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Actus maraîchères: malgré un léger retard, une croissance normale, des arrosages parfois nécessaires

Les cultures maraîchères de plein air ont été implantées lorsque ce fut possible. C’est parfois avec du retard par rapport à la date calendrier. Depuis 3 semaines, la température est presque à la normale saisonnière. Quand les structures de sol ont pu être respectées, la croissance évolue assez normalement. Les arrosages sont parfois nécessaires.

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Assez logiquement, la progression des maladies et de ravageurs est déterminée par les conditions météo.

  Les pucerons

Les populations de pucerons ont été repérées tôt cette année, elles se sont plutôt peu étendues sous abris comme en plein air.

La présence des pontes de syrphes et de larves de coccinelles n’est pas généralisée mais est bien constatée. Les populations de pucerons restent peu importantes. La persistance du vent du nord lors des dernières semaines a probablement joué un rôle.

Nous nous attendons à un l’établissement assez rapide d’un équilibre, du moins dans les parcelles maraîchères entourées de sites de biodiversité (bosquets, haies, etc.)

Il se pourrait que les foyers de pucerons déjà repérés actuellement soient en expansion temporaire lors des quelques prochaines semaines. Dans une large majorité de cas, il n’y a pas lieu d’intervenir, mais restons attentifs.

La pose de filets anti-insectes prmet aussi une certaine protection  vis-à-vis des vents séchants.
La pose de filets anti-insectes prmet aussi une certaine protection vis-à-vis des vents séchants.

  Les limaces et les escargots

Depuis plusieurs semaines, les populations sont en forte augmentation en plein air comme sous abris. Les populations semblent importantes sur certains sites et plutôt faibles ailleurs.

La pose de pièges de comptages constitués de cartons humidifiés et recouverts d’une bâche, sont disposés sur la parcelle. Plaçons au moins 4 pièges de ¼ de m², Le comptage se fait 3 jours plus tard et s’exprime en individus/m². Le seuil de tolérance dépend de la sensibilité de la culture. Nous considérons que le maximum tolérable est de 1 individu/m² en cultures sensibles comme les laitues, les choux, les radis, les navets, les fraises et les épinards. Nous pouvons retenir le niveau maximum de 2 individus/m² sur chicons et celui de 12 /m² sur haricots. Dans assez bien de sites, une lutte a été nécessaire au début de l’installation des jeunes cultures. Voir aussi le SB du 18 mai.

  Les oiseaux et petits mammifères

Plusieurs techniques permettent de limiter les dégâts. En les alternant et les combinant, nous améliorons l’efficacité globale. Les clôtures et les filets contre les pigeons sont coûteux et assez efficaces. L’emploi des canons effaroucheurs est soumis à des demandes d’autorisation à la commune pour éviter la nuisance auditive aux riverains. Les animaux sauvages ont soif, ils recherchent un peu de fraîcheur, la pose de bacs-abreuvoirs à eau peut être une partie de la solution.

En choux et crucifères

Les plantations ont bien progressé lors des trois dernières semaines. Plusieurs soucis sont constatés. Avec le vent sec, l’apport d’eau pour l’implantation est nécessaire.

Les altises sont favorisées par les conditions sèches et la température actuelle. Ce sont les situations dans lesquelles la rotation, si elle n’a pas été couplée à une distanciation des cultures d’une année par rapport à l’autre, qui sont les plus impactées, assez logiquement. Tous les choux, le navet, le radis et de nombreuses adventices de la famille des Brassicacées sont concernés. L’importance des dégâts dus aux altises est liée à la fréquence de périodes chaudes et sèches lors des dernières années. Localement, les parcelles riches en adventices Brassicacées sont plus marquées. Nous repérons leur présence par les dégâts sur les feuilles cotylédonaires et les jeunes feuilles. Lorsque nous passons la main sur le feuillage, les adultes dérangés font des bonds facilement repérables. Les mesures prophylactiques préviennent l’arrivée ou le développement des populations d’altises. En cas de forte attaque, des interventions insecticides doivent parfois être envisagées.

Les vols de papillons dont les chenilles se nourrissent de choux sont en augmentation. La surveillance et la pose de filets sont à prévoir rapidement. Les parcelles de choux-fleurs sous voile sont en début de pommaison. Or, les conditions météo précoces d’avril et celles annoncées pour les prochains jours peuvent permettre l’arrivée de papillons dont la teigne des crucifères, la noctuelle gamma et même les piérides. La surveillance est requise pour repérer d’éventuelles pontes.

