Combiner théorie et pratique, pour appréhender les réalités du métier de mécanicien agricole

Les cours théorique se donnent en classe mais aussi en atelier. Ainsi, les formateurs peuvent expliquer de manière pratique le fonctionnement des machines agricoles comme, par exemple, le distributeur d’engrais.
Les cours théorique se donnent en classe mais aussi en atelier. Ainsi, les formateurs peuvent expliquer de manière pratique le fonctionnement des machines agricoles comme, par exemple, le distributeur d’engrais. - J.V.

L’une des raisons pouvant expliquer la pénurie de mécaniciens en machines agricoles et horticoles est probablement liée au peu de publicité qui est faite autour de ce métier. Cette profession a pourtant des atouts indéniables : il s’agit d’un travail varié, d’un secteur en évolution constante avec un niveau de sophistication pouvant être très élevé, offrant un emploi assuré et de très belles perspectives pour les jeunes…

Mais il faut aussi se rendre à l’évidence que la formation n’est pas aussi simple à assurer qu’il n’y paraît : il est difficile, voire impossible, pour une école disposant de moyens limités de suivre l’évolution technologique du matériel agricole moderne.

En alternance

C’est à ce niveau que la filière de formation de l’Ifapme (Institut de formation en alternance pour les petites et moyennes entreprises) se révèle particulièrement avantageuse : la solution de la formation en alternance permet à l’apprenant de combiner chaque semaine des cours (en classe et en atelier) et un travail en tant qu’apprenti ou stagiaire chez un patron.

Depuis septembre 2015, les cours ont lieu dans un batiment moderne intégrant un atelier de 400 m² spécifiquement dédié à la formation  en machines agricoles et horticoles.
Depuis septembre 2015, les cours ont lieu dans un batiment moderne intégrant un atelier de 400 m² spécifiquement dédié à la formation en machines agricoles et horticoles. - J.V.

Les cours reçus lui permettent de comprendre les bases du métier, en ce qui concerne les différentes matières à maîtriser pour appréhender l’univers de la machine agricole. Ces matières et ces cours sont nombreux : moteur, transmission, machines agricoles, électricité, électronique, hydraulique, soudage…

Par ailleurs, le fait de travailler en tant qu’apprenti ou stagiaire le plonge directement au cœur d’un atelier professionnel, dans lequel il se retrouve confronté aux réalités du métier. Cet apprentissage se fait bien entendu de manière progressive, avec l’appui de l’employeur.

Grâce à l’alternance, l’apprenant se retrouve au contact des dernières technologies et peut donc suivre leur évolution. Il a aussi l’occasion de bénéficier des conseils de mécaniciens professionnels, de rencontrer les clients et de communiquer avec eux, d’évoluer dans un environnement professionnel doté d’un équipement et d’un outillage complets. C’est aussi là qu’il peut se rendre compte au mieux des qualités dont il doit faire preuve : sérieux, motivation, dynamisme, réactivité…

Un métier très varié

La profession de mécanicien en machines agricoles et horticoles est tout sauf ennuyeuse. Elle est même extrêmement variée. Effectivement, le mécanicien est appelé à travailler sur des machines très diverses : il doit pouvoir, durant la même journée, passer d’un tracteur à une faucheuse, puis à une moissonneuse-batteuse, un pulvérisateur ou toute autre machine agricole. Ceci nécessite de réelles aptitudes intellectuelles et manuelles.

En effet, il doit assurer les gestes techniques nécessaires mais aussi maîtriser le fonctionnement de tous ces matériels et disposer de certaines connaissances agronomiques afin de régler correctement ces machines en fonction des conditions locales rencontrées.

Au terme de cette formation, les opportunités d’emploi sont réelles et nombreuses.

Outre les tâches plus routinières d’entretien et de maintenance, il est amené à procéder à des recherches de pannes et à poser des diagnostics, à réparer des dommages ou des casses, à mettre en service des nouvelles machines, à prodiguer des informations et des conseils aux clients, et parfois aussi à apporter des adaptations ou des modifications à certains matériels, tout en s’assurant qu’ils restent conformes aux exigences légales (en matière d’homologation, de circulation sur la voie publique…).

Enfin, il est appelé à effectuer des dépannages sur le terrain en saison. À ce niveau-là aussi, la formation en alternance se révèle très utile : le dépannage sur le terrain est un travail très spécifique, bien loin de l’univers de l’atelier. Il faut travailler avec un matériel présent sur place et plus limité, en extérieur (et donc dans des conditions moins favorables et moins confortables), être rapide et efficace…

Engagement rapide !

Au terme de cette formation, les opportunités d’emploi sont réelles et nombreuses. Il n’est d’ailleurs pas rare que l’employeur engage l’apprenti ou le stagiaire qu’il a lui-même formé, dès que celui-ci a reçu son diplôme. Le patron y voit un avantage direct puisque son nouveau mécanicien est un habitué de la maison : il connaît déjà l’organisation de l’atelier, le matériel, les clients, les collègues… Bref, il est prêt à travailler directement dans un environnement qu’il connaît parfaitement.

Deux filières de formation

L’Ifapme propose en fait deux filières de formation : l’apprentissage (dès 15 ans) et la formation de chef d’entreprise (à partir de 18 ans) :

L’apprentissage

Accessible dès l’âge de 15 ans, la formation en apprentissage « Mécanicien de tracteurs et machines agricoles et horticoles » est destinée aux jeunes qui ont suivi au moins les deux premières années de l’enseignement secondaire (général, technique ou professionnel).

