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La Nouvelle-Zélande, un acteur incontournable pour le marché de la viande ovine!

Avec 5 fois plus de

moutons que d’habitants, la Nouvelle-Zélande est le pays moutonnier par excellence. Comment s’y organise la production ? Quels sont les avantages et les inconvénients de sa viande ovine ? Retour sur une présentation de l’Institut de l’élevage au sujet de cet acteur incontournable au niveau mondial, fournisseur de plus de viande ovine en Belgique que notre marché local.

Temps de lecture : 8 min

Ce n’est un secret pour personne, la Belgique produit seulement 14 % de sa consommation en viande ovine. Il faut donc importer les 86 % restants, soit environ 10.980 t. C’est équivalent à 948 g de carcasse par habitant.

En 2016, lors de la dernière évaluation par le VLAM, de l’origine des viandes ovines dans notre pays, la Nouvelle-Zélande représentait 24 % des importations. Remis dans l’ensemble du marché belge, c’est-à-dire avec la production locale ajoutée, la viande originaire de ce pays représente ainsi 20,4 %.

Logiquement, on retrouve cette origine sur notre marché plus facilement que celle provenant de Belgique. Par conséquent, les Belges consomment plus souvent de la viande néo-zélandaise que de la viande issue de nos productions.

Dans ce cadre, une question se doit d’être posée : est-ce que nos consommateurs mangent la viande issue du modèle agricole qu’ils défendent ou non ?

L’état général de la production

La Nouvelle-Zélande est divisée en 2 îles principales avec un climat subtropical chaud dans l’extrême nord et un climat tempéré frais dans le sud. Les îles sont constituées de plaines, de collines et de zones montagneuses parfois très difficiles. Pour rappel, ce pays est situé dans l’hémisphère sud, ce qui décale l’hiver et l’été. Leurs pics de production d’herbe, de naissances et d’abattages sont également décalés dans le temps.

Mais le changement climatique n’est pas absent. Les sécheresses se succèdent avec 4 épisodes sévères sur les quinze dernières années. Les cyclones sont plus fréquents et forts que par le passé.

De manière générale, le cheptel ovin est en décroissance depuis le début des années 2000. Cette diminution est à imputer à l’augmentation du cheptel de bovins laitiers. Les pertes d’espaces dédiés aux ovins sont surtout ressenties dans les zones de plaines irriguées. Ces plaines et l’élevage de bovins laitiers sont plus rentables pour les exploitants. Comme l’esprit d’entreprendre et l’orientation marché sont bien présents chez les agriculteurs, le changement de spéculation est relativement rapide. Il y a donc eu en vingt ans, entre 2002 et 2022, une perte de 46 % du cheptel soit l’équivalent de 12 millions de brebis. Néanmoins, il reste tout de même 25 millions de brebis sur les 2 îles.

Les abattages ont suivi cette même tendance. Seules les années de forte sécheresse, où la décapitalisation s’accélère, font exception à la règle. Sinon, la perte d’abattages entre 2022 et 2002 est de 8 millions d’ovins par an. Passant ainsi de 30 millions à 22 millions d’animaux par an.

Concernant le poids carcasse des agneaux, il se situe entre 16,8 et 19,2 kg.

Par ailleurs, depuis les années 80, les agriculteurs néo-zélandais ne bénéficient plus, ou alors très peu et dans des contextes particuliers, d’aides gouvernementales. Cela a permis d’énormes gains de productivité, cependant les conditions de production peuvent être discutables par rapport à nos standards européens, comme l’épandage d’engrais azotés par hélicoptère, le non-contrôle des nitrates dans les eaux souterraines, l’irrigation presque systématique des plaines ou encore l’abattage hallal quasi-systématique. Cependant, l’esprit d’entreprendre des agriculteurs et la vision orientée sur les marchés internationaux y sont très développés. Cela rend leurs entreprises plus agiles et flexibles par rapport aux évolutions de ces marchés.

L’élevage allaitant dans ce pays

Il n’y a pas d’élevage de bovins ou d’ovins allaitant type. Mais ce sont 23.000 fermes, soit 45 % des exploitations qui ont 63 % de la superficie agricole utilisée. En effet, ce type d’élevage allaitant est majoritaire sur les surfaces, mais pas dans les exploitations.

L’objectif principal des exploitations allaitantes est la simplification du système avec des conduites en bandes, des recours fréquents aux prestataires extérieurs comme pour la tonte, les clôtures, l’épandage d’herbicides ou d’engrais, etc. Les chefs d’entreprise cherchent l’optimisation de la main-d’œuvre et la simplification, parfois à l’extrême, du schéma de l’élevage.

Principalement, les animaux mettent bas dans les parcours en altitude comme les collines et les piémonts des alpes néo-zélandaises. Et l’engraissement se termine sur les terres irriguées dans les plaines.

Pour l’élevage ovin, la race principale, pour près de la moitié du cheptel, est la Romney utilisée en pure ou en croisement avec d’autres races pour améliorer les qualités lainières. Par ailleurs, concernant la taille des exploitations, celle-ci est largement supérieure à la taille des exploitations européennes moyennes puisqu’elles vont de 1.400 à 6 000 ha et de 4.000 à 12.000 brebis. Certaines exploitations ont des agneaux qui sont finis entre 10 à 12 mois, d’autres entre 4 à 6 mois. Les taux de prolificité varient entre 140 et 220 %. Des taux tout à fait atteignables dans nos régions.

