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Pensez à assurer

la protection des espèces sensibles !

Lors de l’achat et à la plantation des végétaux, il faut tenir compte de la rusticité, à savoir l’aptitude à résister (ou non) aux conditions climatiques défavorables, essentiellement les rigueurs de l’hiver. Bien que les plantes s’acclimatent et acquièrent une résistance naturelle, la prévention reste un facteur essentiel lors de l’installation du jardin.

Temps de lecture : 8 min

La prévention permet de réduire les dangers associés à l’hiver tout en diminuant les exigences en protections hivernales. Effectuer un choix avisé quant à la rusticité des végétaux et garantir la résistance naturelle des plantes par de simples pratiques culturales.

Le jardin offre des lieux où les plantes sont mieux protégées, moins exposées. En fonction de ces emplacements, il est fondamental d’orienter les choix des essences pour limiter les risques de destruction par le froid et diminuer le travail de protection des végétaux. Ce sont des microclimats observables : accumulation de la neige, emplacements où la gelée persiste, secteurs exposés au soleil ou à l’ombre, présence (ou non) de vents dominants (vents du Nord)…

Les végétaux devant passer les saisons froides se préparent, notamment, par le phénomène d’aoûtement. Ceci est vrai pour les végétaux ligneux conservant leur partie aérienne.

Préparer le passage à la saison froide

Pour aider à cette étape cruciale, réduire ou même interrompre la fertilisation à partir de fin juillet, éviter le démarrage de nouveaux tissus qui n’arriveraient pas à s’endurcir suffisamment pour résister au froid. Les tailles d’été doivent être bien pensées, elles peuvent également provoquer le développement de jeunes pousses vulnérables.

L’arrosage est aussi un agissement à contrôler durant l’automne. Un excès ou un manque d’eau peut avoir des conséquences sur le durcissement des plantes. Un apport en eau trop important remplace l’air présent dans le sol et provoque un phénomène d’anaérobie asphyxiant les racines. Un sol trop mouillé entraîne également des ennuis lorsque la gelée s’installe de manière brutale.

Les conifères et les plantes à feuillage persistant (ils continuent d’être actifs durant toute la saison froide, à un rythme plus lent) réclament un arrosage correct pendant l’automne, surtout si la saison est chaude et sèche pour former une réserve d’eau nécessaire pendant l’hiver.

Avant d’installer des protections à l’automne, s’assurer que l’aoûtement est terminé. On le reconnaîtra aux signes suivants :

– les bourgeons des plantes ligneuses sont bien formés et visibles à la perte des feuilles ;

– les conifères présentent un léger changement de coloration ;

– les plantes à feuillage persistant montrent un changement de couleur lié aux périodes de froid, s’accompagnant (occasionnellement) d’un enroulement des feuilles sur elles-mêmes.

Placer les protections

L’induration réclamant un peu plus de temps chez les conifères et les plantes à feuillage persistant, la protection hivernale sera installée plus tardivement.

Il est préférable de placer les protections un peu plus tard que trop tôt. Établies trop tôt, cela risque l’augmentation de la température, l’apparition de moisissures… Il est conseillé d’attendre l’annonce de l’installation définitive du froid.

D’autres végétaux, autres que ligneux, réclament une protection hivernale : les légumes d’hiver laissés en place, les plantes vivaces, les plantes bulbeuses à floraison printanière (dans les genres, espèces ou cultivars plus fragiles)…

L’automne est caractérisé par les travaux de mise en ordre du jardin. Au Québec, l’expression très parlante « fermeture du jardin » est employée.

Cela se traduit par :

– l’arrachage et l’entreposage des bulbes et des tubercules à conserver (Gladiolus, Dahlia, Canna, Begonia tubéreux…) ;

– l’arrachage des plantes annuelles brûlées par le gel ;

– le ramassage des feuilles mortes ;

– une dernière tonte de pelouse ;

– le rabattage des plantes vivaces dont les parties aériennes meurent à l’automne ;

– les tailles d’entretien (fleurs passées des rosiers…) ou d’hiver (plantes à floraison estivale…) ;

– la mise en place des protections hivernales.

Les plantes semi-rustiques (-5 ºC) et les gélives telles que les plantes exotiques doivent être protégées. La protection doit être adaptée à la région, au climat et au végétal (ou partie du végétal).

Certaines plantes dites rustiques (-10 ºC à -15 ºC) risquent également de souffrir si elles sont placées dans des conditions venteuses ou si l’hiver est spécialement rigoureux.

Les jeunes plantations sont plus fragiles les premières années et doivent être protégées. De même pour les points de greffe (les rosiers).

Diverses méthodes de protection

Toute une série de méthodes de protection existe. Le choix se fera notamment selon l’espèce à protéger.

Le buttage à l’aide de paille, de feuilles mortes, de terreau ou de terre protège les rosiers nains, les légumes d’hiver restés en place, les plantes vivaces les plus délicates (souvent les souches), certains bulbes fragiles laissés en place (Gladiolus, Eremurus). La hauteur de la butte sera proportionnelle à la plante.

