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La pomme de terre, pour une alimentation équilibrée et plaisante, relevant les défis sociétaux

Nicolas Guggenbühl, diététicien et expert en nutrition, rappelle les vertus de la pomme de terre, tant d’un point de nutritionnel qu’environnemental.

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À l’heure où nombreux sont ceux qui cherchent leur salut en supprimant tout une série d’aliments, le spécialiste se dit heureux de parler de manière positive d’un produit qui a sa place dans notre alimentation. « On subit la mode des « sans », sans lactose, sans gluten, sans sucre, sans viande… Comme si supprimer rassurait alors que manger doit rester un acte positif, on ne va pas construire une alimentation équilibrée en éliminant tout une série d’aliments. J’aime rappeler que la diététique c’est 50 % de « diététox » ou « toxi-information » alimentaire. Tout le monde a son avis sur tout et la patate n’y échappe pas. Elle a tendance à être évincée des repas, plus particulièrement dans les régimes sans glucides alors que d’un point de vue nutritionnel elle y a tout à fait sa place ».

La pomme de terre est riche en eau (et l’eau ne fait pas grossir !), pauvre en graisse (évidemment quand on parle de chips ou frites, ça change un peu !), légère en calories, source de fibres et source de potassium. « Pour ce dernier point, elle l’est même davantage que les pâtes. Pourtant, les sportifs ne jurent que par celles-ci alors que la pomme de terre est tout aussi indiquée ».

Selon les recommandations du Conseil Supérieur de la Santé

La pomme de terre est avant tout source de glucides complexes. La population en est en manque. Pourtant, ils devraient constituer la principale source d’énergie d’une alimentation équilibrée. « En effet, le Conseil Supérieur de la Santé recommande que 50 à 55 % de l’apport énergétique total provienne des glucides. Plus de la moitié des calories que nous ingérons devraient donc venir de la catégorie alimentaire des féculents dont fait partie la pomme de terre ».

Et d’ajouter : « Certains affirment que les régimes pauvres en glucides ont leurs avantages mais si on analyse les courbes de risque de mortalité en fonction de la part calorique consacrée aux glucides de différentes études, on constate bien que la mortalité est la plus faible pour les apports recommandés par le Conseil Supérieur de la Santé. ».

Un index glycémique pas si mauvais que proclamé

L’index glycémique de la pomme de terre n’a pas toujours bonne presse non plus. « L’index glycémique explique la vitesse à laquelle le taux de sucre augmente dans le sang quand un aliment est consommé. On cherche à l’étaler un maximum car il favorise la formation de graisse et la réapparition rapide de sensation de faim. La pomme de terre a un index glycémique élevé si elle est consommée bouillie et seule mais la mixité des repas l’abaisse. La pomme de terre doit être considérée comme un élément d’un repas composé d’une source de protéines et de fibres qui font chuter cet index. Refroidie, elle a également un index glycémique plus faible. Les données présentées dans les pyramides alimentaires sont donc souvent trompeuses puisque sorties du contexte de consommation. ».

Elle répond à certains besoins spécifiques

Même si, pour lui, l’alimentation sans gluten est trop plébiscitée, il est bon de rappeler que la pomme de terre n’en contient pas et peut donc répondre à la soif de manger sans gluten.

Elle a également un rôle à jouer dans la santé digestive et les régimes pauvres en Fodmaps (composés fermentescibles responsables notamment du syndrome de l’intestin irritable et autres maladies inflammatoires chroniques de l’intestin) puisqu’elle n’en présente pas non plus.

Un impact environnemental faible

Cuite à l’eau, la pomme de terre a également un impact environnemental faible (calculé selon la méthodologie européenne PEF sur base de 16 indicateurs). « En s’utilisant de manière similaire, son impact est quatre fois moins élevé que les pâtes fraîches aux œufs et six fois moins élevé que le riz ».

Nicolas Guggenbühl rappelle aussi que l’important est également de connaître son impact environnemental par rapport à ce qu’elle apporte. « Dans ce cas, on ne peut pas comparer cela à une laitue. De par sa composition nutritionnelle et son impact environnemental, la pomme de terre est en bonne place pour relever le défi d’une alimentation équilibrée, accessible et plaisante ».

Delphine Jaunard

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