Dans les vergers du bassin méditerranéens: aux côtés de l’olivier, d’autres fruits se distinguent
Notre visite des jardins du bassin méditerranéen nous emmène à la découverte de diverses espèces, très différentes l’une de l’autre, mais dont les fruits agrémentent fréquemment nos tables. Agrumes, amandiers, annones et arbousiers n’ont ainsi rien à envier à l’emblématique olivier.
Certains de ces fruits sont présents sur nos marchés tout au long de l’année grâce à la complémentarité des deux hémisphères du monde, comme les oranges et les citrons. D’autres ont conservé un caractère saisonnier, bien que des efforts soient faits pour prolonger leur période de vente. C’est, par exemple, le cas des clémentines.
Nous présenterons ici par ordre alphabétique les fruits les plus fréquemment présents dans le pourtour méditerranéen. Les conditions (micro-) climatiques et les traditions alimentaires peuvent amener des différences dans l’assortiment de chaque région. Le commerce d’exportation tend à développer le caractère « produit de niche » afin que les consommateurs identifient et différencient un produit donné de la masse générale par son origine, ou son mode de production : par exemple « oranges de montagne », « oranges maltaises de Tunisie », « fruits issus de culture raisonnée », et d’autres encore.
La grande famille des agrumes
Comme l’olivier, les agrumes ne sont pas originaires du bassin méditerranéen, mais de l’Asie du Sud-Est, et leur introduction en occident est très ancienne. Les zones consacrées aux agrumes autour de la Mer méditerranée sont plus localisées que les oliveraies afin de répondre au mieux à leurs exigences climatiques un peu plus grandes, surtout en période hivernale. Elles représentent cependant un quart de la production mondiale d’agrumes.
Au 19ème siècle, l’importation en Belgique d’agrumes provenant d’Espagne ou d’Italie se développa grâce à la construction de lignes de chemins de fer. L’organisation d’un commerce maritime entre le Maghreb et le Sud de la France vint plus tard. Actuellement le transport par camions réfrigérés a supplanté en grande partie le chemin de fer.
Le caractère saisonnier des agrumes a disparu ou s’est atténué. Les plus anciens vous diront que les oranges étaient le fruit de décembre : de la Saint-Nicolas à la Noël et au Nouvel An, et que la saison des mandarines (avec de très nombreux pépins !) était bien plus courte que celle des clémentines actuelles (quasi sans pépins).
Dans la famille des Rutacées, trois genres se partagent inégalement les agrumes.
Des fruits très variables
Le système radiculaire des agrumes est assez superficiel et oblique. En bon sol 80 % des racines sont à moins d’un mètre de la surface. Ils préfèrent un sol lourd bien drainé à un sol trop léger et craignent une nappe phréatique haute (risque d’asphyxie des racines).
La couronne est globuleuse ou ovale, à feuillage persistant (sauf Poncirus : feuillage caduc à 3 folioles). Les feuilles sont simples et luisantes avec parfois un aileron sur le pétiole. Les fleurs comptent cinq pétales blancs et sont très odorantes.
Les fruits sont de dimensions, forme, teinte, épaisseur du zeste… très variables. Tous comportent en quantité variable des glandes oléifères riches en huiles essentielles, très utilisées en parfumerie et divers usages culinaires. Leur chair est divisée en quartiers : 9 à 11 chez les oranges, 8 à 11 chez les citrons, 11 à 15 chez les pomelos…
Les graines sont en nombre variable selon l’espèce et la présence d’arbres pollinisateurs ; souvent la graine contient plusieurs embryons : un embryon gamétique issu de la fécondation, et qui porte les caractères des deux parents, ainsi que plusieurs embryons nucellaires issus de cellules du sac embryonnaire, et qui ne portent que les caractères de la plante-mère. Le semis de ces graines donne une plantule hybride et plusieurs plantules identiques à la plante-mère.
Enfin, le cycle de vie se décrit comme tel : phase juvénile : 5 à 7 ans ; phase de production : jusqu’à 60 ans ; phase sénile : après 30 ou 40 ans.
