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Au verger, préparez dès aujourd’hui les plantations de novembre!

Le jardinier amateur souhaite légitimement être récompensé de ses investissements et de ses efforts en récoltant une quantité satisfaisante de fruits appartenant aux différentes espèces et variétés cultivables sous notre climat. Il espère aussi obtenir des fruits qui ont un bel aspect et un bon goût, et qui correspondent au mode d’utilisation prévu. Et enfin, il souhaite les consommer le plus longtemps possible, frais, après conservation naturelle ou transformés.

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Même si la période favorable aux plantations ne commence qu’en novembre, il n’est pas interdit d’y penser dès à présent, et de faire son choix d’espèces et de variétés en consultant la documentation et en visitant les pépinières. Ensuite, la réservation des plants chez le pépiniériste permettra de garantir leur livraison en temps voulu.

Le choix des espèces et variétés se base sur les réponses à une série de considérations. Il faudra tenir compte en premier lieu de l’espace disponible afin de définir le système de culture à adopter et le nombre d’arbres et arbustes à planter. Plus la surface à consacrer aux fruitiers est restreinte, plus petits doivent être les plants au stade adulte si une bonne diversité est souhaitée.

Ensuite, les caractéristiques du sol et du (micro)climat vont orienter le choix vers les espèces et variétés les mieux adaptées. Le respect des règles de fécondation des fleurs est une autre contrainte dont il convient de tenir compte dans les choix variétaux.

Le choix des variétés dépendra aussi du mode de production retenu ; ceci concerne essentiellement l’attitude face aux bio-agresseurs  : ne rien faire, pratiquer quelques interventions préventives ou lutter de manière plus intense.

Enfin, l’ensemble des soins d’entretien (taille, fumure, entretien du sol, éclaircissage…) assureront aux arbres et arbustes une bonne vitalité et une longévité raisonnable.

Quel est l’espace disponible ?

Sur une faible surface, il faudra obligatoirement opter pour des arbres en petites formes, greffés sur un sujet porte-greffe nanifiant : les pommiers et poiriers en fuseau demandent chacun 5 à 8 m², les cerisiers en fuseau 12 m² ; les pêchers, pruniers et cognassiers en buisson demandent au moins 10 à 12 m² chacun. Les petits fruits (groseilliers, ronces et framboisiers) et les vignes seront conduits en haie verticale. Si l’on dispose de murs bien exposés, il est possible d’y adosser des pommiers, des poiriers ou des vignes conduits en formes palissées. Ces mêmes formes géométriques peuvent aussi être plantées en contre-espalier palissées à un réseau de piquets et de fils dans un jardin de style régulier.

De manière générale, des petits arbres et arbustes ont l’avantage d’entrer en production rapidement tandis que leur longévité dépend de la qualité des soins d’entretien : elle peut dépasser une vingtaine d’années.

Des arbres à couronne volumineuse ne peuvent être envisagés que si l’on dispose d’une surface importante : des arbres haute-tige demandent chacun 100 à 200 m². Leur pleine production est tardive puisqu’il faut édifier une couronne volumineuse. Cela demande une dizaine d’années. Leur longévité est grande, parfois supérieure à une centaine d’années.

Entre les systèmes intensifs et extensifs, il existe une solution intermédiaire pour les espèces à pépins et à noyau : des arbres conduits en buisson basse-tige ou demi-tige qui occuperont chacun environ 50 m² (plantation à 7 x 7 m ou 8 x 6 m). Les noyers et les châtaigniers ont une vigueur naturelle excessive pour ces distances de plantation.

Dans un verger extensif ou semi-intensif, et parfois même dans certains vergers intensifs basse-tige, il est possible d’associer un élevage ovin à la production fruitière moyennant certaines conditions et quelques adaptations :

– opter pour un pâturage permanent ou temporaire, et éviter un surpâturage qui augmente les risques de dégâts aux arbres ;

– éviter le pâturage pendant les trois ou quatre premières années qui suivent la plantation ;

– éviter les traitements fongicides à base de cuivre (très toxique pour les moutons !) ;

– en basse-tige, enlever les ramifications sur le tronc jusqu’à un mètre de haut, et choisir des arbres de deux ans à couronne d’un an (=knipbomen) plutôt que des scions d’un an conventionnels.

