«Je suis camembert»
Le 23 novembre dernier, les eurodéputés ont été amenés à se prononcer sur révision de la réglementation relative aux emballages et déchets d’emballages.
S’ils ont adopté à une large majorité de nouvelles règles pour lutter contre leur augmentation constante, qu’ils soient d’origine plastique ou non, tout en encourageant leur réutilisation et leur recyclage, un produit phare de notre gastronomie européenne a cristallisé toute leur attention : le camembert et sa traditionnelle boîte en bois.
Levée de boucliers
Alors que les enjeux agricoles s’étaient jusqu’à présent plutôt concentrés sur la question des emballages pour les fruits et légumes, la potentielle interdiction complète des boîtes de fromages en bois s’est retrouvée au cœur de la polémique.
À l’origine de ce méfait se trouve donc ce texte intitulé « PPWR » pour « Packaging and Packaging Waste Regulation », un document dont l’objectif est de supprimer les emballages à usage unique et stimuler le recours à la réutilisation des contenants. Il prévoit, entre autres, des objectifs de recyclage pour tous les emballages à partir de janvier 2030.
Alertés par la situation, des députés issus de plusieurs groupes politiques ont déposé des amendements visant à exclure les emballages en bois du champ de la réglementation. Parmi eux, Frédérique Ries, rapporteure de la commission de l’Environnement, avait tout d’abord proposé que la commission rédige un rapport évaluant la possibilité d’introduire, sur la base d’un acte délégué, une exemption pour les emballages en bois en contact avec les denrées alimentaires.
« Avant d’aller demander de recycler des boîtes en bois, il y a déjà beaucoup à faire sur les emballages plastiques », a argumenté l’eurodéputé français centriste Jérémy Decerle, ancien président du syndicat des Jeunes agriculteurs.
Un plaidoyer plein de fougue
« Nos fromages français sont aimés dans le monde entier. Mais qui peut imaginer un camembert ou un Mont d’Or sans son cerclage de bois ? Les emballer dans du plastique serait une aberration gustative et environnementale » s’est exclamé devant l’hémicycle la Française Laurence Sailliet.
Et d’ajouter, pleine d’emphase, que « le règlement relatif aux emballages et aux déchets d’emballage doit permettre un meilleur fonctionnement du marché intérieur et une meilleure transition vers des emballages durables. Mais il est impérieux d’exclure les emballages en bois de son champ d’application pour protéger un savoir-faire unique, garant de la qualité des produits concernés ».
En adoptant leur position sur le texte en vue de pourparlers avec les États membres, les eurodéputés ont finalement validé un amendement prévoyant que l’obligation de recyclage ne s’applique pas à ce stade aux emballages en bois (boîtes de camembert, de Mont d’Or, bourriches d’huîtres). L’honneur du bien manger est donc sauf !
