes notamment en chenilles sur crucifères.

Le manque d’humidité dans le sol a ralenti très fortement la minéralisation des matières organiques et la libération des éléments minéraux. Attendons-nous à une relance de la libération d’azote tard en saison, trop tard souvent.

Les pluies de la dernière quinzaine sont encore faibles en général, à l’exception de zones touchées par des orages locaux.

La fertilisation

Les légumes d’automne de plein air peuvent montrer des signes de manques d’azote ou de soufre avec les pâlissements caractéristiques du feuillage. Nous le constatons notamment en poireaux et en choux. Avant toute décision d’un complément de fertilisation, faisons le point du bilan des apports et des exportations. Il est très possible que la minéralisation ait été fortement ralentie en été. Il arrivera bien un moment où il pleuvra et où elle reprendra en libérant les minéraux dans la solution du sol. Avec des apports non calculés, nous risquerions de nous retrouver avec des excès. C’est surtout important pour l’azote. Selon les circonstances, nous referons le calcul du bilan ou nous ferons une analyse du profil du sol.

En principe, les apports complémentaires se calent 3 à 5 semaines après plantation en choux brocolis et choux-fleurs, 5 à 8 semaines après plantation choux pommés, choux de Bruxelles, céleris verts et dorés et 6 à 8 semaines après plantation en poireaux et céleris-raves. Tout est chamboulé cette année. Les compléments pourraient se calculer d’après les analyses, mais c’est bien compliqué dans les petites fermes maraîchères diversifiées. Nous devrons souvent réduire les apports prévus en poireaux, choux et céleris-raves, sachant que le rendement potentiel sera souvent revu à la baisse.

Les parcelles de racines de chicon, comme toutes les cultures, expriment fortement le manque d’eau. Le feuillage fane l’après-midi, les feuilles anciennes sont entrées en sénescence.

La situation est encore plus marquée sur les parcelles atteintes de pucerons des racines. Pour ces parcelles, notre attention sera portée sur les risques de minéralisation tardive de l’azote du sol avec ses conséquences sanitaires sur le feuillage, les collets et les racines.

La fourniture d’azote à la culture est un élément-clé de la réussite. C’est la minéralisation des matières organiques du sol qui apporte l’essentiel de ce qui sera consommé par la plante. Or, la minéralisation dépend de l’état de fertilité du sol et des conditions météo qui influencent cette minéralisation. Les précipitations trop faibles depuis plusieurs mois ont défavorisé une croissance soutenue et ont induit des arrêts de développement. C’est plutôt défavorable pour les anciennes variétés et plus encore pour les variétés récentes à plus fort potentiel.

La minéralisation tardive attendue dans les prochains jours pourrait favoriser les maladies bactériennes du collet (Pectobacterium carotovora entre autres). Il faudra donc bien vérifier l’état de maturité de chaque parcelle indépendamment du planning prévu initialement d’après les dates de semis.

Notons qu’il peut être intéressant de faire analyser, peu après la récolte des racines, le profil à 90 cm du sol pour vérifier que le reliquat après culture est inférieur à 30 U. C’est un bon contrôle a posteriori de la conduite de la culture et du pilotage de la fertilisation en fonction de la richesse du sol et du type de variété concernée (sensible, tolérant ou préférant en besoin azoté). Attendons-nous à des surprises cette année.

Les foyers de Sclérotinia sclerotiorum évoqués dans le SB du 5 mai se sont étendus sans devenir problématiques. C’est plus une question de rotation et de gestion des attaques antérieures que de météo de l’année.
Les foyers de Sclérotinia sclerotiorum évoqués dans le SB du 5 mai se sont étendus sans devenir problématiques. C’est plus une question de rotation et de gestion des attaques antérieures que de météo de l’année.

Les maladies et ravageurs

Chaque année vient avec son lot de maladies et de ravageurs.

Les pucerons

Les populations de pucerons ont été repérées tôt cette année. Leur expansion est très variable d’une parcelle à l’autre. La douceur précoce du début d’année a aussi été favorable à la remise en activité précoce des auxiliaires ; l’été leur a été très favorable. Dans une large majorité de cas, il n’y a pas eu lieu d’intervenir, les auxiliaires ont réduit rapidement les populations de pucerons.

