Accueil Végétaux

Pessimiste, l’Europe n’entrevoit aucune hausse de prix sur les marchés des céréales et oléagineux

Estimée à 300 millions de tonnes, la production européenne de céréales affiche une croissance de 1,5 % par rapport à la saison dernière. Cette hausse, combinée aux importants stocks résiduels, ne serait pas de bon augure pour les finances des céréaliers. De leur côté, les oléagineux affichent eux aussi leur bonne forme avec une récolte en progression de 10 %, ce qui a toutefois pour conséquence de freiner la reprise des cours internationaux.

Temps de lecture : 6 min

La Commission européenne, et plus précisément sa Direction générale de l’Agriculture, vient de publier ses dernières perspectives à court terme pour les marchés agricoles. Basées sur les dernières informations disponibles, celles-ci donnent une idée de l’évolution future des marchés européens.

Dans ce premier volet, la situation des céréales, oléagineux et protéagineux sera analysée en détail. À noter qu’une année commerciale « grandes cultures » débutant lors de la récolte, il sera fait mention de la saison 2017/2018 (couvrant la période allant de juillet 2017 à juin 2018).

2.000 millions de tonnes !

S’appuyant sur les estimations de l’International Grain Council, les experts de la Commission européenne évaluent la production mondiale de céréales à 2.000 millions de tonnes (Mt) pour 2017/2018, soit une baisse de 4 % par rapport à la saison 2016/2017. La production de blé devrait atteindre un niveau évalué à 742 Mt, en baisse de 1,6 %. La production de maïs, en chute de 5 % par rapport à 2016/2017, culminerait à 1.000 Mt. Il s’agirait toutefois de la troisième plus importante récolte de tous les temps.

Toutes céréales confondues, les experts européens constatent une certaine inconstance au niveau de la qualité des produits récoltés.

La météo à nouveau en cause

À l’échelle européenne, la production céréalière 2017/2018 est évaluée à 300 Mt, soit une hausse de 1,5 % par rapport à 2016/2017 mais reste inférieure à la moyenne des cinq dernières années (-1,6 %).

À travers tout le continent, les cultures ont été affectées par des conditions météorologiques inhabituelles. Été chaud et sec, vagues de chaleur à répétition, déficit hydrique ou, au contraire, surabondance de périodes pluvieuses n’ont toutefois pas impacté tous les pays de la même manière.

Le froment a su tirer son épingle du jeu et voit ses rendements augmenter, principalement en Belgique, France, Grande-Bretagne et Estonie. A contrario, ceux-ci accusent un sévère recul en péninsule ibérique. Résultat final : la production européenne de froment est estimée à 140 Mt. Un bond de 5 % par rapport à la saison précédente !

En matière de qualité, des inégalités sont également observées. Dans le nord de l’Europe, la teneur en protéine a été fortement impactée par de fréquentes pluies tandis que ladite teneur est particulièrement exceptionnelle en France, ce qui devrait, selon les experts, doper les exportations européennes.

Des effets contrastés, aussi en maïs !

Pour la troisième année consécutive, la production de maïs recule. Évaluée à 59 Mt, elle serait en baisse de près de 3 % par rapport à la saison écoulée et de plus de 5,2 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années.

Ici aussi, la météo a joué un rôle important. Suite à des conditions défavorables durant les phases critiques du développement du maïs, dont le remplissage du grain, les rendements hongrois et grecs sont en chute libre, respectivement -24 % et -28 %. Cependant, certains pays, dont la France (+8 %) ainsi que la Bulgarie et la Hongrie (+20 % chacun) compensent partiellement ces chutes. Preuve, une fois encore, que les effets de la météo ont été très différents d’un côté à l’autre du continent européen.

Quel impact sur les marchés ?

La saison dernière, les exportations européennes de céréales ont chuté de 25 % alors que les importations se sont montrées stables. En détail, les exportations de froment ont dégringolé de 27 % en raison d’une moindre disponibilité. Les exportations d’orge se sont écroulées de 40 %, probablement suite à un resserrement de l’offre et à une diminution de la demande chinoise. En effet, le Chine a favorisé l’utilisation de maïs dans les rations fourragères.

