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Les arbres fruitiers des jardins méditerranéens: quelques espèces à découvrir, déguster et, éventuellement, cultiver

Les fruitiers des jardins méditerranéens sont nombreux. Si l’olivier demeure le plus connu d’entre eux, nous avons également rencontré les agrumes, l’amandier… durant notre voyage. Partons maintenant à la découverte de quelques autres espèces qui méritent, elles aussi, notre attention… et valent une dégustation !

Temps de lecture : 12 min

Nous poursuivons ici la présentation par ordre alphabétique des arbres et arbustes fruitiers que l’on rencontre couramment dans les jardins et les vergers des régions qui bénéficient d’un climat méditerranéen. Certains lecteurs s’étonneront peut-être de ne pas avoir vu ici les Actinidias (kiwis et kiwaïs). Or, il s’agit de plantes sarmenteuses originaires d’Extrême-Orient qui demandent certes une saison de végétation chaude, mais aussi un air humide, ce qui n’est pas le cas dans un climat méditerranéen. Un air trop sec provoque du « folletage », c’est-à-dire des brûlures marginales du feuillage.

D’autres plantes fruitières que l’on rencontre en régions méditerranéennes sont aussi largement répandues dans des zones plus septentrionales, et tendent à « remonter » encore davantage dans le contexte d’un réchauffement du climat, comme la vigne par exemple, et des plantes habituellement cultivées sous un climat subtropical se rencontrent désormais dans les zones méditerranéennes : les avocatiers et les papayers, notamment.

Les arganiers, d’origine marocaine

Argania spinosa = Sideroxylon argania = Argania siderioxylon (famille des sapotacées) est un petit arbre spontané dans le Sud-Ouest du Maroc, le long de la côte atlantique. Il atteint 4 à 8 m de haut et présente une cime étalée. Le bois est très dur : sideroxylon (bois de fer ou d’acier). Les rameaux sont épineux ; ils portent des petites feuilles coriaces, signe général d’adaptation aux climats secs. Les fruits ressemblent à des olives, de teint jaune, avec un noyau très dur, riche en une huile qui est extraite par cassage des noyaux puis pressage. Elle est utilisée pour la préparation de cosmétiques.

Les chèvres qui grimpent nombreuses dans les arganiers afin de brouter le feuillage et les fruits amusent beaucoup les touristes et les photographes.

Les arganiers hébergent bien souvent des visiteurs improbables :  des chèvres venant brouter leur feuillage.
Les arganiers hébergent bien souvent des visiteurs improbables : des chèvres venant brouter leur feuillage.

Les avocatiers, d’Amérique à la Méditerranée

Persea americana (famille des lauracées) est un arbre originaire d’Amérique centrale dont la culture connaît actuellement un grand développement dans les différentes régions du Monde où le climat permet sa culture. Ce n’est pas à proprement parler un arbre méditerranéen, mais les variétés dites « mexicaines » qui sont les plus résistantes au froid peuvent être cultivées dans la zone méditerranéenne, tandis que les variétés « antillaises » ou « guatémaltèques » n’y trouvent pas une chaleur suffisante.

L’arbre atteint 10 à 15 m de haut, avec une cime étalée, sphérique ou élancée. Il porte des feuilles persistantes, de 10 à 30 cm de long et 5 à 20 cm de large, vert foncé brillantes. Les fleurs sont petites, de teinte blanc-verdâtre, hermaphrodites, en inflorescences qui peuvent en compter jusqu’à 70.

Leur dichogamie (décalage chronologique entre la floraison des deux sexes) les fait classer en deux groupes. Dans le premier, les fleurs s’ouvrent le matin et le stigmate est réceptif tandis que les étamines restent fermées. À midi, la fleur se ferme ; elle s’ouvre à nouveau le lendemain après-midi, en libérant du pollen, mais le stigmate n’est plus réceptif. Dans le second groupe, ouverture des fleurs à midi avec le stigmate réceptif ; fermeture le soir ; réouverture le lendemain matin et libération du pollen. En associant des variétés de groupes différents, la fructification est plus abondante.

Les fruits sont des baies pesant de 100 g à 1 kg (300 à 400 g pour les variétés commerciales), pyriformes ou sphériques, et même ovoïdes à épiderme vert foncé ou violacé. La chair est verte, riche en lipides. On y trouve un gros noyau sphérique ou conique, qui peut être mis à germer à une température supérieure à 22-25ºC afin de produire une plante-fille.

Les variétés se multiplient par greffage sur semis de graines de race mexicaine. Plantation de 7x7 m à 10x10 m.