La noctuelle gamma est souvent repérée d’abord sur les Astéracées en début de saison (les laitues et les Astéracées sauvages en périphérie de parcelles).

En poireaux

Les vols de la mouche mineuse Phytomyza gymnostoma ne sont pas repérés dans toutes les parcelles. Nous restons vigilants en observant la présence de piqûres de nutrition sur le feuillage des cultures et en poursuivant la pose soignée de filets.

Restons attentifs aux vols et piqûres de nutrition de la mouche des Alliacées.
Restons attentifs aux vols et piqûres de nutrition de la mouche des Alliacées.

La sécheresse

Comme en 2018, 2019, 2020 et 2022, une période de déficit hydrique marque la conduite des cultures.

La particularité de ce début de saison est que nous avons commencé l’année avec des structures de sol qui ont fort souffert l’année dernière et de mars à début mai. Or, un sol bien décompacté permet une pénétration des racines en profondeur après la levée ou la plantation.

Le travail du sol est aussi une source de dessèchement de surface, décompacter, donc, sans foisonner : décompacter et rasseoir la surface.

Les asperseurs conviennent bien pour des cultures comme les laitues,  les chicorées frisées et scaroles, les radis, les carottes, les choux.
Les asperseurs conviennent bien pour des cultures comme les laitues, les chicorées frisées et scaroles, les radis, les carottes, les choux.

Dans notre maîtrise de l’enherbement, nous sommes souvent amenés à faire des faux-semis. En soi, la technique permet de réduire l’emploi d’herbicides. Mais la technique signifie aussi une perte d’eau lors de cette opération. Entre deux maux, il faut prendre le moindre, un envahissement d’adventices s’accompagne aussi de perte d’eau pour la croissance de celles-ci, le faux-semis reste une technique intéressante.

Le paillage du sol permet une très grande économie d’eau. La combinaison avec l’effet désherbant permet aussi une réduction significative des besoins de main-d’œuvre pour le désherbage. Le paillage de la culture avec un voile non thermique est une technique efficace. L’avantage est de limiter l’évaporation d’eau du sol et l’évapotranspiration des plantes pour limiter de l’effet du vent. Mais il n’y a que peu d’élévation de la température, ce qui est intéressant dès le milieu du printemps.

Le binage reste bien utile dans la gestion de l’eau. En rompant la capillarité, en aérant le sol et en éliminant des adventices, elle est utilisée chaque fois que possible. Les nouveautés technologiques ouvrent des espoirs grâce au pilotage automatisé, en grandes comme en petites surfaces maraîchères. L’intérêt est surtout marqué après une battance du sol en surface, comme après un orage ou une aspersion trop violente.

Dans nos conditions habituelles, la période entre le semis et la levée ou entre la plantation et la reprise a besoin d’irrigation. Les apports sont peu importants et fréquents tant que la culture n’est pas installée et reprise.

Le systèmes goutte-à-goutte sont économes en eau  et ont l'avantage d'éviter de mouiller le feuillage des cultures.
Le systèmes goutte-à-goutte sont économes en eau et ont l'avantage d'éviter de mouiller le feuillage des cultures.

Lorsque le déficit hydrique est marqué comme c’est le cas sur de longues périodes, nous prévoyons aussi des arrosages durant la croissance de la culture. Les apports se font sur base d’un calcul qui tient compte de la nature du sol et des besoins de la culture. En première approche, nous retenons des apports de 1 mm (soit 1 litre par m²) par cm de sol à irriguer pour l’aspersion. Pour l’irrigation en goutte-à-goutte, nous multiplions ce chiffre par 0,5 à 0,9 selon que les rangs sont écartés les uns des autres ou pas.

Il faut une longue expérience pour pouvoir se passer de mesures précises pour piloter son irrigation. Idéalement, nous mesurons la progression de l’humidité dans le sol grâce à deux tensiomètres positionnés à des profondeurs différentes. Le plus haut est placé pour que la cartouche sensible soit à 8 à 10 cm de profondeur lors de l’installation de la culture. Il sera ensuite descendu 15 ou 20 cm de profondeur en régime de croissance. Le second est positionné 15 à 20 cm plus bas.

F.

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