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Préserver la qualité des semences : essentiel aussi pour le portefeuille !

La préservation de la qualité du matériel semencier : d’autant plus indispensable quand on est un maraîcher multi-espèces. L’enjeu n’est pas seulement technique mais aussi économique.

Temps de lecture : 5 min

La qualité des semences est garantie par le semencier au moment de leur fourniture. Chaque lot a ses caractéristiques propres. Un lot est constitué de semences de la même variété, de la même provenance et de la même casse calibraire.

Pour le maraîcher multi-espèces, cela requiert une gestion des stocks de semences, des emballages ouverts et non entièrement utilisés lors de la première année, des emballages achetés et non ouverts la première année, notamment.

Pour chaque espèce, le maraîcher utilise plus d’une variété. Le nombre d’emballages et la probabilité de rester avec des emballages ouverts et non vidés s’envolent don rapidement. L’emploi de semoirs nécessite de disposer de réserves pour le bon fonctionnement des organes de prélèvement avant distribution, et donc des restes de lots semences.

La question du maintien de la qualité des semences est loin d’être anodin dans une ferme maraîchère, d’un point de vue technique et d’un point de vue économique.

Les conditions d’humidité environnante des emballages ouverts sont risquées quant à l’incorporation d’humidité à l’intérieur des emballages, en plein air comme sous abris. Nous devons diminuer autant que possible le temps de séjour des emballages ouverts et non vidés dans de telles conditions afin de limiter les risques de prise d’humidité par les graines.

La qualité d’origine

Les semenciers garantissent la pureté et la qualité de leur marchandise.

Si légalement la pureté de l’espèce est généralement d’au moins 98 %, dans la pratique, le taux est nettement supérieur et se situe plutôt entre 99,9 % et 100 %. La pureté variétale est aussi très élevée, avec des nuances selon les espèces et leur mode de production des semences.

La faculté germinative doit être d’au moins 65 à 80 % selon les espèces. Nous pouvons constater des variations d’une année de production des semences à l’autre, mais nous sommes le plus souvent bien au-delà de 85 % et même proche des 95 % pour de nombreuses espèces. Le test doit être fait après la levée de dormance, mais c’est très généralement le cas pour les lots arrivés en fermes.

Les maisons de sélections sont toutes équipées de moyens de détermination de faculté germinative en laboratoire.

Au champ, chez le maraîcher, les conditions ne sont pas du tout standardisées. La température, l’humidité, la lumière pendant la germination, les micro-organismes parasites ou saprophytes influencent la germination proprement dite et la survie des semences en germination.

Faculté germinative : l’oignon bien plus fragile que la tomate

Les sachets d’emballage des semences sont le plus souvent conçus en multicouches. Ils sont étanches à l’humidité. Seule la température intervient comme facteur de conservation. Les semences sont vivantes, leur rythme d’activité est ralenti. Dès que l’emballage est ouvert, l’humidité de l’ambiance extérieure peut imprégner l’atmosphère dans l’emballage. Un équilibre s’installe entre l’humidité de l’air et la teneur en eau des semences.

La perte de vigueur germinative est plus rapide que la perte de la faculté germinative. Elle est due à diverses détériorations cellulaires et altérations du métabolisme. Un lot peut encore avoir une bonne faculté germinative et une vigueur germinative affaiblie. Dans ce cas, le lot sera capable de germer et de lever, mais les plantules tarderont à s’épanouir dans un premier temps, avant de s’affranchir définitivement des réserves de la graine et de se développer enfin.

Pour des lots anciens, le maraîcher peut faire tester la faculté germinative en laboratoire. Il peut aussi tenter de se faire lui-même une idée en testant lui-même. Il faut d’abord prélever un échantillon représentatif du lot. Nous comptons 100 graines. Ensuite, le test de germination se fait souvent à 20ºC, sur papier-filtre humide. On observe les germes avant de compter, pour écarter les malformations évidentes des radicules ou des cotylédons. Ce n’est pas rare en oignons ou poireaux, pour différentes raisons liées à la forme des graines et aux manipulations lors du battage.

Certaines espèces perdent plus rapidement que d’autres leur faculté germinative. Les semences d’oignons, panais, scorsonères, par exemple, ne sont utilisables que 2 ans maximum. Cerfeuil, poireaux, persil, peuvent être conservés jusque 3 ans.

La carotte, la plupart des choux, les courges, les épinards, haricots, laitues, navets, tomates, piments, aubergines, peuvent se conserver jusque 5 ans maximum.

La betterave potagère, les céleris, les chicorées, la mâche peuvent se conserver un peu plus longtemps.

La conservation : au frais et au sec !

Les semences bien sèches se conservent le mieux à température basse.

En présence d’humidité, les semences réveillent leur métabolisme avec très rapidement une altération de la faculté germinative. De plus, des microorganismes pourraient se développer en surface de graines. Et cela se produit bien plus souvent qu’on ne le pense, en paquets de semences ouverts. Les moisissures se développent déjà sur les graines si le taux d’humidité atteint 75 % à 20ºC, et même à 71 % d’humidité relative pour certaines d’entre elles (Aspergillus spp.)

Le lot sera placé dans un endroit frais et très sec. Après quelques heures, il sera emballé dans un sac plastique hermétique à l’humidité. Il sera ensuite entreposé dans un local frais et aux faibles variations de température. Pour la plupart des espèces maraîchères, un stockage à 7ºC et 30 à 50 % d’humidité permet de conserver la faculté germinative de nombreux mois.

Un ancien coffre de frigo ou de congélateur convient bien pour stocker les graines et limiter les variations de température. Il sera placé dans un endroit frais, mais surtout sec de la ferme.

Les semences enrobées permettent un semis de précision avec une large gamme de semoirs et une facilité de réglage. Bien que la maîtrise de l’opération d’enrobage par le semencier se soit nettement améliorée, nous devons rester particulièrement vigilants dans la gestion des stocks pour éviter des conservations de lots en longues durées.

F.

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