Les caroubiers, aux sources du « carat »

Ceratonia siliqua (famille des légumineuses ou fabacées) est un arbre de 12 à 15 m de haut, à cime étalée, que l’on rencontre dans toute la zone méditerranéenne, où il est cultivé depuis 2.000 ans. Les feuilles sont persistantes, composées d’un nombre pair (6 ou 8) de folioles ovales. L’espèce est dioïque (= sexes séparés) ; les fleurs sont groupées en grappes ou chatons. Les fruits sont de longues gousses (20-30 cm de long) brunes-violettes contenant de 10 à 16 graines noires. Celles-ci ont donné leur nom au « Carat », (= 0,205 g) unité de poids en joaillerie en raison de leur poids régulier. Elles ont un goût sucré et sont utilisées dans l’alimentation humaine et des animaux domestiques. La farine de caroubes est utilisée comme épaississant dans l’industrie alimentaire.

Multiplication par bouturage, ou greffage sur semis. Plantation à 10-12 m.

Cultivé depuis 2.000 ans dans la zone méditerranéenne, le caroubier se distingue  notamment par ses feuilles persistances, composées de 6 à 8 folioles ovales.
Cultivé depuis 2.000 ans dans la zone méditerranéenne, le caroubier se distingue notamment par ses feuilles persistances, composées de 6 à 8 folioles ovales.

Les feijoas, à protéger en hiver

Feijoa sellowiana (= Acca sellowiana) appartient à la famille des myrtacées. Cet arbuste à feuillage glauque persistant qui peut dépasser 5 m de haut est originaire d’Amérique du Sud. Les fleurs à pétales blancs sont décoratives par leurs étamines très nombreuses à long filet rouge carmin et anthère jaune clair. Les fruits sont des baies ovoïdes de 5 à 8 cm, à chair très parfumée, consommées fraîches ou en marmelade. La fructification est irrégulière, assurée par certains oiseaux pollinisateurs.

À protéger du froid hivernal dans les régions où un gel peut survenir.

Les figuiers, et leurs fruits blancs, verts, violets ou noirs

Le genre Ficus (famille des moracées) compte plus de 600 espèces présentes dans les régions chaudes. L’une d’elles, Ficus carica donne des fruits comestibles et comprend aussi le type sauvage appelé « Caprifiguier » ou « Figuier mâle » qui est répandue dans toute la zone méditerranéenne.

L’arbre peut atteindre 10-15 m de haut, mais la taille lui donne une hauteur moindre et une forme évasée. Le feuillage est caduc, lobé. Les fleurs unisexuées sont cachées dans les « sycones », organes en forme d’urne qui contiennent le plus souvent des fleurs des deux sexes (floraison monoïque).

La fécondation des fleurs femelles est réalisée par un petit hyménoptère, Blastophaga psenes qui pénètre dans la cavité du sycone par un orifice situé à l’apex : l’ostiole. Selon les variétés et le climat local, les figuiers ont une ou deux périodes de floraison, et de production de fruits : une floraison au printemps sur jeune bois donnera des fruits en début d’automne, et une floraison de fin d’été donnera des fruits l’année suivante à la fin du printemps ou au début de l’été s’ils n’ont pas été endommagés par du froid hivernal.

Chez les caprifiguiers, le style très court des fleurs femelles rend leur fécondation impossible ; les figues sont produites sans fécondation. Des rameaux de caprifiguiers sont coupés et placés dans les vergers de figuiers afin d’en améliorer la production.

Les variétés de figues sont très nombreuses, issues de sélections faites localement ; elles se différencient par la couleur (blanche, verte, violette ou noire), la forme, le calibre et l’époque de production des fruits.

Les figues sont consommées fraîches ou après séchage ; elles entrent dans différentes préparations de viandes, ou en confitures et dans la production d’alcool.

Les figuiers formés en buisson doivent être plantés à 7-10 m d’écartement. On les multiplie par boutures à talon prélevées sur bois de 2 ou 3 ans, ou boutures simples prélevées au pied d’un arbre non greffé. Le greffage est rarement pratiqué.

Les figuiers de Barbarie, des fruitiers multifonctionnels

Quelques plantes succulentes appartenant à la famille des cactacées produisent des fruits comestibles pour les humains, tandis que leurs « raquettes » sont destinées à nourrir les animaux domestiques en période de disette.

