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Les faits marquants d’une nouvelle saison atypique, à travers les essais du Carah

Le Carah – Centre pour l’agronomie et l’agro-industrie de la province de Hainaut – organisait, le jeudi 22 juin dernier, la visite de champs d’essais mis en place à Ath sur le thème du renouvellement variétal et de la protection des orges et froments contre les maladies. L’occasion pour Olivier Mahieu, responsable des expérimentations, d’évoquer aussi les particularités d’une saison culturale, tout sauf ordinaire.

Temps de lecture : 6 min

Parmi les thèmes explorés chaque année par la Carah en province de Hainaut, l’évolution variétale figure toujours en bonne place. Il est vrai que la sélection en orge et en froment d’hiver met au jour chaque année des innovations et qu’il est utile de suivre également au fil des ans l’évolution du comportement des variétés déjà connues.

En escourgeon, des variétés…

Pas moins de 24 variétés d’escourgeon sont testées cette année à Ath, parmi lesquelles trois nouveautés : la lignée Funki et les hybrides Hook et Jettoo. L’erssai a été semé le 29 septembre à la densité de 275 grains/m² (les hybrides, à 200 grains/m²). La levée a été très bonne. Le désherbage a été effectué avant l’hiver avec un programme Herold 0,6 l/ha + IP 1 l/ha +AZ 0,125 l/ha; un complément a été apporté au printemps avec Starane Forte 0,3 l/ha + Allié 20 g/ha.

« La culture a connu un hiver plus rigoureux qu’en 2015-2016 mais sans trop de stress. L’Argento s’est montré efficace contre les pucerons. Deux variétés testées depuis 2 ans dans les essais confirment leur résistance à la jaunisse nanisante : Domino et Rafaela. L’azote a été appliqué à la dose totale de 163 N/ha en 3 applications, tandis que deux régulateurs ont été appliqués », commente Olivier Mahieu.

Et l’expérimentateur de poursuivre sur la situation sanitaire : « Nous avons surtout observé de la rouille naine. La rhynchosporiose et l’helminthosporiose sont restées plus discrètes bien que cette dernière se soit réactivée en juin. Mais c’est surtout la ramulariose et les grillures qui ont une nouvelle fois eu raison des variétés non traitées. »

Dans les parcelles protégées (hors témoins), le Carah a opté pour un double traitement actif contre l’ensemble de ces maladies à base de Fandango 0,8 l/ha, le 5 avril au stade 1-2 nœuds, suivi du mélange 1 l/ha Aviator + 1 l/ha de Bravo le 29 avril au stade dernière feuille. « La combinaison SDHI + triazole + Bravo, préconisée ce printemps, a bien protégé le feuillage contre les maladies et grillures », observe Olivier Mahieu.

… et des fongicides

Deux essais consacrés à la lutte contre les maladies cryptogamiques ont été mis en place, cette saison. À Ath, la variété testée est KWS Tonic sensible à la rouille naine à la ramulariose et aux grillures, secondairement à l’helminthosporiose et à la rhynchosporiose. À Molembaix, les essais ont été menés sur la variété Verity.

De nombreux programmes fongicides ont été mis en comparaison avec des applications le 30 mars au stade 1-2 nœuds et le 21 avril à la dernière feuille. Par ailleurs, trois nouveautés ont été expérimentées : Elatus Era : 75 g/l benzovindiflupyr + 150 g/l prothioconazole (Solatenol) ; Perseo : Azoxi + chlorothalonyl ; Zaindu : epoxistrobine 200 + azoxistrobine 100.

« À Ath, on a observé un peu d’helminthosporiose, mais surtout de la rouille, des grillures et de la ramulariose. Sur la base des cotations réalisées les 7 et 15 juin, en traitement unique à la dernière feuille, ressortaient positivement les traitements à base de Fandango + Bravo, Adexar + Bravo, Ceriax + Bravo et Aviator XPro + Bravo.» En combinaisons, de nombreux programmes ont été testés qu’il serait trop long de détailler ici et qui de toute manière ne livreront leur verdict final qu’à l’issue de la moisson.

Et les froments ?

Après les orges d’hiver, Olivier Mahieu brossa un rapide tableau des faits saillants qui ont marqué jusqu’ici les cultures de froment en province de Hainaut, à savoir : des semis rendus parfois difficiles à cause de la sécheresse et un déficit hydrique automnal qui s’est poursuivi durant tout le printemps avec des problèmes de stress et d’assimilation des engrais.

À ce stade de la saison, s’il est difficile d’en évaluer l’impact sur le rendement dans les terrains limoneux profonds, les effets sont déjà visibles en terres séchantes.

«Sur le plan sanitaire, les conditions climatiques ont été défavorables à la septoriose qui, même si elle est visible, n’est pas un gros problème cette année. Le temps sec durant la floraison n’a pas non plus favorisé les fusarioses qui sont quasi invisibles dans les essais.»

«Face à la rouille jaune apparue en avril, certaines variétés réputées sensibles manifestent beaucoup de symptômes alors que d’autres, contre toute attente, se montrent assez tolérantes: les races présentes en 2017 pourraient être différentes de celles observées les années antérieures. D’où l’importance de surveiller les parcelles pour lutter efficacement contre cette maladie.»

La maladie de l’année est sans conteste la rouille brune qui s’est développée lentement en mai et a littéralement explosé en juin à la faveur de la hausse des températures.

De très nombreuses variétés sous la loupe

L’essai variétal visité à Ath a été semé le 22 octobre dernier après betterave à raison de 350 grains/m². Il a reçu 195 unités d’azote en 4 apports. Pour information, dans les parcelles traitées, la protection fongicide a consisté en trois passages : Palazzo 1,6 l/ha + Bravo 1 l/ha le 5 mai au stade 2 nœuds ; Librax 1 l/ha + Bravo 1 l/ha le 23 mai à la dernière feuille ; Aviator 0,6 l/ha le 1er juin au stade 61-65.

Au total, 55 variétés sont passées au crible, dont un nombre signficatif pour la première fois ; preuve que la sélection demeure bien active. Il est impossible de les détailler ici individuellement. Les enseignements de cette expérimentation seront relayés à l’issue de la moisson, au moment de planifier les prochains semis.

Pléthore de programmes fongicides

La protection fongicide est un sujet d’étude de prédilection au Carah pour lequel des essais sont spécifiquement menés à Ath et Melles. S’y ajoutent deux essais en réseau mis en œuvre par différents centres d’expertise agronomique à travers plusieurs sites dans le pays.

« À Ath, où la septoriose domine à côté de la rouille brune, les traitements uniques laissent pas mal de septoriose en fond de végétation, et plus particulièrement les traitements uniques d’épiaison. Les doubles et triples traitements 2e nœud + épiaison et 2e nœud + épiaison + floraison maîtrisent bien les maladies. Le mélange Bravo en combinaison avec une triazole en T1 au stade 2e nœud se montre à nouveau plus performant en fond de végétation pour faire barrage à la montée de septoriose », commente l’expérimentateur.

Et celui d’avertir : « De manière générale, une mauvaise prise en compte du risque « rouille brune » avec l’application d’un produit moins performant ou à dose réduite aux stades clés (dernière feuille, épiaison, floraison) posera des soucis en matière de rémanence sur cette maladie cette année, a fortiori sur variétés sensibles. »

Propos recueillis par

M. de N.

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