Accueil Agroforesterie

De la réflexion à la plantation, réussir son projet agroforestier

Avant de commencer tout projet agroforestier, il convient de définir les objectifs que l’on souhaite atteindre mais aussi de se renseigner au maximum sur les subsides disponibles, techniques de plantation et d’entretien… afin de concrétiser aux mieux son idée. Pascal Balleux, directeur du Centre de développement agroforestier de Chimay, nous délivre de précieux conseils en la matière.

Temps de lecture : 5 min

Quel que soit le type de projet que l’on souhaite mener, qu’il soit agroforestier ou non, il convient incontestablement de se fixer des objectifs clairs et de s’y tenir. Tout porteur de projet doit donc pouvoir répondre à la question suivante : « Pourquoi vais-je créer une ou plusieurs parcelles agroforestières sur mon exploitation ? ».

Il n’existe évidemment pas de bonne ou mauvaise réponse et plusieurs objectifs sont généralement poursuivis par l’agriculteur. De son côté, Pascal Balleux en relève une importante série.

De multiples objectifs

Il pense en premier lieu aux fonctions climatiques qu’assure l’agroforesterie. En effet, un élément agroforestier contribue à réduire les effets du vent sur une distance égale à 15 à 20 fois sa hauteur. En prairie, le confort du bétail s’en trouve accru et certaines maladies – mammites, bronchites et diarrhées – seraient moins présentes. Du côté des terres cultivées, l’évapotranspiration est mieux régulée et la température augmente tandis que la verse des céréales et les lacérations des feuilles sont réduites. En verger, la chute des fruits ainsi que les chocs sont nettement minimisés. Enfin, les haies jouent un rôle de barrière phytosanitaire en filtrant le flux d’air généré par le vent.

L’agriculteur peut également se fixer des objectifs de sauvegarde du patrimoine et de la biodiversité. Ce patrimoine peut être privé (délimiter les limites entre propriétés) ou public (conservation d’arbres commémoratifs ou témoins historiques, reliques de croyances locales ou régionales…). L’amélioration du réseau écologique, et donc la préservation de la biodiversité, passe également par l’agroforesterie et la plantation de haies, d’alignements d’arbres…

Poursuivre des objectifs de protection du sol et de l’eau est également fréquent. En effet, les éléments agroforestiers constituent d’une part des barrières physiques au ruissellement de l’eau mais participent également à améliorer la structure du sol, réduisant ainsi l’érosion. Le feuillage et le branchage contribuent encore à ralentir l’écoulement de l’eau sur le sol.

Les atouts sociaux et économiques de l’agroforesterie ne doivent pas être négligés. Et Pascal Balleux de les citer : « protection et intégration des bâtiments dans le paysage, chasse au grand et au petit gibier, mise en valeur des paysages, attractivités accrues pour le voisinage et les touristes ou encore création de nouveaux débouchés et de revenus complémentaires pour l’agriculteur ». Pratiquer l’agroforesterie peut également entraîner le développement de produits dit « associés », tels que le bois raméal fragmenté issus du broyage des tailles de haies, les fruits en cas de plantation de fruitiers ou encore le miel si la plantation d’espèces mellifères est associée à l’installation d’un rucher.

Enfin, et c’est une évidence, l’agroforesterie permet la production de bois, soit noble, soit de feu (bûches, plaquettes ou pellets), soit de service (piquets et tuteurs ou dédiés aux constructions en bois). « Dans ce domaine, certains critères de qualité doivent néanmoins être respectés », alerte-t-il.

Connaître sa parcelle

Une fois les objectifs définis, la réflexion ne s’arrête pas pour autant. Aussi, l’agriculteur devra identifier les différentes contraintes auxquelles il sera confronté sur sa future parcelle agroforestière : climat, relief, drainage, végétation, largeur du matériel agricole utilisé, présence de bétail, possibles dégâts de gibier ou de rongeurs… « Ce n’est qu’ainsi qu’il déterminera les espèces les plus adaptées à sa situation et les moyens à mettre en œuvre pour les entretenir et les protéger », insiste Pascal Balleux. Ce choix d’espèces est par ailleurs à coupler avec le choix du modèle (verger, alignement d’arbres, haie, bande boisée ou bocage) le plus adapté à la parcelle, l’un n’allant pas sans l’autre.

Pour Pascal Balleux, le projet agroforestier doit être réfléchi de manière à être cohérent et subsidiable.
Pour Pascal Balleux, le projet agroforestier doit être réfléchi de manière à être cohérent et subsidiable. - J.V.

Autre étape indispensable, se renseigner sur les subventions disponibles, moyennant le respect des conditions fixées par l’Arrêté du gouvernement wallon du 26 septembre 2016. Certains subsides sont également disponibles dans le cadre des mesures agri-environnementales et climatiques.

Planter, protéger et entretenir

Pour la mise en œuvre du projet agroforestier, Pascal Balleux recommande en premier lieu de réaliser un déchaumage pour préparer le terrain – l’arbre ne s’accommodant pas facilement de l’herbe – et d’ameublir le sol. Un sous-solage peut également s’avérer utile pour éliminer la semelle de labour, sur terres cultivées, ou les effets du piétinement, en prairies pâturées.

« Les plants sélectionnés doivent être de première qualité », poursuit-il. L’agriculteur sera donc intransigeant quant à la provenance, à l’âge, à la force, à la fraîcheur, à la vitalité et à la conformation des plants qui lui sont fournis. Un paillage sera enfin appliqué au pied des jeunes arbres en vue de limiter le développement des adventices (et de l’herbe en prairie) et réduire les pertes en eau du sol.

Des dégâts pouvant être causés par des rongeurs, du gibier voire le bétail, des protections adaptées devront également être installées. Objectif : garantir un maximum de reprises aux jeunes plants. Ces protections se présentent sous plusieurs formes : manchon fendu, gaine à petites ou grandes mailles, filet extensible, laine de mouton, électrificateur…

Enfin, au fur et à mesure que s’écoulent les années, on veillera à l’entretien des arbres et haies, tout en étant cohérent avec les objectifs fixés. « Des tailles de formation et d’entretien ainsi que le recépage et le regarnissement des haies ne seront pas négligés si l’on souhaite disposer d’éléments agroforestiers utiles ! »

J.V.

A lire aussi en Agroforesterie

Voir plus d'articles