Accueil Bovins

Collecte laitière : des tendances divergentes d’un pays à l’autre

Depuis le début de l’année, la production laitière semble se redresser avec des prix qui augmentent timidement. Par ailleurs, les dynamiques divergent chez les principaux fournisseurs du marché mondial. Par exemple, du côté de l’Irlande, on assiste à une diminution, tandis qu’en Pologne, la collecte est en hausse. En France, la situation s’améliore même si la reprise reste encore limitée.

Temps de lecture : 4 min

Pour ce mois de février, la production des cinq premiers exportateurs mondiaux de produits laitiers, soit l’Argentine, l’Australie, la Biélorussie, les États-Unis, la Nouvelle-Zélande et l’Union européenne, apparaissait en hausse sur un an. Il y a, en effet, eu une augmentation de 2,5 % par rapport à l’année dernière. Mais, en réalité, celle-ci est liée au fait que nous sommes dans une année bissextile. Ramenée sur 28 jours, la production de ces pays était, en fait, en léger retrait de 1 %. Par ailleurs, les dynamiques observées sont différentes : il y a une baisse en Argentine, aux États-Unis et dans une moindre mesure en UE. Par contre, en Australie, on constate une augmentation.

En France, coup dur pour le bio et l’AOP

Pour voir de plus près ce qui se passe au niveau européen, passons d’abord par la France où l’on assiste à une reprise limitée de la collecte. Le début d’année s’est donc révélé plus favorable, alors que 2023 était fort repli. Le mois de février a ainsi affiché une progression de la collecte de 0,5 %, par rapport à l’année passée. Notons toutefois, une dégradation du taux de matière grasse pour mois là alors que les taux en matière protéique continuent de s’améliorer.

Par contre, au niveau du bio et de l’AOP, les nouvelles ne sont pas réjouissantes. Pour la première fois en 2023, la collecte bio a sévèrement reculé avec 4,5 % en moins comparé 2022. Et sur janvier et février, la tendance se poursuit avec plus de 5 % de repli, effet année bissextile pris en compte. La consommation ralentie de ces produits laitiers, les décertifications, l’impact du climat sur la qualité des fourrages jouent défavorablement sur ce marché.

Pour l’AOP, le lait serait en fort recul par rapport à l’année dernière. Une diminution qui persiste sur le début d’année. La diminution du cheptel laitier, affectée par la baisse démographique du nombre d’éleveurs, mais aussi la moindre productivité des vaches seraient des éléments explicatifs. La qualité des fourrages d’herbe n’a pas été bonne l’année passée, caractérisée par une faible valeur alimentaire des foins.

Pour le cheptel, toujours en France, on atteint 3,34 millions de têtes. Bien que le recul persiste, il est plus modéré ces derniers mois. Sur le début d’année, on observe une progression des entrées de génisses.

La collecte irlandaise toujours en net recul

Depuis le dernier trimestre, la collecte décroche en Irlande interrompant une décennie de croissance. En cause ? Les conditions météo très défavorables qui ont impacté les volumes produits dans ce pays où une grande partie des vaches sont dans des systèmes à base de pâturage. De plus, l’année passée, l’Irlande a vécu une chute spectaculaire du prix de son lait quand les coûts de production en élevage sont restés élevés. Des évolutions réglementaires sur les nitrates affecteraient aussi la production.

La baisse des volumes irlandais participe à la remontée des prix européens du beurre, les fabrications de ce produit ayant baissé dans le pays.

La Pologne augmente sa production avec la génétique et l’alimentation

La collecte de lait en Pologne poursuit son dynamisme en ce début d’année. Après avoir progressé en janvier de 2,8 % comparé à 2023, c’est encore une hausse conséquente qui est enregistrée en février, avec 3,7 %, année bissextile neutralisée. La hausse de production dans le pays incombe à des changements structurels (accroissement de la taille des troupeaux sur les exploitations et disparition des petites exploitations) et à une augmentation du rendement laitier des vaches. Ces éleveurs s’efforcent constamment d’augmenter la production par le biais de la génétique et de l’amélioration de l’alimentation.

Malgré cette belle dynamique, la Fédération polonaise des éleveurs laitiers alerte sur les coûts de production élevés, exprimant des inquiétudes quant à la compétitivité de leurs produits laitiers sur les marchés étrangers.

A lire aussi en Bovins

Comment évolue la qualité du lait wallon?

Bovins Le Comité du Lait a publié, voici quelques jours, le rapport de ses activités conduites en 2023. Parmi les nombreuses informations qu’il recèle, il confirme que la qualité du lait produit en Wallonie se maintient à un très haut niveau. Et ce, alors que la production moyenne par exploitation ne cesse d’augmenter.
Voir plus d'articles