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Néonicotinoïdes, le retour…

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Souvenez-vous, nous en avions déjà fait écho dans nos pages. Le 19 janvier dernier, la Cour de justice de l’UE publiait un arrêté dans lequel elle interdisait formellement aux États membres de contourner l’interdiction des semences traitées aux néonicotinoïdes.

La nouvelle a fait bondir Christiane Lambert, la présidente du Copa, qui est revenue à la charge lors de sa première conférence de presse de l’année, le 30 janvier dernier à Bruxelles.

« À un peu moins de deux mois des semis, c’est un coup extrêmement dur porté au secteur betteravier, ô combien important pour l’UE » a-t-elle indiqué, ajoutant que « le risque serait d’enregistrer une baisse de la production de sucre et, par voie de conséquence, l’arrivée, en provenance de pays tiers, d’importations massives de produits qui auront été traités… aux néonicotinoïdes ».

Pour la dirigeante du Copa, il s’agit d’une décision « brutale » qui suscite de la colère et interroge sur une possible contagion à d’autres productions, le maïs ou le tournesol « alors que l’enrobage de semences peut éviter de quatre à six traitements aériens ».

Et de rappeler que lorsque les néonicotinoïdes ont été interdits en 2020, la jaunisse de la betterave avait fait des ravages : environ 30 % de la production était partie en fumée et certaines exploitations avaient perdu jusqu’à 70 % de leur récolte. « Ceux-là ne prendront pas le risque de replanter sans protection pour leur culture et l’on risque de perdre un potentiel de production », a regretté l’éleveuse française.

« Moins de betteraves, c’est moins de sucre pour l’industrie agroalimentaire mais aussi d’éthanol et de gel hydroalcoolique », a-t-elle souligné en déplorant que l’UE ait refusé d’attendre un an de plus pour trouver des solutions de rechange.

Christiane Lambert a vertement dénoncé les lobbies environnementalistes qui ne comprennent pas le nécessaire équilibre entre des avancées écologiques et le maintien de la sécurité alimentaire. « À chaque fois que ces sujets sont abordés, que ce soit à la Cop21 ou à la Cop15, on répète à l’envi qu’il faut concilier sécurité alimentaire et protection de la planète. Or, si l’on produit moins, cela coûtera plus cher. Ceux qui en souffriront sont les plus pauvres et les pays qui ont de vraies difficultés d’accès à l’alimentation ».

À ce stade, la commission admet ne pas encore avoir totalement évalué la portée de la décision de la Cour de justice. « Nous allons évoquer avec les États membres quelle sera la suite à donner à cet arrêt », a simplement répondu la directrice adjointe de l’Exécutif en charge de la sûreté alimentaire le 24 janvier à l’occasion de l’audition au parlement des organisateurs de l’initiative citoyenne européenne « Save Bees and Farmers » (Sauvez les abeilles et les agriculteurs) qui appelle à réduire de 80 % de l’utilisation des pesticides de synthèse d’ici 2030 et de 100 % d’ici 2035.

Marie-France Vienne

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