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«L’état actuel des stocks de pommes de terre belges n’est pas de nature à affaiblir les marchés, que du contraire»

L’évaluation des stocks en cours de commercialisation reste un élément de première importance pour appréhender l’évolution des marchés. Pour la 26e année consécutive, une enquête est menée par la Fiwap, le Carah et Inagro/PCA auprès de 208 producteurs belges de pomme de terre.

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Au 1er février, il restait chez les producteurs belges environ 66 % de la récolte initiale de pommes de terre de conservation (hors hâtives) en stocks (toutes variétés). Une proportion semblable à l’an dernier (64 %), et un peu supérieure à la moyenne des 5 dernières années (61 %). La part libre est estimée à seulement 14 % de la production initiale, chiffre le plus bas depuis février 2019 (10 %) alors que la moyenne quinquennale est de 18 %.

Plus de 70 % de la production initiale de Fontane est encore en stock (très similaire à l’an dernier (72 %) et aux 5 dernières années (72 %), environ 46 % pour Challenger, et environ 55 % pour Bintje. Les stocks d’Innovator représentent +/- 40 % de la production initiale, semblable aux 5 dernières années (42 %).

09-4054- évolution des stocks pdt-web

La production initiale 2022

Selon les estimations Fiwap/PCA la production totale belge s’élevait à 3,71 millions de tonnes (hors hâtives), en baisse de 6,5 % par rapport à la production 2021. La moyenne des 5 dernières années est estimée à 4,00 millions de tonnes. Compte tenu de la hausse de capacité de transformation des usines belges ces dernières années, la récolte 2022 était qualifiée de faible.

2,44 millions de tonnes en stock

Selon l’enquête, il restait de l’ordre de 2,44 millions de tonnes de variétés de conservation dans les hangars belges début février, très semblable à l’an dernier et à la moyenne des 3 dernières années (2,52 Mt). Fontane occupe près des 2/3 des stocks (63 %), Challenger, Innovator et Bintje chacune de 3,5 à 5,5 %, et les autres variétés de l’ordre de 24 % (contre 18 % l’an dernier). Ce panel confirme la large domination de Fontane, et la progression du groupe « autres variétés ».

21 % en libre

Toutes variétés confondues, les volumes libres sont estimés à 510.000 tonnes, contre 690.000 tonnes l’an dernier, et 710.000 tonnes en moyenne des 3 récentes années. Le stock libre actuel est le plus faible depuis février 2019. Il représente 21 % du stock total, contre 31 % en moyenne pour ces 5 dernières saisons.

Les volumes sous contrats atteignent 1,93 million de tonnes, contre 1,85 Mt l’an dernier et 1,81 Mt de moyenne sur 3 ans. Ils sont donc plutôt importants par rapport aux années récentes. Sur les 5 dernières années seul février 2021 montrait un stock contracté plus élevé (1,98 Mt).

09-4054- Estimations de productions pdt-web

Par variétés

Bintje : Il y a toujours moins de Bintje produites en Belgique, de sorte que les stocks actuels sont estimés à seulement 85.000 tonnes (chiffre à considérer avec prudence vu l’étroitesse du panel de producteurs encore concernés). Ils étaient encore de 150.000 à 200.000 tonnes ces 2 dernières années. Le stock actuel se répartit pour 55.000 tonnes sous contrat et 30.000 tonnes en libre. La période mi-novembre – début février n’aurait dégagé que 40.000 tonnes, dont 20.000 tonnes sous contrat.

Challenger : La production et les stocks de Challenger en Belgique ont aussi tendance à baisser ces dernières années. Les stocks actuels sont évalués à +/- 130.000 tonnes, dont 40.000 tonnes libres et 90.000 tonnes contractées. Alors que les stocks ces 3 dernières années ont varié entre 140.000 et 240.000 tonnes. Selon l’enquête, la valorisation de Challenger a eu lieu pour moitié sortie champ (80.000 tonnes) et pour moitié entre mi-novembre et début février (70.000 tonnes).

Fontane : Avec 1,53 Mt estimées début février, le stock de Fontane est inférieur aux 2 dernières années (1,63 et 1,68 Mt). L’essentiel du stock de Fontane est sous contrat (1,20 Mt), soit 50.000 t de plus que l’an passé, mais 130.000 t de plus que la moyenne triennale. Il reste donc 330.000 t de libre, c’est beaucoup moins que la moyenne des 3 dernières saisons. Le déstockage a été similaire à l’an dernier, avec 260.000 tonnes sortie champ et 340.000 tonnes depuis mi-novembre.

Innovator : L’enquête estime les stocks d’Innovator à 120.000 tonnes, semblables à l’an dernier, soit moins que toutes les années récentes. La part libre est faible (seulement 20.000 t). Les marchés semblent avoir dégagé 80.000 tonnes sortie champ, et 90.000 tonnes depuis mi-mi-novembre.

Autres variétés de conservation : Avec 570.000 tonnes estimées au 1er février, les stocks sont bien supérieurs à toutes les années récentes (qui ont varié entre 330.000 et 510.000 tonnes), confirmant ainsi le développement de la palette variétale à côté de Fontane. La moyenne des 3 dernières années est de 460.000 tonnes. Leur stock est très majoritairement sous contrat (plus de 100.000 tonnes de plus que ces 3 dernière saisons. Le stock libre est faible (de l’ordre de 80.000 tonnes). Seulement 60.000 tonnes auraient été bougées depuis mi-novembre.