Le genre Opuntia compte environ 200 espèces, originaires d’Amérique tropicale. Beaucoup d’entre elles se sont parfaitement naturalisées dans le bassin méditerranéen, au point d’y être considérées comme des plantes invasives dans des espaces inaccessibles, des friches, des zones rocheuses…

Opuntia ficus-îndica est originaire du Mexique ; c’est l’espèce la plus cultivée pour la production de fruits comestibles. La plante peut atteindre 2 à 4 m de hauteur ; elle est utilisée pour clôturer des terrains pâturés. Les raquettes sont longues de 30 à 45 cm ; elles ont une forme elliptique. Au printemps, elles portent sur leur bord supérieur des fleurs à ovaire charnu, de teinte rouge, peu épineux, à pétales jaunes, contenant de très nombreuses petites graines noires.

Quelques plantes succulentes appartenant à la famille des cactacées produisent des fruits comestibles pour les humains, tandis que leurs « raquettes »  sont destinées à nourrir les animaux domestiques en période de disette.
Quelques plantes succulentes appartenant à la famille des cactacées produisent des fruits comestibles pour les humains, tandis que leurs « raquettes » sont destinées à nourrir les animaux domestiques en période de disette.

Les grenadiers, autant de graines que de jours

Punica granatum est un arbuste de la famille des Punicacées dont la hauteur maximale varie de 3 à 5 m. Il est cultivé depuis l‘Antiquité au Proche-Orient (Iran, Afghanistan), dans des zones à climat chaud et sec, non gélives. Le feuillage est caduc ou non selon le climat.

Il est planté dans les jardins à la fois pour l’ornement et pour la production fruitière. Les fleurs sont hermaphrodites, solitaires ou par petits groupes de 2 à 3, de 3 cm de diamètre, à pétales rouge-vif, à partir de mai-juin. Les fruits mûrissent à la fin de l’année. Ce sont des baies globuleuses à épiderme coriace, jaune-brun. Ils contiennent des graines entourées d’un tissu gélatineux sucré et parfumé. Ils sont consommés frais, ou utilisés pour l’extraction du jus. Une tradition veut que la grenade contienne autant de graines qu’il y a de jours dans l’année… À vérifier !

Les kakis, fruits des Dieux

Diospyros kaki, le kaki oui plaqueminier, serait selon son nom générique la « poire des Dieux », un surnom très flatteur pour ce fruit fragile qui n’est bon à déguster que pendant un temps très court, entre la non-maturité et la surmaturité.

La plante est originaire du Japon et de Chine, d’où elle a été importée depuis 1850 dans le bassin méditerranéen, alors que sa culture est très ancienne en Asie. Elle appartient à la famille des Ebénacées. L’arbre peut atteindre 6 m de haut ; la couronne est dense, composée de grandes feuilles caduques, ovoïdes (10-20 cm) vert-foncé brillantes à la face supérieure, velues à la face inférieure. Les fleurs sont monoïques, ou parfois bisexuées, situées à l’aisselle des feuilles. Certaines fleurs femelles peuvent évoluer en fruit par parthénocarpie, c’est-à-dire sans qu’elles aient été fécondées ; ces fruits ne contiendront pas de graines.

Les fruits – très fragiles – ressemblent à des tomates de 6 à 8 cm de diamètre : l’épiderme va du jaune clair au rouge, avec un grand calice à 4 sépales. La chair est gélatineuse, juteuse, sucrée (13-19 % de glucose), astringente avant maturité à cause de sa richesse en tanins, riche en vitamine A ; elle contient 4 à 8 graines. Les fruits sont consommés crus, en salade avec d’autres fruits exotiques, ou cuits en marmelade. Les fruits frais ont une conservation très courte ; les fruits séchés se conservent plus longtemps.

Les variétés fruitières se multiplient par greffage sur francs de Diospyros virginiana, une autre espèce d’origine américaine. La plantation se fait à 5 m d’écartement. Les fruits sont très fréquemment attaqués par la cératite (mouche méditerranéenne des fruits), de sorte que des traitements sont indispensables.

Les mûriers, fruitiers… ou décoratifs

Attention : ces grands arbres ne doivent pas être confondus avec les ronces, plantes sarmenteuses, en raison de la ressemblance des fruits.

Le genre Morus (famille des moracées) compte une demi-douzaine d’espèces d’arbres à feuillage caduque présents en Orient et introduits en Europe ; ils sont dénommés « mûriers blancs-rouges-noirs » selon la couleur des fruits. Le mûrier blanc compte aussi plusieurs variétés à feuillage décoratif ou à rameaux pleureurs, plantés comme arbres d’alignement. Son feuillage était l’aliment des vers à soie.