Durant cette même période, le prix des céréales s’est maintenu à un bas niveau en raison de l’importance de l’offre. Toutefois, une légère revalorisation des prix a été observée pour le froment (+4,8 %) et l’orge fourrager (+7 %). Le prix du maïs a, quant à lui, accusé un recul de 7,2 %.

Pour la période 2017/2018, l’Europe n’entrevoit aucune hausse des prix sur les marchés internationaux. Au contraire, ceux-ci devraient rester bas. En cause : les importants stocks résiduels – environ 500 Mt n’ont pas été écoulés à l’issue de la saison 2016/2017 – et une offre somme toute assez importante malgré une production de céréales inférieure à la moyenne.

Suite à une hausse de la demande, prédite par les experts européens, les stocks de céréales devraient décroître dans les mois à venir. En effet, un nouveau record de consommation de maïs est attendu, suite à une demande accrue en fourrages ainsi que dans l’industrie. Les stocks d’orge diminueront eux aussi tandis que du côté du blé, un accroissement est prévu malgré une hausse de la demande, principalement en alimentation humaine.

Oléagineux : stabilité

La production mondiale 2017/2018 d’oléagineux atteindrait un niveau élevé. Estimée à 550 Mt – dont 347 Mt de soja et 70 Mt de colza –, elle serait toutefois stable par rapport à la saison dernière.

La demande en oléagineux, et plus particulièrement en soja fourrager, devrait elle aussi rester élevée selon les experts européens. En raison de l’importance de l’offre, cela n’entraînera pas une révision à la hausse des prix. Toutefois, ceux-ci pourraient être influencés par les conditions climatiques régnant durant la saison de semis chez deux importants producteurs que sont le Brésil et l’Argentine.

Autosuffisance oléagineuse ?

À l’échelle européenne, la récolte d’oléagineux s’élèverait à 34 Mt pour la saison 2017/2018, ce qui en fait la seconde plus importante récolte de ces dix dernières années. Cela représente également une hausse de 8 % par rapport à la moyenne quinquennale et de 10 % par rapport à la saison dernière. Si la surface dédiée aux oléagineux a légèrement augmenté, ce sont principalement les bons rendements observés qui ont permis d’atteindre un tel niveau de production.

La production européenne de colza dépasserait les 22
Mt, un bond de 10
% par rapport à 2016/2017.
La production européenne de colza dépasserait les 22 Mt, un bond de 10 % par rapport à 2016/2017. - J.V.

Dopée par la France et la Pologne, la production de colza est en croissance de plus de 10 % par rapport à 2016/2017 et dépasserait les 22 Mt. Toutefois, les experts européens constatent ici aussi des inégalités de qualité. Le tournesol est lui aussi en bonne forme. Évaluée à 9 Mt, la récolte serait supérieure de 7 % à la moyenne des cinq dernières années. Enfin, la production de soja atteindrait, elle aussi, un nouveau record estimé à 2,7 Mt, principalement grâce à la croissance de la surface emblavée.

Depuis une dizaine d’années déjà, la filière oléagineuse européenne, tirée principalement par le colza, est sur une pente croissante. Le soja trouve de plus en plus d’adeptes bien que sa culture ne représente, en 2017/2018, que 8 % de la surface agricole dédiée aux oléagineux, contre 55 % pour le colza et 36 % pour le tournesol. Cette évolution se répercute également sur les importations européennes de soja, en baisse.

Selon les experts européens, cette progression favorable, bien qu’encore insuffisante, rapprocherait l’Europe de l’autosuffisance oléagineuse. Celle-ci est actuellement de 65 % pour les oléagineux et d’un peu moins de 57 % pour les tourteaux (en moyenne, sur ces cinq dernières années). La consommation de tourteaux devrait, par ailleurs, légèrement croître durant la saison 2017/2018 (+1,1 %).

A lire aussi en Végétaux

Voir plus d'articles