Les pots en terre cuite peuvent être utilisés ; les déposer à l’envers sur les plantes vivaces en les remplissant de paille ou de feuilles mortes.

Un voile ou une bâche en plastique transparente tendue protège plusieurs végétaux ou des semis. Dans le cas d’une bâche en plastique, une ouverture doit être prévue pour l’aération. Éviter de poser la protection directement sur les végétaux. Un tunnel en plastique est également utile pour de jeunes semis (au potager).

L’emploi du plastique à bulles protège les troncs des jeunes arbres, des arbustes et des rosiers tiges, des grandes plantes plus exotiques (palmier, bananier…).

Pour la tête des jeunes arbres ou arbustes, utiliser un plastique ou un voile d’hivernage recouvrant le feuillage. Remplir le sac de feuilles mortes ou de paille augmente la protection.

Pour les plantes en bac ou jardinière, entourer de polystyrène pour protéger les racines.

Sur le sol, récupérer les feuilles mortes pour en faire une couverture (paillis).

L’utilisation de branches de pin comme paillis favorise l’accumulation de neige sur les plantes, tout en leur permettant de respirer.

Sans oublier la neige elle-même qui constitue une excellente isolation.

Quelques recommandations

Protéger les essences risquant d’être abîmées par des opérations telles que le déneigement, les chutes de glaçons près des bâtiments ou encore le sablage ou le salage des routes verglacées. Pour ce dernier cas, il est utile d’apposer un écran (clôture) qui protégera la verdure des haies persistantes (conifères) lorsqu’elle se trouve exposée le long d’une route ou d’un trottoir.

Le ligotage (ficelage) des arbustes (y compris résineux longilignes dont les branches auraient tendance à s’écarter) propose une bonne opposition au poids de la neige. Serrer les cordes sans fagoter le végétal, estimer les risques de cassures des branches et utiliser des cordages n’usant pas et ne raclant pas les bois. Attendre que les feuilles soient tombées (dans le cas des végétaux à feuillage caduc). Ligoter les arbustes à feuillage persistant que l’on veut entourer d’une toile de protection.

Les jardineries proposent une gamme de produits destinés à la protection végétale. Des accessoires en frigolite (polystyrène expansé) ou d’autres matériaux synthétiques, en passant par les plastiques à bulles. Effectuer le bon choix, toujours en fonction des végétaux (ou partie des végétaux) à isoler.

Attention, les emballages plastiques (sachets de commerce ou sachets poubelle) ne sont certainement pas les meilleures options pour la protection hivernale.

Quelques exemples de protection

Voici quelques exemples de protection par des toiles ou plastiques.

Les géotextiles

Ce sont des produits tissés, non tissés, ou « tricotés », perméables, fabriqués à base de polymère. Ces toiles s’adaptent à presque toutes les situations. Elles fournissent une isolation thermique et s’utilisent pour la protection contre les vents desséchants, voire les projections salines provenant des voies de circulation. Elles agissent aussi comme tampons lors des baisses de températures hivernales brutales.

Les toiles de mousse de polyuréthane

Certaines toiles se montrent particulièrement utiles pour protéger les rosiers et autres plantes fragiles. Il s’agit de toiles matelassées, constituées d’une épaisseur de 5 mm de mousse de polyuréthane (polyfoam) recouverte de chaque côté d’un plastique blanc opaque. Ces toiles imperméables offrent une très bonne isolation thermique. Il existe une version plastifiée d’un seul côté permettant la protection de certains arbustes à feuillage persistant (les houx, les buis, les rhododendrons…).

Le côté plastifié se place vers le haut, il donne moins de prise à la neige et à la glace.

Les voiles d’hivernage

Ils sont vendus dans les rayons des jardineries et sont à base de polypropylène souple. Ils possèdent une structure aérée laissant passer l’eau ; ce qui offre l’avantage de laisser passer l’humidité et l’air. Ce qui n’est pas le cas lors de l’utilisation de bâches en plastique : la condensation se forme à l’intérieur et le risque de pourriture est grand. Il est possible de placer en contact le voile avec les branches de la plante surtout quand le feuillage n’est pas persistant.

Il est aussi concevable d’utiliser les plastiques à bulles (plastiques entourant les électroménagers).

Enlever la protection

Il est conseillé de la retirer (paillis, toile, pot…) dès que la nature émet des signes de reprise ou lorsque le redoux se manifeste. Une observation s’impose ainsi qu’un certain intérêt pour la météo.

Retirer trop tardivement les protections occasionne une surchauffe, l’apparition de moisissures (de maladies) provoquées par un excès d’humidité, un blanchissement des organes verts non exposés à la lumière et l’installation de petits animaux, insectes au sein même des parties protégées.

Attention, prendre des précautions si le terrain est encore fortement gorgé d’eau en évitant un piétinement important qui provoquerait un compactage néfaste.

Guy Van Michel dit Valet

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