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Comment gérer les mammites dans son élevage laitier?

HappyMoo est une étude dont l’objectif est d’évaluer le bien-être des vaches laitières. Financé par l’Europe, cofinancé par la Région wallonne, et mené, notamment, par le Cra-w, Elevéo et l’Ulg, ce projet a développé plusieurs outils afin de surveiller l’absence de faim, de maladie et de stress chez ces bovins. Parmi eux, une fiche technique consacrée à la problématique sanitaire numéro 1 en élevage laitier : les mammites.

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Selon les scientifiques du projet HappyMoo, la perte liée aux mammites peut aller de 50 à plus de 350 € par vache et par an ! Outre cet impact économique, cette infection affecte autant le bien-être du bovin (douleur, baisse éventuelle de l’ingestion…) que celui de l’éleveur (stress, perte de temps…).

Par ailleurs, rappelons qu’il existe deux types de mammites : cliniques avec une modification de l’aspect du lait et même un impact sur l’état général de l’animal, et subcliniques, sans signe visible. Il n’y a alors que le comptage cellulaire qui peut identifier la présence de l’infection.

Cette maladie est provoquée par des bactéries qui proviennent de l’environnement ou de la mamelle. Celles à dominante environnementale, causées à cause d’un environnement souillé, comme une litière humide, entraînent généralement des mammites cliniques. Elles peuvent être sévères et sont souvent de courte durée.

Les bactéries à dominante mammaire se traduisent, quant à elle, généralement par des mammites subcliniques, qui peuvent être plus longues avec, notamment, un enkystement de staphylocoque doré dans le tissu mammaire. Les animaux se contaminent souvent lors de la traite via les griffes non désinfectées entre chaque vache par exemple et a fortiori en cas de lésions de trayons.

Plusieurs facteurs peuvent également provoquer cette maladie, comme l’habitat, la traite, la conduite d’élevage, qui impliquent les soins prodigués lors des mammites.

En outre, l’équipe du projet HappyMood rappelle que l’alimentation a un impact indirect sur la santé mammaire de l’animal.

Détecter l’infection

La meilleure méthode de détection précoce des mammites reste l’élimination systématique des premiers jets pour une observation à chaque traite et sur l’ensemble du troupeau. Idéalement, il faut utiliser un bol avec un fond noir, ce qui permettra de détecter toute modification macroscopique de l’aspect du lait, comme les grumeaux.

Bien que cette méthode ne soit pas suffisamment précise et précoce, l’observation et la palpation du quartier permettent aussi de repérer des signes d’inflammation (rougeur, douleur, chaleur…).

Pour les exploitations équipées de robots, cette détection passe par l’observation biquotidienne des vaches et des indicateurs disponibles par les logiciels.

D’autres méthodes existent également, comme le test indirect, appelé le Californian Mastitis Test (CMT ou leucocytest) qui permet de repérer le quartier infecté grâce à une gélification et/ou modification de la couleur du lait.

L’analyse bactériologique individuelle reste, elle, une référence puisqu’elle peut identifier les bactéries en cause et comment elles se sont propagées. On peut également utiliser des kits de tests PCR pour vérifier le lait stocké dans les réservoirs de lait.

Le projet HappyMood a aussi travaillé sur la recherche de biomarqueurs qui sont comme des signaux d’alarme pour indiquer la présence d’une infection de la mamelle. Cela facilite la détection précoce de la maladie.

Soigner la bête de manière adéquate

En cas d’infection, le premier réflexe est évidemment de discuter des soins à apporter avec son vétérinaire.

S’il s’agit d’un traitement durant la période lactation, ce dernier doit être réalisé de manière précoce afin d’optimiser le taux de guérison, tout en limitant la propagation de la bactérie auprès des autres bovins. Il faudra alors traiter à minima par voie intramammaire le quartier infecté. Cette opération doit être réalisée dans des conditions très propres et stériles afin d’éviter d’introduire des bactéries.

Pour les inflammations sévères, des anti-inflammatoires peuvent être utilisés. De plus, un traitement par voie générale peut se révéler nécessaire. C’est le cas pour une mammite colibacillaire.

Si les signes de la maladie ne disparaissent pas dans les 48 heures ou si le même quartier reste infecté au bout de trois semaines, cela signifie que ces premiers soins n’ont pas fonctionné correctement. Dans ce cas, il est recommandé de passer au second traitement et de continuer à désinfecter la griffe. Au-delà de deux traitements par quartier avec des molécules différentes sur une même lactation, il est anti-économique de continuer à traiter le bovin. Assécher le quartier, tarir la vache avec un antibiotique ou réformer la bête seront malheureusement les seules alternatives.

Le traitement au tarissement

Le traitement au tarissement est une méthode pour soigner durablement les vaches qui présentent des infections de la mamelle et pour éviter que de nouvelles apparaissent. On utilise des antibiotiques pour traiter les vaches qui ont plus de 100.000 cellules par ml de lait ou celles qui ont eu une infection de la mamelle au cours des trois derniers mois.

Si, une semaine après le vêlage, la vache présente toujours un niveau cellulaire élevé, cela signifie que la maladie est très grave et qu’il est peu probable qu’elle guérisse. Dans ce cas, assécher définitivement le quartier ou réformer la vache seront les seules issues.

Lorsque le risque de contamination au tarissement existe, la prévention des nouvelles infections peut être améliorée en utilisant un obturateur pour fermer temporairement le canal du trayon. Cette opération peut être réalisée seule ou après l’utilisation d’antibiotiques.

« Dans tous les cas, fournir un habitat de qualité et une alimentation adaptée aux besoins spécifiques des vaches taries est également indispensable pour assurer une bonne efficacité du traitement ciblé sélectif », indique l’étude.

Adopter les bons réflexes

Enfin, la maîtrise durable de la santé mammaire en élevage passe obligatoirement par une gestion globale et intégrée des mammites, via notamment :

 La détection précoce des quartiers infectés et la précocité d’intervention.

 L’identification et la priorisation des principaux facteurs de risque.

 La mise en place de mesures préventives et curatives personnalisées et adaptables par l’éleveur.

Utiliser ces mesures tout au long de l’année et sur tout le troupeau est essentiel puisque les mammites apparaissent quelle que soit la saison.

Tous les résultats de cette étude sont disponibles sur https ://vb.nweurope.eu/projects/project-search/happymoo.

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