L’erreur majeure à éviter est de planter à des distances trop faibles : après quelques années, le manque de lumière devient très grand, et la productivité des fruitiers s’en ressent.

Ne négliger ni le sol, ni le microclimat

Le sol de nos jardins présente rarement une texture et une structure nettement défavorables pour les fruitiers. Il a souvent bénéficié au fil du temps d’amendements qui en ont amélioré la fertilité. Une analyse du sol réalisée par la station provinciale du réseau Requasud permettra de vérifier si le pH, le taux d’humus et la richesse minérale sont optimaux, et d’indiquer les corrections à apporter.

L’humidité trop forte et un drainage naturel déficient sont des facteurs qui excluent la culture des pêches greffées sur franc et celle des cerisiers à fruits doux.

Le climat général de la région est dépendant de son altitude, tandis que le microclimat est influencé par la topographie : une bonne ventilation et un bon écoulement de l’air froid et humide réduiront le risque de gelées tardives et d’infections par les maladies cryptogamiques tandis qu’à l’inverse, en sol plan, un cloisonnement par des haies ou des murs l’aggrave.

Un manque de lumière dû à des ombres portées de bâtiments, de plantations voisines ou à une densité de plantation trop élevée est toujours défavorable.

Connaître les mécanismes de fécondation

Récolter des fruits bien développés suppose que les fleurs aient été correctement fécondées. Selon les espèces fruitières, cinq mécanismes différents sont mis en œuvre.

On distingue premièrement l’auto-fertilité. La fleur hermaphrodite assure sa propre fécondation, mais du pollen d’autres variétés présentes y contribue également. Par conséquent, un arbre isolé pourra fructifier normalement. C’est le cas chez les vignes, les griottiers, les pêchers, les petits fruits, ainsi que chez quelques variétés de prunes et de cerises douces.

Vient ensuite l’autostérilité. Les fleurs hermaphrodites de deux variétés différentes qui fleurissent en même temps se fécondent mutuellement. En conséquence, il faut obligatoirement planter deux arbres de variétés compatibles qui produisent un pollen de bonne fertilité. C’est le cas général pour les pommiers et les poiriers, ainsi que pour certains pruniers et abricotiers.

On retrouve également l’inter-stérilité. Les fleurs hermaphrodites d’une variété ne peuvent être fécondées que par le pollen d’une autre variété qui appartient à un autre groupe d’inter-stérilité et qui fleurit en même temps ; il n’y a pas nécessairement réciprocité. Il faudra donc associer plusieurs variétés appartenant à des groupes différents. C’est le cas chez les variétés traditionnelles de cerises douces.

On observe encore la monoïcité. Chez les fruits secs (châtaigniers, noisetiers, noyers), chaque plante porte des fleurs unisexuées distinctes, les unes mâles, les autres femelles. Il pourra y avoir autofécondation si les deux floraisons sont synchrones, or souvent ce n’est pas le cas. L’association de deux ou plusieurs variétés différentes est alors nécessaire.

Enfin, citons la dioïcité. En règle générale les kiwis et kiwais présentent des plants qui portent des fleurs unisexuées toutes du même sexe. On parle ici de « variétés mâles » et de « variétés femelles ». Pour obtenir la fructification sur une variété femelle, il faudra donc y associer une variété mâle qui fleurit en même temps. Heureusement, il existe quelques variétés qui portent des fleurs hermaphrodites, et qui peuvent fructifier si elles sont plantées isolément.

Les pépinières qui ont adhéré à la charte « Certifruit » disposent de tableaux indiquant les compatibilités de fécondation. Elles pourront vous aider à établir judicieusement la liste de plantation de votre nouveau verger, et à améliorer le cas échéant la fécondation d’arbres existants.

À suivre

Ir. André Sansdrap

Wépion

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