Accueil Environnement

Le varroa – davantage que les résidus – responsable de la mortalité des abeilles

En 2016, l’Afsca a lancé le projet HealthyBee dans le but de surveiller la santé des abeilles, d’obtenir des chiffres objectifs concernant leur mortalité et de tenter d’en identifier les causes principales. De l’analyse des résultats, il ressort que le Varroa destructor joue un rôle prépondérant dans la mortalité hivernale. Au contraire, la présence de résidus de pesticides dans les ruches ne semble pas présenter de risque élevé pour les abeilles.

Temps de lecture : 3 min

Au total, le projet belge HealthyBee, lancé suite à l’arrêt du projet européen Epilobee, a suivi 193 apiculteurs et 896 colonies d’abeilles pendant une année, à travers trois séries de visites différentes organisées en automne 2016 et durant le printemps et l’été 2017. L’analyse des résultats obtenus vient d’être achevée.

Mortel hiver

Pour les ruchers suivis, la mortalité hivernale moyenne observée en 2016-2017 s’élevait à 27,9 %. Ce pourcentage dépasse de 10 % la mortalité hivernale que l’on considère comme normale et acceptable chez les abeilles mellifères. Pour la saison 2017, la mortalité saisonnière moyenne s’élevait à 3,72 %.

La mortalité des abeilles est un problème multifactoriel dont les causes les plus fréquemment citées sont les maladies des abeilles (varroa, loque américaine et européenne, Nosema), la présence de résidus chimiques, l’appauvrissement des sources de nourriture (pollen et nectar) et la combinaison de ces différents facteurs, relève l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (Afsca). L’influence de plusieurs de ces facteurs a donc été quantifiée.

Au lancement du projet, l’infestation par le varroa a été mesurée dans chaque colonie suivie. Les analyses statistiques ont pu démontrer un lien significatif entre l’infestation par le varroa et la survenue d’une mortalité chez les abeilles. Plus il y a d’acariens varroas présents sur les abeilles d’hiver, plus grand est le risque que celles-ci n’y survivent pas. Ceci souligne une fois de plus l’importance de la lutte contre le varroa, appliquée de manière correcte et à temps par tous les apiculteurs.

Entré en Belgique au milieu des années ‘70, l’acarien  Varroa destructor épuise et infecte les couvains d’abeilles.
Entré en Belgique au milieu des années ‘70, l’acarien Varroa destructor épuise et infecte les couvains d’abeilles. - Bayer

Au printemps, toutes les colonies suivies encore en vie au moment de la visite ont en outre été échantillonnées en vue d’une analyse de la présence du parasite intestinal Nosema. Les analyses statistiques n’ont pas pu démontrer de lien significatif entre l’infestation par ledit parasite et la survenue d’une mortalité chez les abeilles.

Réduire les risques

Un échantillon de pain d’abeille (pollen) a été prélevé dans 81 ruchers en vue d’une analyse des résidus. Dans 78 échantillons, la présence d’au moins 1 résidu a été démontrée.

Sur base des concentrations découvertes, un quotient de risque a été établi afin de déterminer si les résidus découverts pouvaient représenter un risque accru pour les abeilles. Dans aucun des échantillons examinés le risque n’a été considéré comme « élevé ».

Toutefois, l’industrie phytopharmaceutique continue d’investir dans l’innovation et l’orientation des produits de protection des plantes afin de réduire davantage les risques d’expositions des abeilles. « Les procédures d’autorisation, c’est-à-dire avant que les substances actives et les produits puissent être vendus en Europe, imposent également des tests très détaillés sur les abeilles », rappelle Phytofar, l’association belge de l’industrie des produits phytopharmaceutiques. Les produits ou utilisations présentant un risque inacceptable ne sont donc pas autorisés, par précaution.

L’association constate également « qu’au cours des dix dernières années, une polémique majeure s’est manifestée au sujet de trois substances actives phytopharmaceutiques (des néonicotinoïdes) utilisées en Europe ». Leur impact présumé sur les populations d’abeilles a d’ailleurs entraîné une réglementation stricte. Et l’association d’ajouter : « Malgré l’autorisation de ces substances depuis les années ‘90, une évolution positive constante du nombre de ruches a été observée en Belgique ».

A lire aussi en Environnement

Voir plus d'articles