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Viande de labo? Non merci!

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Longtemps considérée comme la digne représentante d’un scénario de science-fiction, la viande de laboratoire (aussi appelée viande de culture ou viande in vitro) poursuit son chemin à travers la planète. Ainsi, au Canada, un entrepreneur ambitionne d’ouvrir d’ici deux ans la première boucherie au monde à ne commercialiser que ce type de viande. Seul problème : ni la production, ni la vente de cet aliment ne sont actuellement permises par les autorités canadiennes.

D’autorisation, il en est aussi question en Europe. Ainsi, la société tchèque Bene Meat Technologies a fait un pas de géant en devenant, le 8 novembre, la première entreprise à avoir obtenu l’agrément de l’Union européenne pour sa viande cultivée en laboratoire à destination des animaux de compagnie. Ici, il est donc bien question de chien et de chat, et non d’aliments pour la consommation humaine. L’objectif pour la société est de produire plusieurs tonnes de viande in vitro par jour dès 2024.

Une décision à l’opposé de celle prises par les autorités italiennes. En effet, mi-novembre, celles-ci ont interdit non seulement la production mais aussi la vente de viande de laboratoire. Une première sur le Vieux Continent, motivée « par des préoccupations sanitaires et par la nécessité de préserver les éleveurs italiens ».

Une Ong italienne, l’Organisation internationale pour la protection des animaux, a toutefois jugé que cette décision était inutile, « puisque la viande de culture n’a pas encore été approuvée pour la consommation humaine en Europe et ne peut donc pas être commercialisée ».

On ne peut cependant pas blâmer l’Italie qui, par précaution, souhaite protéger ses éleveurs. Inutile de rappeler que ceux-ci sont déjà en danger et ce, partout en Europe, menacés par une baisse généralisée de la consommation de viande et par des importations sans cesse dopées par des accords de libre-échange.

D’autres états membres, dont la Belgique, ne devraient-ils pas prendre exemple sur les autorités italiennes ? Les filières d’élevage font vivre de nombreuses fermes dans notre pays, mais contribuent également au développement économique de multiples autres sociétés et indépendants. On pense, notamment, aux producteurs d’aliments pour animaux, vétérinaires, marchands de bétail, abattoirs… Si la viande de laboratoire devait prendre le dessus sur la viande d’origine animale, ce sont des milliers d’emplois qui pourraient, potentiellement, disparaître tandis qu’un pan entier de notre économie s’écroulerait.

Est-ce cela que nous souhaitons ? C’est maintenant qu’il faut agir pour protéger cette filière, déjà trop souvent malmenée, et éviter qu’elle ne finisse… à l’abattoir. Demain, il sera peut-être déjà trop tard.

Jérémy Vandegoor

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