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La luzerne, un fourrage qualitatif à envisager dans la rotation

Riche en protéines, résistante aux conditions sèches, très bien valorisée par le cheptel… La luzerne présente de nombreux atouts. Pour en tirer le plus grand profit, il convient néanmoins de l’implanter sur des parcelles adaptées et de la faucher au moment opportun.

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Lors d’une séance d’information organisée par Protect’eau, sur demande des agriculteurs du Contrat captage de Libramont, David Knoden, coordinateur de l’asbl Fourrages Mieux, a présenté les différents atouts de la luzerne. Ce fourrage à haute valeur protéique intéresse, en effet, un nombre croissant d’éleveurs.

Un fourrage très bien valorisé

Le premier avantage de la luzerne est sa résistance aux conditions séchantes. « Même par temps sec, la culture poursuit sa croissance. Sur ce point, on observe des différences notables par rapport aux autres espèces fourragères », développe M. Knoden.

Il souligne également que la luzerne ne souffre d’aucun défaut de qualité par rapport à d’autres fourrages, plus classiques. « Du jeune veau à la vache laitière haute productrice, elle est très bien valorisée. »

Enfin, pure, elle peut être cultivée durant trois ans, sans risque de salissement. En mélange avec des graminées, on peut espérer bénéficier de quatre années de production. « La luzerne s’intègre sans problème dans les rotations. »

Une culture adaptée à l’autonomie protéique

En termes de production de matière sèche, les rendements de la luzerne sont supérieurs (ou au moins équivalents) aux autres prairies temporaires et ce, sans recours aux engrais azotés.

La culture s’installe très bien dans les zones limoneuses ou sablo-limoneuses où l’on observe un rendement d’au moins 15 t/ha de matière sèche. Une luzerne ensilée peut produire jusqu’à près de 3 t/ha de protéines brutes.

Comparativement, la culture du soja, quand elle se déroule sans encombre, affiche un rendement de 1 t/ha de protéines. Le soja présente néanmoins l’avantage d’être un produit concentré : l’agriculteur dispose d’une graine et non d’un fourrage.

« Cependant, un produit concentré ne va pas révolutionner la production de protéines à l’hectare car il affiche des rendements relativement faibles par rapport aux fourrages. Ces derniers, bien conduits et bien valorisés par les animaux, constituent un levier vers l’autonomie protéique », détaille David Knoden.

Sans fertilisation, en zone de captage

La luzerne en rotation constitue un très bon précédent cultural. Bien implantée, elle développe une racine pivotante qui assure son alimentation en eau et améliore la structure du sol en profondeur. Elle favorise la stabilité structurale, la portance et la vie biologique du sol. Enfin, sa décomposition enrichit le sol en humus.

« Il s’agit d’une culture intéressante en zone de captage, car elle ne nécessite aucune fertilisation et procure de bons rendements. » Ce point est essentiel dans les zones de Contrat captage car le taux de nitrate dans l’eau doit rester inférieur à 35 mg/l. David Knoden alerte toutefois : « Au moment de la destruction de la culture, les quantités d’azote relâché sont importantes. Il convient d’y être très attentif ».

Dans un sol drainant et profond

Comme toute culture, la luzerne doit rencontrer de bonnes conditions pour exprimer son plein potentiel. Deux points cruciaux sont à respecter pour obtenir un bon rendement : un sol drainant et profond.

En effet, un sol drainé non séchant et sans semelle de labour permet une bonne implantation du pivot racinaire. Aussi, le sol ne doit présenter aucun problème d’ordre physico-chimique. Ce point peut être corrigé par un chaulage régulier et l’apport d’une fumure de fond.

Sur un sol trop acide, la culture pousse mais voit son rendement baisser. Celui-ci tombe à 8 à 9 t/ha de matière sèche, contre 13 à 14 t/ha. Ce qui n’est pas beaucoup plus qu’une autre prairie…

Semis de printemps ou d’automne ?

Quand faut-il semer la luzerne ? David Knoden rappelle que l’expression « pas au printemps pour le salissement » n’est pas nécessairement vraie et doit être nuancée.

Comme les légumineuses sont des « plantes de lumière », le printemps favorise leur bonne installation. Cependant, il ne faut pas les implanter trop tôt car le sol doit être bien réchauffé pour assurer le bon démarrage de la culture.

Il est également conseillé d’être attentif aux périodes de sécheresse. Bien que les légumineuses se montrent résistantes aux conditions sèches, une fois que le point de non-retour est atteint, c’est de manière définitive. Lors du retour des pluies, la luzerne ne rattrapera pas le rendement perdu contrairement aux graminées qui profitent de la forte minéralisation de fin de saison pour combler une partie des pertes survenues durant la période de sécheresse.

Le semis d’été, après récolte de céréales, doit quant à lui être suffisamment développé avant l’arrivée de l’hiver et des premiers gels. Les semis devraient être réalisés pour mi-septembre, au plus tard.

Une difficulté subsiste néanmoins. Si la culture se développe correctement, le risque que la luzerne soit trop grande pour passer l’hiver est bien présent.

Dans ce cas, que faire ? Deux cas de figure sont envisageables. Soit, on installe la culture tôt et on réalise une coupe « de nettoyage » pour éliminer les adventices annuelles. Soit, on patiente jusqu’au 10-15 septembre pour ne pas devoir planifier d’intervention avant le printemps suivant.

David Knoden précise encore « qu’il vaut mieux réaliser un semis à la volée plutôt qu’en ligne pour une question de concurrence entre les plantules ». Et d’ajouter : « On constate souvent une simplification du mélange semé lorsque l’on travaille en ligne ainsi que davantage d’adventices ».

Faucher au stade « bourgeon »

Pour la fauche, il convient de viser le stade « bourgeon », juste avant la floraison, afin de conserver la qualité protéique de la culture. Il ne faut jamais faucher trop bas, afin de ne pas agresser la plante.

Il est également intéressant de laisser la luzerne fleurir une fois par an pour assurer sa pérennité (10 % de la culture en fleur). La dernière fauche est, elle, à effectuer un mois avant les gelées. Une fois encore, celle-ci se fera en étant attentif à la hauteur de coupe.

D’après Protect’eau

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