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La Rouge des prés possède désormais son Herd-Book!

C’est une véritable reconnaissance pour les éleveurs de la Rouge des prés. Depuis ce mois de novembre, cette race de bovins allaitants possède son propre Herd-Book pour le Benelux. Quinze éleveurs sont d’ailleurs déjà inscrits à cet outil généalogique qui permettra de certifier la filiation des animaux, de perpétuer le gène culard, mais aussi de promouvoir ces vaches rustiques originaires de l’Hexagone.

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Avec sa robe couleur pie rouge et sa musculature imposante, la Rouge des prés est reconnaissable en un coup d’œil. Des caractéristiques physiques couplées à un caractère calme, puisqu’avec ces animaux, on peut entrer dans le box sans craindre un coup de sabot. Rustiques, dociles, et peu coûteuses, sont autant de qualités qui ont séduit plusieurs éleveurs dont certains sont installés en Belgique, au Grand-Duché de Luxembourg et aux Pays-Bas. Des professionnels conquis par ces vaches allaitantes qui puisent leur origine dans la région du Mans, en France. La Mancelle, comme elle s’appelait alors, a été créée en 1908 par Monsieur de Rougé. Elle est le fruit d’un croisement entre une race locale et des taureaux d’origine anglaise, le Durham.

« En Belgique, elle a réussi à s’implanter suite à la volonté de plusieurs éleveurs de Blanc-Bleu Belge. Ils ont apprécié son efficience alimentaire et la qualité des carcasses. Au fil du temps, certains y ont pris goût et se sont mis à élever ces animaux », raconte Marcel Mambour, un des représentants wallons de la race.

Mais si depuis plusieurs années, ces professionnels ont fait le choix de travailler avec la Rouge, ceux du Benelux n’avaient toujours pas de reconnaissance officielle. Par ailleurs, il leur manquait un véritable outil capable d’assurer un suivi généalogique des animaux. « La plupart des éleveurs belges allaient en France acheter des taureaux culards. Mais leur Herd-Book est davantage axé sur des animaux non porteurs de ce gène. L’offre et la diversité génétique du rameau ont donc fortement diminué ».

Une réelle problématique pour les exploitants, dont certains s’échangeaient des taureaux pour essayer de préserver la pureté de la race, tout en gardant le gène cul-de-poulain.

« Nous nous sommes rendu compte que l’on possédait des demi-frères, voir des propres frères, car on travaillait systématiquement avec les mêmes origines. Il était primordial que l’on fasse certifier nos filiations pour éviter de tomber dans des problèmes de consanguinité, comme cela avait notamment été le cas pour le Blanc-Bleu Belge », poursuit Marcel Mambour. « Il fallait vraiment mettre en place un programme bien encadré », indique, quant à lui, Peter Gillis, président du nouveau Herd-Book.

C’est donc avec comme objectif de certifier les filiations, tout en perpétuant le gène culard, que les férus de la Rouge des prés ont voulu lancer leur propre Herd-Book. Et le moins que l’on puisse dire est que le travail n‘a pas été de tout repos pour faire avancer leur dossier. Ainsi, les premières démarches ont été initialisées en septembre 2020, lors d’une réunion avec l’Upra, le Herd-Book français. Cette alliance France-Benelux n’aura finalement pas abouti…

Finalement, après trois années de travail, les agriculteurs ont enfin reçu, début novembre, la bonne nouvelle : le Herd-Book de la Rouge des prés était né. Et l’engouement des éleveurs est déjà papable puisque quinze sont inscrits en Belgique, deux aux Pays-Bas, et un au Grand-Duché de Luxembourg. Il s’agit de Paul Janssens qui a fait le déplacement jusqu’en Belgique pour fêter le lancement de l’outil avec ses confrères. « Dans mon exploitation, j’ai environ 200 bêtes, pour 80 vêlages par an. Ce sont des animaux tranquilles, faciles à travailler », sourit-il.

Amener du sang neuf

Parmi les autres professionnels de l’élevage présents pour ce lancement, Benoît Cassart de l’entreprise Fabroca, centre de distribution de sperme bovin. Et s’il est davantage actif dans le Blanc-Bleu Belge, pour lui, aussi, ce Herd-Book est une réelle opportunité. « Cela peut être une nouvelle source de diversité génétique même pour les éleveurs BBB. Je leur vends d’ailleurs de la semence Rouge des prés ».

Il ajoute : « Dans toutes les races très pointues, on peut se retrouver avec des problèmes de consanguinité si tout le monde utilise les mêmes taureaux, ce qui est le cas quand il y en a un d’exceptionnel avec lequel les éleveurs veulent tous travailler. Mais après cinquante ans de sélection, toutes les bêtes sont presque cousines. La Rouge des prés peut amener du sang neuf, tout en ne dénaturalisant pas la morphologie des animaux ».

Grâce à cette nouvelle structure, tout sera désormais encadré, et contrôlé par un organisme agréé. De quoi permettre aux agriculteurs de continuer à faire évoluer la race de manière plus sereine. Par ailleurs, ce Herd-Book pourrait-il en aider d’autres à franchir le cap de la Rouge des prés ? « Je pense, en effet, que cela va permettre de faire évoluer ces bovins. Le rameau était devenu tellement petit, avec peu de diversité, que les gens qui voulaient croiser avec de la Rouge, se tournaient parfois vers d’autres races », répond Marcel Mambour.

De plus, ce nouvel outil permettra de mettre un coup de projecteur sur ces animaux qui pourront désormais être représentés lors des concours officiels et autres réjouissances, comme des foires et salons.«

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