Dégagement de la récolte 2022

Entre la récolte et le 1er février, 1,53 million de tonnes de pommes de terre ont été livrées (dont 0,27 million de tonnes de hâtives). Ce chiffre est inférieur à la moyenne quinquennale (1,87 million de tonnes) et est uniquement dû à une forte baisse des ventes contractuelles.

Avant le 10 novembre, 0,66 million de tonnes de pommes de terre de conservation avaient déjà été livrées. Avec les hâtives, cela représente 0,92 million de tonnes. En pourcentage, les ventes se sont bien déroulées (39 % de la production initiale), mais exprimées en tonnes, elles ont été un peu plus faibles que la saison dernière (-6 %). Elles sont également 14 % en dessous de la moyenne quinquennale. Malgré la baisse de la production de pommes de terre libres, les ventes de pommes de terre libres ont été remarquablement élevées, avec même plus de 30 % de ventes supplémentaires par rapport à la moyenne quinquennale.

Si l’on considère spécifiquement Fontane, avant le 10 novembre, l’enquête enregistre des ventes supérieures d’un quart à celles des années précédentes. Ceci est entièrement dû aux pommes de terre libres : cette année, la quantité de Fontane libre a déjà plus que doublé par rapport aux cinq dernières années. En contrepartie, la quantité de contrats livrés a été inférieure d’un quart. Par rapport à la moyenne quinquennale, les ventes de Bintje, Challenger, Innovator et des autres variétés de stockage ont été nettement inférieures. Pour Bintje et Challenger, ce constat vaut tant pour les pommes de terre libres que pour celles sous contrat. Pour Innovator et le groupe des autres variétés de conservation, les ventes des pommes de terre libres ont été plus élevées, mais pas celles des contrats.

Entre le 10 novembre et le 1er février, 610.000 tonnes ont été livrées, dont 1/3 de pommes de terre libres. Les ventes ont donc été plus faibles au cours des 2,5 derniers mois par rapport à la moyenne quinquennale, tant en termes de contrats que de pommes de terre libres. Seule la saison 2020-21 a dégagé moins de pommes de terre pendant cette période.

Seule Fontane a été davantage dégagée (+8 %) par rapport à la moyenne quinquennale (tant en libre qu’en contrat). La différence avec la saison dernière est faible. Les ventes de Bintje, Challenger, Innovator et de l’autre groupe de variétés de conservation sont inférieures à celles de la saison dernière et à celles des cinq dernières années.

Des chiffres en lien avec une production « non excessive »

L’enquête au 1er février montre des stocks belges – toutes variétés confondues – de l’ordre de 2,44 Mt, légèrement inférieurs aux 2 dernières saisons (récoltes 2020 et 2021), et supérieurs aux 2 années encore précédentes (récoltes 2018 et 2019). Ces chiffres ne sont pas surprenants compte tenu de la faiblesse de la production 2022 qualifiée depuis le début de saison de « non excessive ». La part libre s’avère particulièrement faible avec seulement 500.000 tonnes encore négociables par les producteurs belges. C’est le résultat d’une activité intense des marchés libres en début de saison. Simultanément cela signifie que les acheteurs ont davantage de pommes de terre en main (près de 2 millions de tonnes) que l’an dernier à la même date.

Fontane domine

Fontane domine la production belge puisqu’elle constitue plus de 60 % des stocks actuels. Parmi les autres variétés majeures, Innovator, Challenger et Bintje se tiennent de près mais elles ne totalisent plus que 10 à 15 % des stocks à elles trois. Tandis que les autres variétés (dont Markies) tendent à se développer toujours plus, signe que la recherche des variétés « du futur » se poursuit, en particulier des variétés de longue conservation.

Et les autres marchés d’approvisionnement ?

Gardons un œil sur les autres marchés d’approvisionnement de nos usines. Rappelons qu’à l’échelle du NEPG (Allemagne, Belgique, France et Pays-Bas), la production 2022 était en baisse de 5 % par rapport à 2021 (soit -1,2 million de tonnes), mais avec une grande disparité de situation puisque les Pays-Bas ont produit davantage (+430.000 tonnes, soit +13 %), au contraire des autres pays (-1.640.000 tonnes ensemble). On sera donc attentif à la disponibilité plus élevée de pommes de terre aux Pays-Bas pour le reste de la saison. L’export en frais (vers l’Afrique, l’Europe du Sud et de l’Est) tourne néanmoins bien et dégage des volumes considérables en concurrence avec l’industrie de transformation).

La demande globale devrait se maintenir

Les usines semblent tourner à régime régulier, et les acheteurs restent prudents dans leurs achats vu les incertitudes toujours bien présentes sur les marchés des produits finis. Ces incertitudes sont géopolitiques (liées à l’instabilité du monde actuel), mais aussi économiques (craintes de récession économique dans certaines parties du monde, réduction des ventes si le prix des produits finis devient réellement trop élevé).

À court terme néanmoins, la demande globale (industrie et export frais) devrait se maintenir et l’état actuel des stocks belges n’est pas de nature à affaiblir les marchés, que du contraire. La bonne tenue des prix actuels sur les marchés libres le confirme.

D’après la Fiwap

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