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Choisir et régler son outil de travail du sol pour maîtriser les adventices annuelles

Parmi les alternatives au glyphosate, le travail du sol est le principal outil de gestion des adventices annuelles à l’interculture. Cependant, il convient de prêter attention au choix de l’outil, à son réglage et aux conditions climatiques pour obtenir des résultats satisfaisants.

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De plus en plus décrié, le glyphosate figure parmi les matières actives menacées à l’échelle européenne. Dans ce cadre, les techniques alternatives à son utilisation se développent et gagnent du terrain (lire notre édition du 27 octobre). Rotation, désherbage thermique ou électrique, labour, travail superficiel du sol… en sont quelques-unes. Pour ces deux dernières, plusieurs paramètres sont à prendre en compte pour s’assurer de la réussite de l’opération.

Calquer l’intervention sur les conditions climatiques

Premièrement, la flore ciblée et les conditions climatiques (elles-mêmes partiellement déterminées par la période de l’année) influencent la faisabilité et l’efficacité (en matière de gestion des plantes) des différents modes de travail du sol (tableau 1). À noter que l’état du sol (structure, nivellement, humidité) est également à prendre en compte.

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Les graminées sont les plus difficiles à détruire. En dehors du labour, elles sont peu sensibles à la plupart des techniques alternatives au glyphosate, surtout à partir du tallage en conditions humides. Quant au travail superficiel, son efficacité est très dépendante du climat sur ce type de cible : les conditions doivent impérativement être séchantes.

Quelle que soit la météo, les dicotylédones annuelles sont faciles à détruire du stade jeune plantule au stade « 3-6 feuilles » ou rosette. En revanche, il existe des différences de comportement entre espèces de dicotylédones passé le stade « 3 feuilles ». Le gaillet gratteron, la matricaire et le géranium se montrent aussi durs à détruire que des graminées, contrairement à de nombreuses autres dicotylédones comme les repousses de colza, le laiteron rude ou le séneçon commun.

Quel outil privilégier ?

Pour détruire les adventices efficacement par un travail superficiel du sol, il est nécessaire de travailler 100 % de la surface, pour que toutes les adventices soient déracinées.

L’atteinte de cet objectif dépend du choix du matériel. Les outils à dents équipées de socs larges, travaillant bien à plat et se chevauchant entre eux, sont plus adaptés que les outils à dents équipées de socs étroits ou que les outils à disques (tableau 2).

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De nombreux points de détail au niveau des pièces travaillantes des matériels ont leur importance, comme la rigidité des dents ou le recouvrement entre socs pour les cultivateurs ou les vibro-déchaumeurs. Pour les outils à disques, le diamètre des disques et leurs angles d’attaque et de pénétration dans le sol impactent leur capacité à faire un travail homogène. Les équipements du déchaumeur sont aussi à regarder de près.

Préférer la herse au rouleau

La destruction des adventices se faisant essentiellement par dessèchement, il est souhaitable de les laisser en surface, les racines à l’air dans ou sur un sol non rappuyé. La présence d’une herse à l’arrière de l’outil utilisé est alors un atout, au contraire d’un rouleau lourd qui sera plus adapté aux faux-semis, pour faire lever de nouvelles adventices. En l’absence de rouleau, le contrôle de profondeur doit se faire par des roues positionnées à l’intérieur du châssis, et dont les traces seront reprises par des dents.

Bien évidemment, la destruction des adventices n’est qu’un objectif parmi d’autres pendant l’interculture. Le choix des matériels doit aussi prendre en compte ces autres considérations : la gestion des pailles, le contrôle des limaces, la préparation du lit de semences, les faux-semis…

La profondeur adéquate pour déraciner les adventices…

Il convient également de prendre en compte la profondeur de travail réalisée, puisqu’un outil créant un profil irrégulier peut cependant donner satisfaction s’il travaille suffisamment profond. Il en est de même avec des adventices développées bien ancrées dans le sol : le réglage de la profondeur de travail est un levier pour aller déraciner ces plantes.

Pour « scalper » 100 % des adventices, il est indispensable de réaliser un mini-profil au champ pour valider que la profondeur de travail de l’outil est adaptée et que le travail réalisé est satisfaisant.

Une astuce permet d’améliorer l’efficacité des outils à disques : croiser les passages, avec un premier parallèle aux lignes de semis et un second selon un angle de 10 à 15º par rapport au premier passage.

… sans aller trop profondément

Par ailleurs, Arvalis et Terres Inovia ont caractérisé le pourcentage de destruction des adventices selon l’outil utilisé et sa profondeur de travail, les données météo, les espèces adventices à détruire et leur stade de développement et ce, durant trois campagnes.

On favorisa les socs larges, travaillant bien à plat et permettant de « scalper » 100 % des adventices.
On favorisa les socs larges, travaillant bien à plat et permettant de « scalper » 100 % des adventices. - J.V.

Il en ressort, globalement, qu’approfondir le travail du sol n’a pas apporté d’efficacité supérieure. En effet, en travaillant plus profond, un outil a tendance à créer plus de mottes, ce qui limite la mise à nu des racines.

Par ailleurs, cela tend à enfouir partiellement des adventices plutôt que de les laisser en surface, ce qui limite alors les chances de les voir se dessécher.

Toutefois, pour gérer des adventices comme des ambroisies (une espèce envahissante que l’on retrouve ponctuellement en Wallonie et qui gagne du terrain en France) qui seraient présentes dans les ornières faites par le pulvérisateur, il peut être nécessaire de travailler à cet endroit-là le sol plus profondément, avec un matériel ou un réglage spécifique.

Le labour, solution quasiment tout-terrain sur les annuelles

L’enfouissement des adventices et des couverts avec une charrue assure en général leur destruction totale. Néanmoins, la destruction des adventices par ce moyen est plus difficile dans certains sols se retournant mal, comme les sols pierreux superficiels ou argileux plastiques.

De plus, les couverts végétaux développés et hauts ont cependant souvent besoin d’être broyés au préalable.

Il est aussi possible que les labours réalisés entre l’été et le début d’hiver puissent « reverdir ». Il faudra alors détruire ces nouvelles adventices en sortie d’hiver ou avant semis, en profitant de la préparation du lit de semences. Toutefois, cela peut être délicat avec des graminées tallées et un climat peu séchant. De plus, cette opération peut dessécher le lit de semence ou, en sols argileux, remonter des mottes et causer des problèmes de levée de la culture.

D’après Arvalis

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