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Comment maîtriser la culture de la tomate sous tunnel maraîcher?

La tomate est une culture traditionnelle des tunnels maraîchers, menée du milieu du printemps jusqu’à mi-automne. Cette production n’est pas comparable à celle cultivée dans les serres spécialisées qui permettent d’obtenir des récoltes presque toute l’année. Elle peut être menée sans être vraiment spécialisé et permet une fourniture d’un légume fruit saisonnier bien adapté à la vente directe et au circuit court.

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Pour la tomate, le choix variétal est plus ouvert et va des variétés anciennes à celles plus hybrides et modernes.

Le cycle de production est relativement court. Le maraîcher essaye de valoriser au mieux la superficie de la serre maraîchère depuis l’automne jusqu’au milieu du printemps. Cette culture sera menée pour occuper valablement la surface couverte lors des mois plus chauds.

Rappelons que la rentabilité de cette serre maraîchère est en lien avec sa bonne occupation durant toute l’année. Il convient ainsi d’être prêt afin d’offrir les premiers fruits assez tôt, soit à partir du début de l’été et avant les périodes de congés des visiteurs, lorsque la demande est encore forte.

Quelles variétés choisir ?

Pour les fermes maraîchères diversifiées, il est intéressant de proposer des fruits très goûteux provenant de variétés qui peuvent être moins prolifiques. Ceux-ci pourront être installés à côté des variétés qui sont, elles, plus productives, et donc les fruits peuvent être proposés à un prix plus bas. Cela permettra aux visiteurs de choisir leurs produits, selon le type d’usage qu’ils souhaitent en faire.

Quelques pieds de tomate « cerise » et « cocktail » dont les fruits pèsent respectivement 10 à 20 g et 20 à 30 g permettent d’élargir l’offre. Pour les variétés classiques, la moyenne se situe entre 60 et 150 g, tandis que les plus gros fruits dépassent les 150 g.

Parmi les variétés de diversification, nous pouvons choisir parmi les types côtelés comme « Marmande » et « Noire de Crimée » ou celles « Zébrés » et « Cœur de bœuf » (les classiques ne se conservent pas longtemps, les hybrides se gardent plus facilement). Des particularités sont intéressantes à raison de quelques pieds pour chacune d’elles, comme les roses, les jaunes, les noires ou les oranges.

Les tomates grappe ont la particularité de rester fermes longtemps après la cueillette, mais l’expression de leur goût se fait assez tardivement. Par ailleurs, il y a une demande de la part des visiteurs. Dans les fermes maraîchères diversifiées, restons plutôt fidèles aux variétés goûteuses dès l’achat.

Adapter l’élevage, l’implantation et la fumure aux besoins de ce fruit

L’élevage se fait à température de 18 à 25°C, sur mottes pressées. Il est réalisé sur une période de six à huit semaines, en visant la plantation en pleine terre sous tunnel lorsque les risques de gel sont très faibles. Ce sera après la mi-avril si nous disposons d’un chauffage antigel à utiliser en cas d’absolue nécessité.

En principe, nous devrons respecter une rotation de quatre ans. Mais c’est rarement le cas en pratique vu le peu d’alternatives pour occuper valablement les serres en été. Pour limiter les risques de diminution de rendement au fil des années, nous essayons de maintenir au mieux la fertilité des sols par des apports organiques réguliers et en veillant à irriguer de façon à éviter la salinité (voir Le Sillon Belge du 21 septembre 2023).

La zone de plantation doit être décompactée pour favoriser au mieux l’installation rapide des premières racines hors de la motte.

La fumure est élevée, en rapport avec le niveau d’exportation. L’équivalent de 40 t de fumier décomposé ou composté permet de couvrir les besoins pour une production de l’ordre de 10 kg de tomates par m². Si le sol est peu pourvu en potassium et en magnésium, un complément peut être prévu. Les variétés anciennes sont moins productives, la fumure est donc adaptée.

Nous installons les plantes à la densité d’environ 2 plants par m². La disposition en rangs doubles distants de 60 cm permet de garder des passages un peu plus larges et plus commodes pour l’entretien de la culture et des récoltes. Une autre possibilité est de planter en rangs simples et de mener les tuteurages en V pour une plante sur deux.

Concernant le paillage du sol, un film plastique noir convient bien, coulé à la pose du tuyau d’irrigation. Sa couleur favorise l’augmentation de la température du sol, ce qui est surtout important au début de la culture, en avril jusque début juin. La paille convient parfaitement aussi.

Maîtriser l’irrigation pour un résultat qualitatif et quantitatif

Nous essayons de planter en sols déjà bien humidifiés sur la largeur de la bande de culture pour permettre l’extension rapide des racines en largeur et en profondeur. Jusque trois semaines après la reprise, les apports seront réalisés en goutte à goutte à raison de 0,6 mm par jour. Nous augmentons ensuite progressivement pour atteindre 2 à 3 mm par jour en moyenne jusqu’à l’éclosion du 3ème bouquet. Ensuite, jusqu’à l’étêtage, les apports quotidiens seront en moyenne de 3 à 4 mm. Après cette phase, nous ramenons les apports au niveau de 2 mm par jour en moyenne. Ces données correspondent à une base lorsque le sol est paillé.

Pour une plus grande précision, l’idéal est de piloter les apports d’eau à l’aide de deux tensiomètres à 15 et à 45 cm de profondeur. On irrigue lorsque la pression est de 0,20 bar en sol limoneux, un peu moins en sol sableux, un peu plus en sol argileux. Il ne faut pas oublier de surveiller l’amorçage des tensiomètres avant leur mise en service et chaque fois qu’ils sont déplacés ou placés en situation de sécheresse excessive.

Une pollinisation permise par les vibrations des fleurs

Chaque fois que la croissance de la tige permet de monter d’un bouquet, nous palissons la nouvelle pousse et enlevons les gourmands à l’aisselle des feuilles.

À partir de la première récolte, nous pouvons commencer l’effeuillage des feuilles jaunies en commençant à la base des tiges.

Au niveau de la pollinisation, les vibrations des fleurs par le vent et les insectes permettent la fécondation. En début de saison, nous pouvons faire vibrer les fleurs manuellement en fin d’après-midi, lorsque la température dans la serre avoisine 20 ou 25 ºC et quand l’hygrométrie est proche de 70 %. Nous pouvons, par exemple, réaliser cette opération avec la corde de tuteurage lors d’un passage entre les rangs, et ce une fois par jour.

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