Des exigences limitantes côté températures
La température est le responsable principal de la distribution des cultures d’agrumes : il faut éviter tout risque de gel et des températures estivales trop souvent supérieures à 32ºC ! À 40ºC, les fleurs et les jeunes fruits sont détruits. La moyenne hivernale idéale se situe entre 10 et 12ºC tandis que la moyenne idéale estivale oscille entre 22 et 24ºC. Le minimum est de 12ºC pendant la floraison et -3ºC pendant la végétation. Des dégâts aux branches surviennent de -3ºC à -9ºC selon l’espèce ; les sujets porte-greffe Poncirus trifoliata améliorent la résistance au froid.
On croit souvent que les agrumes supportent bien la chaleur. C’est exact pour des durées faibles, à condition que le degré hygrométrique de l’air soit suffisamment élevé. Les vents très chauds et très secs soufflant du sud sont particulièrement nuisibles, d’où l’utilité des brise-vent.
Les amandiers : fruits secs ou à noyau du genre Prunus ?
Ces arbres fruitiers sont classés selon les uns parmi les fruits secs puisque la partie consommée est la graine, qui est entourée par une enveloppe ligneuse, tandis que pour d’autres, les botanistes, ils font partie du genre Prunus, qui comprend différentes espèces de fruits à noyau, comme les cerisiers, les pruniers, les pêchers ou les abricotiers. Enfin on qualifie les amandiers d’arbres méditerranéens puisque leurs exigences en ce qui concerne le climat, notamment les températures hivernales et estivales, correspondent assez bien au climat méditerranéen.
On les rencontre dans les jardins où ils fournissent leurs fruits récoltés encore verts pour certaines variétés ou secs. Leur floraison abondante et spectaculaire, très précoce en fin d’hiver, sera l’annonce de la nouvelle saison qui va arriver. On les rencontre aussi en plantations semi-intensives à une densité de 150-300 arbres par hectare, et dans la nature : soit des arbres qui se sont semés spontanément dans des bosquets ou le long des chemins, ou qui ont été plantés par l’homme dans le cadre de programmes de lutte contre l’érosion de sols en pente.
Pour le botaniste, l’amandier est ap
La floraison a lieu très tôt, avant la feuillaison, ce qui accentue son effet décoratif ; les fleurs sont solitaires, d’un diamètre de 3,5 cm, blanches ou roses, odorantes, à pédoncule très court. La fécondation est assurée par la variété elle-même, ou par d’autres variétés fleurissant au même moment. Les fruits ont une enveloppe mince, duveteuse, vert-grisâtre, qui se fend en deux à maturité, libérant une (et parfois deux) graine(s) à chair huileuse.
L’amandier existe dans le bassin méditerranéen depuis 5.000 à 6.000 ans ce qui fait dire à certains qu’il en est originaire. Il semble que son centre d’origine se situe plus à l’Est, d’où il s’est implanté en Asie mineure ; son introduction dans le pourtour méditerranéen remonte à la fin de l’Empire romain. L’arbre est peu exigeant en ce qui concerne le sol à condition qu’il ne soit pas trop humide, même pendant une courte période. Il est tolérant en ce qui concerne le pH. Par contre le climat doit être exempt de gelées tardives qui endommageraient la floraison, même si l’arbre résiste bien au gel hivernal jusqu’à -20ºC pendant l’arrêt de la végétation. Les programmes de création de variétés nouvelles recherchent une floraison tardive afin d’éviter les gelées printanières.
Le classement des variétés se base sur les caractéristiques des fruits : fruits à coque dure, et amandes amères ou amandes douces, d’une part, et fruits à coque tendre, et amandes amères ou amandes douces, d’autre part. Ou encore en inversant les critères : amandes douces et coque dure ou coque tendre, d’une part, et amandes amères et coque dure ou coque tendre, d’autre part.
La production de fruits verts se fait avec des variétés douces à coque tendre, celle des amandes sèches avec des variétés douces à coque dure et celle d’huile avec des amandes amères. Les amandiers cultivés sont multipliés par greffage sur francs (= semis) d’amandier ou de pêcher, sur hybrides pêcher X amandier ou sur pruniers ‘Saint-Julien’ ou ‘Myrobolan’.
Pour la culture en verger semi-intensif on adopte des densités de 150 à 300 arbres par hectare, et les arbres sont formés en buisson ou en gobelet, avec renouvellement du bois fruitier tous les trois ans au moins.
Les annones ou chérimoliers laissent un goût d’Espagne
Les arbousiers… J’en mange un !
Wépion