La plupart de ces élevages possèdent un statut de sociétés. Lorsque plusieurs d’entre eux sont regroupés dans une seule société, ce sont des « stocks farmers », cela signifie que ces fermes sont gérées par des entreprises de gestion avec du personnel salarié sur les exploitations en gestion.

Toutefois, dans les « stocks farmers », les salariés agricoles ont des parts. Les connexions entre les capitaux et les salariés sont plus étroits que dans l’Union européenne. C’est également une aide pour la reprise des exploitations, les salariés ou repreneurs s’engagent qu’en partie dans l’exploitation en reprenant une partie des parts. Beaucoup de chefs d’exploitations sont âgés et ont eu d’autres carrières avant la ferme.

À propos de la pénurie de main-d’œuvre, les élevages forment eux-mêmes les jeunes.

Des technologies et une gestion de l’eau différentes

De nombreuses technologies sont développées en Nouvelle-Zélande pour les élevages ovins. Mais ces technologies sont peu utilisées en pratique dans les fermes. L’identification et la gestion se font en lot et pas à l’animal. Les cages de pesées et de tri s’utilisent uniquement lors des gros chantiers comme la tonte, les contrôles sanitaires, etc. La connectivité et la couverture du réseau peuvent manquer dans les plaines, et les animaux ne sont pas toujours proches des exploitations.

La gestion de l’eau est spécifique au pays également. Le stockage de l’eau pluviale est développé pour l’abreuvement dans les zones de pâturage et pour le nettoyage dans les exploitations laitières. Pour l’irrigation, elle est développée sur la quasi-totalité des plaines et collines. Souvent, elle est liée à une forte utilisation des engrais azotés (163kg d’azote /ha de prairie par an en moyenne). Sur les systèmes développés, il y en a de très nombreux et variés en fonction des exploitations et des revendeurs locaux.

Des carcasses différentes selon les destinations

Pour la viande d’agneau, 95 % est exporté ; pour la viande bovine, c’est 89 %. Les marchés internationaux sont donc la principale voie de commercialisation. Mais la diversité du portefeuille client conduit à une optimisation de la valorisation des carcasses. Les exportations de viande représentent 9,3 milliards de dollars répartis comme suit : 4,8 milliards pour la viande ovine et 4,8 milliards de dollars pour la viande bovine. Les produits agricoles sont de loin les premiers produits exportés. Ils représentent 81 % de la valeur monétaire exportée par le pays.

En 2022, la Chine, les États-Unis et le Royaume-Uni représentaient respectivement 37 %, 14 % et 10 % des exportations de viande ovine. La Belgique représentait également un marché de 2 % ce qui n’est pas totalement négligeable en comparaison de notre population. Comparativement, la France ne représente que 3 % des volumes néo-zélandais.

Ces différents pays n’ont pas les mêmes exigences, ni les mêmes besoins et encore moins des capacités financières similaires. Et comme les Néo-zélandais en sont conscients, ils ont optimisé la carcasse en fonction des destinations. Pour ce faire, chaque partie de la carcasse d’un agneau est destinée à une région du monde. Les gigots vont aux Royaume-Uni. Les rumsteaks, les couronnes et les selles vont en Europe ou aux Royaume-Uni. Les ragoûts à l’os ou les flancs vont en Chine. Enfin, les épaules et les colliers partent pour le Moyen-Orient.

La gestion très libérale des relations commerciales et internationales a conduit à l’abandon du système national harmonisé de classification. Cela permet aux entreprises d’utiliser leurs propres standards. De plus, cela a conduit à des grilles tarifaires très diversifiées avec des variations de prix entre les catégories de poids et entre les différents cahiers des charges. Les viandes piquées ou marbrées sont les plus recherchées pour les systèmes de qualités supérieures.

90 % des abattages sont rituels

Cette gestion libérale des marchés conduit également les grossistes à préférer l’abattage hallal. Cela permet aux viandes d’être exportées vers les pays musulmans ou vers d’autres destinations sans distinctions. Cette pratique rend la commercialisation plus flexible. Aujourd’hui, 90 % des abattages néo-zélandais sont rituels. Quand la consommation belge de viande ovine est à 20 % issue de ces élevages, cela questionne le positionnement wallon sur l’abattage rituel. La Wallonie impose ainsi des pratiques d’abattage non obligatoires pour les importations. Par conséquent, de nombreux Belges consomment de la viande abattue sans étourdissement sans le savoir. Alors même que l’abattage sans étourdissement a été interdit pour éviter, entre autres, d’en consommer sans en être conscient.

Difficile de s’en passer…

En résumé, la Nouvelle-Zélande est un pays très moutonnier dont la productivité est élevée et l’agriculture est orientée vers les marchés internationaux. C’est aussi un pays non dépendant des subventions, mais dont les pratiques peuvent être discutables avec le prisme qui est le nôtre en Europe. Malgré tout, dans un marché européen structurellement déficitaire, il est difficile de se passer des viandes importées.

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