Restons quand même très attentifs sur des cultures de laitues d’automne. Les pucerons sont présents et les températures annoncées pour les prochains jours leur sont très favorables (autour de 20ºC).

Les acariens

Les conditions météo devraient permettre un ralentissement de l’extension des acariens en plein air dans les parcelles où ils étaient présents.

Les aleurodes

Les aleurodes sont un problème dans certaines parcelles de choux et d’autres cultures. Classiquement, la météo de septembre est favorable à l’explosion des populations. Il convient de surveiller les parcelles pour repérer ces mouches blanches avant d’être envahi.

Les mildious

Il y a eu très peu de mildiou et de faux-mildiou cette année.

C’est plutôt l’oïdium qui s’est développé sur les plantes sensibles dont les Cucurbitacées.

Il y a eu très peu de mildiou et de faux-mildiou cette année.C’est plutôt l’oïdium qui s’est développé sur les plantes sensibles dont les Cucurbitacées.
Il y a eu très peu de mildiou et de faux-mildiou cette année.C’est plutôt l’oïdium qui s’est développé sur les plantes sensibles dont les Cucurbitacées.

La sclérotiniose

Les foyers de Sclérotinia sclerotiorum évoqués dans le SB du 5 mai se sont étendus sans devenir problématiques. C’est plus une question de rotation et de gestion des attaques antérieures que de météo de l’année. Le traitement du sol avec Contans est une bonne méthode préventive qui complète bien le respect de la rotation.

Nous devrons être attentifs aux parcelles de chicorées maraîchères et surtout aux parcelles de racines de chicon. La minéralisation tardive d’azote et des sols qui n’ont pas été refermés par les pluies sont des facteurs très favorables à l’expression de cette maladie si elle est présente dans la parcelle.

En choux

Les dégâts de pigeons et de la mouche du chou évoqués en mai se sont confirmés en juin.

Les attaques de chenilles ont été diverses et plutôt nombreuses. Actuellement encore, la surveillance des parcelles est requise plusieurs fois par semaine. Les chenilles sont présentes notamment celles de la noctuelle gamma et de la teigne des crucifères qui semblent devenir plus abondantes depuis quelques semaines et les piérides qui ne nous ont pas lâchés cette année.

Les chenilles sont présentes notamment celles de la noctuelle gamma et de la teigne des crucifères qui semblent devenir plus abondantes depuis quelques semaines et les piérides qui ne nous ont pas lâché cette année.
Les chenilles sont présentes notamment celles de la noctuelle gamma et de la teigne des crucifères qui semblent devenir plus abondantes depuis quelques semaines et les piérides qui ne nous ont pas lâché cette année.

En poireaux

La baisse des températures est un signal fort pour la reprise des vols de la mouche mineuse Phytomyza gymnostoma. Nous devons rester vigilant tant la situation est contrastée selon les régions.

Les thrips ne sont pas encore fort présents, la vigilance est requise pour les poireaux. Observons de près toutes nos parcelles.

Les maladies à contamination aérienne

Nous constatons relativement peu de maladies foliaires, à l’exception des oïdiums. C’est en relation avec la très longue période sèche depuis la fin du printemps.

La rouille et l’alternariose ne sont pas encore fort présentes dans les parcelles de poireaux ou seulement sous la forme de quelques taches.

La mouche du chicon

et les pucerons des racines

La présence de la mouche du chicon est extrêmement variable d’une parcelle à l’autre. Elle est à surveiller, sans plus.

Les pucerons des racines sont beaucoup plus dommageables en période sèche. Les parcelles proches de populations de peupliers sont à surveiller de plus près encore. En principe, nous les observons par piégeage ou en observant les populations sur les racines elles-mêmes. Cette année, notre attention est attirée par l’état de fanaison alarmant du feuillage.

En céleris

Alors que les signes d’attaques de la septoriose sont souvent manifestes à partir de la mi-août, nos parcelles ont été épargnées cette année, jusqu’à présent. C’est appréciable pour tous et en particulier en maraîchage bio, où les moyens de lutte sont limités.

F.

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