L’espèce dont les fruits sont les plus appréciés est le Mûrier noir (Morus nigra), arbre atteignant 10 à 15 m de haut à couronne large et grandes feuilles velues. La floraison est monoïque ; les fleurs sont groupées en petits chatons. Les fruits, plus gros que ceux du mûrier blanc, mûrissent en août-septembre ; ils sont utilisés en confiture, ou pour la production d’un jus destiné à colorer d’autres aliments et boissons (le vin rouge par exemple !).

La plantation de mûriers noirs en alignement ou près d’une zone de repos est déconseillée en raison des taches laissées par les fruits.

Les néfliers du Japon, au goût de pomme

Eriobotrya japonica est un arbuste ou un petit arbre qui atteint 4 à 5 m de haut, qui appartient à la famille des Malacées. Au printemps, pendant la maturation des fruits, les touristes confondent souvent les néfliers du Japon et les abricotiers, bien que le feuillage soit tout à fait différent : très longues feuilles persistantes, coriaces dentées chez les premiers, petites feuilles caduques cordiformes chez les seconds. La consommation des fruits enlèvera les derniers doutes : plusieurs grosses graines chez les premiers, et un seul gros noyau chez les seconds. De plus, la chair des néfliers du Japon a un goût de pomme.

La floraison des néfliers du Japon intervient en automne et en hiver ; les fleurs sont groupées en longues grappes terminales, et elles s’épanouissent tout au long de la mauvaise saison. Quelques-unes évoluent en fruit. Avant maturité, leur acidité est très forte : il faut récolter à pleine maturité puis consommer rapidement car les fruits sont fragiles et leur conservation est courte.

La multiplication par semis est déconseillée pour les variétés fruitières : le calibre des fruits est très petit. Elles se multiplient par greffage en automne : écussonnage à œil dormant sur francs de néflier du Japon ou sur cognassier.

Les néfliers du Japon doivent être récoltés à pleine maturité puis consommés  rapidement car les fruits, au goût de pomme, sont fragiles.
Les néfliers du Japon doivent être récoltés à pleine maturité puis consommés rapidement car les fruits, au goût de pomme, sont fragiles.

Les palmiers-dattiers, aux origines imprécises

L’origine exacte de Phoenix dactylifera, ces arbres fruitiers si importants pour la survie des populations vivant dans les oasis des zones désertiques ou semi-arides depuis la préhistoire n’est pas connue avec précision. Ce ne sont pas des plantes des déserts eux-mêmes, parce que leurs besoins en eau sont considérables. Ils peuvent atteindre 30 à 35 m de hauteur.

La végétation est quasi continue, et elle ne se ralentit que lorsque la température du sol est inférieure à 12ºC, et celle de l’air à 18ºC. Pendant le développement des fruits, des périodes pluvieuses sont à éviter. La production commence vers la quatrième année, pour un siècle environ.

Les palmiers-dattiers sont dioïques ; on les multiplie par séparation au printemps de rejets d’un arbre du sexe souhaité. Dans une palmeraie nouvelle, la proportion idéale est de 3 ou 4 mâles par hectare.

La pollinisation des inflorescences femelles s’effectue dès l’ouverture des fleurs. Les inflorescences mâles sont récoltées puis séchées, et enfin secouées dans une inflorescence femelle. Après quoi, celle-ci est fermée par un lien qui indiquera qu’elle a été pollinisée.

La récolte s’effectue en sectionnant les inflorescences ; les dattes non encore mûres sont placées dans un local chaud et ventilé.

Les pistachiers, à récolter à maturité

Pistacia vera (famille des anacardiacées) est un petit arbre à croissance lente qui ne dépasse pas 3 à 5 m de haut. Originaire du Moyen-Orient, on le rencontre dans tout le pourtour méditerranéen. Il supporte de faibles gelées et de fortes chaleurs, ainsi qu’une forte sécheresse. Les feuilles sont composées de 3 à 11 folioles ovales. La plante est dioïque, et demande la présence d’un arbre mâle à floraison simultanée, en vue d’obtenir des fruits. En vergers, il faudra en prévoir 10 %.

Les pistachiers femelles sont multipliés par greffage sur une autre espèce plus vigoureuse : Pistacia terebinthus ou Pistacia atlantica. La récolte se pratique à maturité, lorsque la coque des fruits s’entrouvre.

Et quelques autres…

D’autres plantes fruitières peuvent aussi se rencontrer dans les jardins méditerranéens, là où le climat est suffisamment chaud, mais où par exemple l’air est trop sec. On peut citer parmi elles : les kiwis et kiwaïs, les litchis, les manguiers, les papayes, les passiflores…

Ir. André Sansdrap

Wépion

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