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La vie en vert

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« Noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir et gris, c’est gris, je ne veux plus d’ennuis » chantait Johnny au mitan des années 60.

Aujourd’hui, vert sévère, est-ce qu’encore j’espère ? Il n’aura jamais été autant question d’environnement dans le landerneau européen au cours de ces dernières semaines. Avant-hier, c’était la loi sur la restauration de la nature dont le texte avait suscité un vrai psychodrame avant l’été avec une attaque en règle du Parti populaire européen qui avait agité, avec une bonne dose de mauvaise foi, la menace d’un impact fatal sur l’alimentation des Européens. Hier, la commission annonçait qu’elle allait renouveler l’autorisation du glyphosate (qui expire le 15 décembre) pour 10 ans dans l’Union.

Une dinguerie pour les environnementalistes de Nature et Progrès qui ont… vertement regretté « qu’au sein de la majorité gouvernementale fédérale de notre pays, le ministre de l’agriculture ait refusé d’écouter la science et les citoyens ». Bien que la Belgique « ne pèse pas bien lourd dans la balance européenne, obtenir une position engagée contre cette substance toxique aurait été un signal fort » avait encore réagi l’association. Pourtant, dans l’Union européenne, les ventes de glyphosate sont globalement en recul et il est dommageable que cette tendance et ces efforts ne soient pas davantage mis en avant. En 2021, elles ont atteint près de 45.000 tonnes, contre près de 50.000 tonnes l’année précédente. Sans compter que plusieurs États membres ont adopté des réglementations limitant son usage. Il n’est pas non plus inutile de rappeler que l’utilisation du glyphosate est également interdite pour les particuliers en Belgique et chez nos voisins des Pays-Bas. Au moment où vous lirez la présente édition, les eurodéputés se prononcent en session plénière sur le règlement européen relatif à l’utilisation durable des pesticides (SUR).

Quels que soient les dossiers environnementaux discutés dans les différents niveaux de pouvoir, les écologistes se défendent de vouloir effrayer les agriculteurs, pourtant concernés au premier chef par ces législations qui conditionnent leur travail, mais aussi leurs revenus.

« On se passait du glyphosate avant qu’il ne soit mis sur le marché, tout comme les agriculteurs en bio ou d’autres non labellisés qui ont décidé de ne pas y recourir » avançait le 17 novembre dernier à nos confrères de BX1 la même association, laquelle se défend de vouloir travailler contre le monde agricole.

Pour zapper le chimique, les environnementalistes préconisent un désherbage mécanique ou thermique. Une orientation loin de convaincre les agriculteurs qui ne s’inscrivent pourtant pas en faux contre une nécessaire transition écologique du secteur agricole. Celle-ci ne se fera toutefois pas sans accompagnement sérieux ni budgets dignes de ce nom. Or, à défaut de solution, certains politiques et associations continuent à prôner et à empiler les interdictions.

Marie-France Vienne

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