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Observatoire de la CBC: les agriculteurs face aux défis structurels posés par le changement climatique

L’agriculture est l’un des secteurs les plus touchés par les conséquences du changement climatique, si bien que près de la moitié des agriculteurs wallons envisagent d’adapter ou de changer de type de production. C’est ce que révèlent les résultats du dernier Observatoire de l’organisme bancaire belge.

Temps de lecture : 3 min

L’enquête, menée par le bureau d’études Ipsos auprès de 300 agriculteurs wallons entre le 16 et le 23 juin 2023, indique que près de huit agriculteurs wallons sur dix rencontrent des difficultés liées aux changements climatiques, des difficultés que plus de 9 agriculteurs sur 10 estiment être structurelles.

Adaptation ou changement de type de production

Les principales difficultés rencontrées sont la diminution du rendement (animal, végétal) pour 81 % d’entre eux, l’augmentation des pertes pour 64 % et le retard dans les plantations pour 56 %. Et près de 9 sur 10 estiment qu’elles auront un impact sur la rentabilité de leur exploitation.

Pour y faire face, près d’un agriculteur wallon sur deux envisage d’adapter ou de changer son type de production. Près de deux agriculteurs sur dix (17 %) se dirigeraient vers une agriculture plus locale, 14 % vers une agriculture régénérative et 11 % vers une agriculture intensive.

Les agriculteurs qui n’envisagent pas de changement avancent plusieurs raisons à cela : pour la moitié d’entre eux, c’est avant tout une question de coût trop élevé. Pour d’autres, leur exploitation ne le permet pas et certains citent la fin prochaine de leur activité.

Selon l’Observatoire, près de six agriculteurs wallons sur dix estiment que les changements climatiques auront un impact sur le modèle de commercialisation actuel qui repose principalement sur la grande distribution.

Rôle croissant des distributeurs et des consommateurs

Ainsi, plus de huit agriculteurs sur dix estiment que l’on se dirige vers une consommation de produits de saison, près de huit sur dix vers une diminution de la consommation de produits importés et près de huit sur dix vers la production et la consommation de produits mieux adaptés aux changements climatiques.

D’ailleurs près de 9 agriculteurs wallons sur 10 estiment que la grande distribution a son rôle à jouer face aux défis climatiques. Principalement en mettant en avant les produits bio/locaux (92 %), en ne commercialisant que des produits de saison (89 %) et en ayant une charte de qualité (empreinte carbone…) (74 %).

« L’une des solutions que les agriculteurs wallons voient pour relever les enjeux climatiques est la mobilisation tant de la grande distribution que des consommateurs, par des changements d’habitude. Consommer plus local et de saison engendrerait un soutien aux agriculteurs wallons et permettrait d’ajuster leurs modes et types de production en répondant à ces nouveaux besoins. Bien sûr, tout changement demande du temps mais il faut espérer que cette prise de conscience se réalise » estime Fabian Wathelet, responsable du segment agricole chez CBC.

La lutte contre la sécheresse, principal défi

Plus de neuf agriculteurs sur dix estiment ainsi que les consommateurs pourraient les aider à relever les enjeux climatiques en consommant plus local, en consommant des produits de saison et en consommant moins de produits importés.

L’Observatoire CBC révèle enfin que six agriculteurs wallons sur dix se sentent concernés par les changements climatiques. Concrètement, pour un agriculteur sur trois, le principal impact en Wallonie est l’alternance entre les périodes très humides et très sèches. D’ailleurs, pour quatre agriculteurs wallons sur dix, la lutte contre la sécheresse est leur principal défi, suivie par la volatilité des prix due aux aléas climatiques (30 %).

Ensuite, près de trois agriculteurs wallons sur quatre estiment que le modèle de production en Wallonie n’a pas d’impact sur le dérèglement climatique.

Pour Fabian Wathelet, « Les agriculteurs wallons estiment que leurs activités n’ont pas ou peu d’impact sur les changements climatiques probablement dans la mesure où la Wallonie a une agriculture fortement liée au sol. Sans oublier que les prairies sont des puits à carbone. Bien sûr, toute activité humaine a un impact. Le fait d’utiliser des intrants génère un certain bilan carbone. »

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