France: moral en hausse dans les exploitations, santé préservée chez les industriels

Les industriels français de l’agroéquipement ont bien résisté  à la crise. Toutefois, ils manquent de personnel  pour se développer à l’export.
Les industriels français de l’agroéquipement ont bien résisté à la crise. Toutefois, ils manquent de personnel pour se développer à l’export. - J.V.

Nous sortons de trois années de crise », a déclaré Frédéric Martin, président d’Axema, voici quelques semaines. « Il y a un an, on parlait d’une année 2017 plutôt en crise avec un effet ciseaux entre une baisse des volumes achetés et une hausse du prix », rappelle-t-il. Aujourd’hui, Élodie Dessart, responsable du pôle économique auprès dudit syndicat, annonce une hausse globale du chiffre d’affaires des industriels de l’ordre de 5 % au premier semestre 2018 par rapport à la même période en 2017. Frédéric Martin évoque même « un rebond des ventes plus important » à l’export avec un solde de la balance commerciale moins négatif que les autres années (hausse des exportations et baisse des importations) dans les mois à venir.

Moral « moyen à bon »

Élodie Dessart se révèle aussi optimiste du côté des agriculteurs : « La santé financière des exploitations agricoles françaises a cessé de se dégrader depuis un an ».

Pour autant, elle note que 39 % des exploitations laitières déclarent que leur situation économique s’est dégradée en 2017, selon un baromètre Ifop-Fnsea (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles). Mais un tiers des exploitations interrogées se projettent, toujours selon le baromètre, dans une situation économiquement plus favorable.

« Deux tiers des industriels enquêtés perçoivent le moral des agriculteurs « moyen à bon », mais ils ne savent pas si cela se traduira par des investissements à court terme », souligne-t-elle encore. En 2016, 43 % des industriels considéraient le moral des agriculteurs « très mauvais » contre 2 % en 2017. Autre élément positif : seuls 21 % des industriels considèrent leurs stocks comme supérieurs à la normale cette année contre 33 % en 2016, signe d’une reprise du marché déjà anticipée.

Céréales et vignes à la peine

Au premier semestre 2017, les chiffres montrent un retrait des ventes de tracteurs, de matériels de travail du sol, de semis et de plantation, ainsi que viti-vinicoles. À l’inverse, les ventes d’équipements pour espaces verts progressent comme l’an passé. Frédéric Martin et Alain Savary, directeur général d’Axema, lient ces baisses de ventes avec les mauvaises conditions de récoltes en céréales et en vigne durant l’année 2017. « En volume, c’est la pire vendange depuis des années avec une baisse de 30 %. Les viticulteurs ont annulé leurs investissements », a souligné Alain Savary.

Les ventes de matériel d’élevage et de fenaison sont prévues en légère hausse au deuxième semestre 2017, ce qu’explique Frédéric Martin par « une tendance à l’autonomie des élevages ». « Depuis plusieurs mois, en polyculture-élevage, les agriculteurs cherchent à s’adapter », observe-t-il. De son côté Alain Savary explique le développement des équipements des espaces verts par le retrait de plus en plus important des phytosanitaires, notamment dans les collectivités territoriales.

Frein à l’export

La santé économique des des industriels de l’agroéquipement a quant à elle été plutôt préservée durant ces trois ans de crise, selon Axema. « En 2015, le taux de marge a chuté à 19 %. En 2016, la marge attendue se redresse à 23 %, mais reste éloignée du secteur industriel en général (39 %) », relève le syndicat. Les grands groupes ont mieux résisté. Le besoin en fonds de roulement des entreprises s’est cependant dégradé en 2015 et 2016.

« Du côté des recrutements, les cinq dernières années ne suffisent pas à combler les besoins réels des entreprises et à les aider à se développer à l’export », s’inquiète Élodie Dessart.

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