D’une durée de 3 ans, cette formation se déroule comme suit : 3 ou 4 jours par semaine, l’apprenant travaille comme apprenti (sous contrat) dans une entreprise. De plus, 1 ou 2 jour(s) par semaine, il suit des cours dans le centre de formation de l’Ifapme à Perwez pour les cours spécifiques et, au choix, dans un autre centre Ifapme pour les cours généraux (français, mathématiques, droit, commerce, monde contemporain et humain).

Au terme de son apprentissage, il se verra décerner un certificat de fin de qualification, grâce auquel il sera déclaré mécanicien qualifié dans le métier de mécanicien de tracteurs et machines agricoles et horticoles.

La formation de chef d’entreprise

Les candidats âgés d’au moins 18 ans peuvent accéder à la formation de chef d’entreprise « Mécanicien de tracteurs et machines agricoles et horticoles », qui donne lieu à l’obtention d’un diplôme donnant accès à la profession de chef d’entreprise en matériel agricole. Autrement dit, le titulaire de ce diplôme peut s’établir en tant que concessionnaire et engager du personnel. Il est à noter que, pour obtenir ce diplôme, il faut également réussir une formation en gestion ; à ce sujet, l’Ifapme offre différentes formules, notamment une formation accélérée en gestion (en 3 mois).

La durée de la formation de chef d’entreprise est de 2 ans mais, si le candidat ne répond pas aux conditions d’entrée exigées, elle est assortie d’une année supplémentaire de cours préparatoires. Les exigences d’admission en 1ère  année de chef d’entreprise sont les suivantes :

– soit avoir suivi et réussi la formation en apprentissage ;

– soit être titulaire du certificat de l’enseignement secondaire du second degré dans les sections générale, technique ou artistique ;

– soit posséder un certificat de réussite de l’enseignement secondaire du troisième degré de l’enseignement professionnel et, dans ce cas, être en possession du certificat de qualification.

Si le candidat ne se trouve pas dans ces conditions d’accès, une année de cours préparatoires devra être suivie avant la 1ère  année de chef d’entreprise (sous réserve de satisfaire à certains critères d’admission, mais ceux-ci sont évidemment beaucoup plus larges).

La formation de chef d’entreprise se fait également en alternance puisque l’apprenant doit être stagiaire dans une entreprise. Ce stage, d’une durée égale à la formation (2 ou 3 ans), peut se faire de façon libre (non rémunéré) ou sous une convention de stage Ifapme (rémunéré).

Info: Centre Ifapme de Perwez, Re des Dizeaux, 6 à 1360 Perwez; Tél. : 081/39.15.00.

Pourquoi ont-ils choisi cette formation?

Ce samedi 21 avril, les étudiants de l’année préparatoire à la formation de chef d’entreprise suivaient un cours sur les distributeurs d’engrais. L’occasion pour Le Sillon Belge de sonder leurs motivations et leurs ambitions, une fois leur formation terminée.

La grande majorité d’entre eux ont entamé cette formation par passion pour l’agriculture et le machinisme agricole. Certains ambitionnent de reprendre la concession paternelle ou de devenir délégué commercial. D’autres encore souhaitent se lancer en tant qu’indépendant une fois leur formation terminée. Enfin, plusieurs désirent réaliser eux-mêmes l’entretien du matériel de la ferme familiale, sans dépendre d’une concessionnaire ou d’un mécanicien. Les étudiants en apprentissage se tournent davantage vers le métier de mécanicien agricole en tant que tel.

Sur la dizaine d’étudiants présents, tous étaient unanimes : le stage en entreprise constitue un réel plus dans leur formation et leur permet de mettre en pratique ce qu’ils apprennent aux cours mais aussi d’être confrontés au « monde réel ». Ils bénéficient également des conseils de leur patron et développent ou améliorent leur méthode de travail.

J.V.

Se projeter dans la vie active

Du côté des formateurs, nous avons rencontré Nicolas Higuet, entré dans l’équipe en 2004 et actuellement en charge des cours de machines agricoles et transmission en préparatoire, et des cours de mécanique, machines agricoles et tracteurs en 1ère et 2 années.

« Le but de l’année préparatoire est d’amener tous les élèves au même niveau, afin qu’ils soient prêts à suivre les cours plus approfondis de 1ère et 2e  années », explique-t-il. « Quant au stage, il permet aux étudiants de se confronter à du matériel à la pointe des dernières technologies, mais aussi à des engins plus anciens, selon ce dont disposent les clients de leur patron. »

Grâce au travail

de fin d’études

Outre leur stage, les étudiants doivent également présenter un travail de fin d’études (appelé « monographie ») à l’issue de leur cursus. Pour celui-ci, il leur est demandé de se projeter dans le futur et de développer un projet d’installation dans le domaine de la mécanisation agricole. « Ce projet leur permet de réfléchir à leur éventuel projet d’avenir et aux différents métiers que l’on retrouve dans le domaine de la mécanique agricole. »

La réalisation de la monographie fait appel à différents concepts vus durant le cursus, mais l’étudiant doit également faire preuve de proactivité et montrer qu’il a développé d’autres connaissances. Ainsi, des domaines aussi concrets que divers sont abordés dans le travail : fiscalité (création de société ou établissement en tant qu’indépendant), financement (emprunt, remboursement… il est d’ailleurs demandé aux étudiants de réaliser un plan de financement avec un établissement bancaire), agencement de l’atelier (outils nécessaires, disposition des postes, préparation de la camionnette d’intervention…)… Le projet débute dès la première année. Ainsi, les étudiants comprennent également mieux comment travaille le patron chez qui ils sont en stage.

« Par ailleurs, il est déjà arrivé que certains étudiants concrétisent, en tout ou partie, le projet décrit dans leur monographie et entrent ainsi de plain-pied dans la vie active dès leur sortie du centre Ifapme », ajoute le formateur.

J.V.

Le direct

Le direct