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«Entourez-vous et demandez conseil!»

Créer sa propre entreprise une fois son diplôme obtenu… Si François Gilbert de Cauwer n’envisageait pas sa carrière professionnelle de cette manière lors de son inscription à l’université, il en est aujourd’hui pleinement satisfait. Retour sur des débuts mêlant soutiens et embûches.

Temps de lecture : 4 min

Bien qu’il ait choisi une option formant les étudiants à l’entreprenariat, François ne s’imaginait pas un seul instant fonder sa propre société dès son cursus achevé, en juin 2013.

Cependant, un événement est venu quelque peu chambouler ses plans. « 2013 avait été proclamée « Année internationale du quinoa » par les Nations Unies. Un véritable engouement pour cette culture venait de naître. C’était le moment idéal pour développer une filière belge du quinoa », témoigne-t-il.

Avec quelques années de recul, l’entrepreneur ne regrette aucunement d’avoir franchi si tôt le pas. D’une part, les différentes facettes de son projet ont été étudiées en profondeur durant son mémoire de fin d’études. D’autre part, n’ayant pas encore d’importants frais personnels à assumer, il peut se permettre d’être moins bien rémunéré, au profit de son projet. « Ce qui n’aurait probablement pas été possible en créant Gilbel quelques années plus tard », insiste-t-il.

Être soutenu

Depuis ses débuts professionnels, François peut compter sur le soutien sans faille de sa famille, et notamment de son père. « Collaborer avec un membre de sa famille proche est toujours plus facile. Généralement, nous connaissons parfaitement, ou presque, nos modes de fonctionnement », estime-t-il. L’important esprit d’entraide et de collaboration qui règne dans le monde agricole est également primordial à ses yeux. Il lui a permis d’avancer dans la concrétisation de son projet. Il souligne encore le niveau de compétence et de connaissances particulièrement élevé des agriculteurs belges. « Ce qui me permet de commercialiser un produit de qualité. »

Pour la commercialisation à proprement parler justement, profiter des compétences de plateformes de commercialisation constitue, pour lui, un sérieux atout, tant il est difficile d’accéder aux grandes surfaces (lire ci-après).

Côté budget, bénéficier d’un soutien financier est toujours le bienvenu lors de la création d’une entreprise. Pour sa part, François a obtenu une bourse de pré-activité de la Région wallonne.

Enfin, le jeune diplômé est affilié à l’European Quinoa Group. Il bénéficie ainsi de conseils de confrères européens mais aussi des résultats des recherches et essais menés à l’Université de Wageningen avec laquelle collabore ce réseau.

Attention, obstacles !

Choix du statut professionnel, établissement du business plan, respect de la législation… constituent généralement les premières difficultés rencontrées par un jeune entrepreneur. « Se faire conseiller est indispensable ! », poursuit François. Lui a cependant eu la chance d’aborder une grande partie de ces aspects durant ses études.

Autre défi : trouver les partenaires et sous-traitants adéquats et, dans le cas de Gilbel, accéder aux grandes surfaces. « Les grandes enseignes sont souvent plus méfiantes. Elles attendent plusieurs années avant de conclure un accord avec leur futur fournisseur, afin que sa situation soit stable », constate-t-il.

À cela s’ajoutent encore les importants coûts auxquels doit faire face une entreprise dans ses premiers mois d’existence, notamment en matière de fournitures. « Pour l’emballage du quinoa, j’ai dû commander 15.000 boîtes en carton en une seule fois. Or, avec une telle quantité, j’en ai pour quelques années… »

Oser et communiquer

Enfin, le jeune entrepreneur délivre quelques conseils aux étudiants et jeunes diplômés tentés de suivre le même parcours professionnel. « Avant tout, il faut oser se lancer, ne pas hésiter ! Mais aussi s’assurer de disposer des garanties suffisantes. Si ce n’est pas le cas, il vaut peut-être mieux revoir ses ambitions à la baisse. » Il recommande également d’étudier en détail le meilleur scénario financier possible mais aussi le pire. « Afin d’être sûr de pouvoir se relever au cas où ce dernier deviendrait réalité. »

Avoir des partenaires solides, ayant une vision à long terme du projet, est également essentiel. « Néanmoins, je ne m’associerais pas trop rapidement avec quelqu’un. Débuter par une collaboration d’un ou deux ans permet d’apprendre à se connaître mutuellement. »

Dernier conseil : communiquer. « Lorsque l’on élabore son projet, on a tendance à vouloir le garder secret. Ce n’est pourtant pas le bon choix », livre François qui conseille donc de partager ses idées. « Ainsi, vous obtiendrez des réponses à vos questions, des solutions à vos problèmes et un précieux feedback sur votre future carrière professionnelle. »

J.V.

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