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Comme un hémicycle de vie

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Parfois chose calme, disposée devant soi sur plusieurs années comme un dessin d’architecte. Souvent imprévisible, elle nous voue au déchirant et au contradictoire, la vie. Faite de rencontres incroyables, uniques et profondes, elle emporte, en un ressac mou, douleurs et certitudes. Il en va ainsi de ses cycles et hémicycle. Bouge pas, meurs, ressuscite. Le microcosme européen l’entonne tous les cinq ans, telle une antienne percutante et fracturée.

La légèreté du printemps rend-elle les adieux moins lourds ? Peut-être plus sourds, dans la cavalcade de couloirs, peut-être plus feutrés sur les épais tapis qui étouffent le précipité des pas. Fin de législature dans cette atmosphère tantôt pesante, tantôt frivole, le parlement européen devient ce tableau ferroviaire dont il est lui-même le chef de gare.

Emportés par la foule qui s’élance et qui danse une folle farandole, de nombreux eurodéputés belges ont inséré pour la dernière fois leur carte de vote la semaine dernière à Strasbourg.

Du côté flamand, le parlement enregistre les départs de l’ancien Premier ministre Guy Verhofstad, des CD&V Cindy Franssen et Tom Vandenkendelaere ainsi que du nationaliste Geert Bourgeois. Quant au côté francophone, on note les fins de parcours des socialistes Marie Arena et Marc Tarabella, de la libérale Frédérique Ries (présente dans l’hémicycle depuis vingt-cinq ans), du démocrate-chrétien Benoît Lutgen et de l’écologiste Philippe Lamberts qui a profité du dernier briefing de sa formation politique pour évoquer devant la presse (et se lâcher sur) la crise que travers le monde agricole dans une longue tirade tout en percussion. Il a surtout lourdement taclé le Copa-Cogeca et ses dirigeants « qui doivent savoir ce qu’ils veulent ». Et d’évoquer la thématique de la sécurité alimentaire qui leur est chère, les accords de libre-échange et les contradictions qui parcourent la puissante organisation syndicale européenne. « S’ils souhaitent vraiment défendre les exploitations familiales, c’est aussi notre objectif. Mais on ne peut manger à tous les râteliers et faire en même temps plaisir aux exploitants laitiers et à Lactalis, c’est totalement antinomique ». Et de citer dans la même veine le groupe agro-industriel Avril dirigé par Arnaud Rousseau, qui s’avère être en même temps le président de la Fnsea. « On ne peut faire à la fois plaisir aux exploitants agricoles et à ceux qui les entubent (sic) » a-t-il osé en souriant, fier de son bon mot.

Côté cour, côté jardin. Un momentum de fin de session parmi d’autres qui animent les travées de l’Institution. En attendant l’arrivée de la nouvelle promotion d’acteurs qui continueront à la faire vivre. Avec humour, sérieux, profondeur ou légèreté. Et parfois même avec une certaine irrévérence…

Marie-France Vienne

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