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Pour les fêtes de fin d’année, Didier Bérode mise sur ses dindes et pintades locales!

Et si on valorisait nos produits locaux pour les fêtes de fin d’année ? Dans son exploitation, « Les volailles de Berloz », Didier Bérode élève justement des dindes et des pintades. Des animaux abattus et vendus sur place, qui permettent aux amateurs de bonne gastronomie de faire rimer repas traditionnels et consommation responsable.

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Quand arrive le moment de célébrer Noël, c’est souvent de la volaille que l’on retrouve sur les tables. Que ce soit de la dinde, de la pintade, ou encore du chapon, ces viandes incarnent traditionnellement l’esprit des fêtes de fin d’année. Pourtant, force est de constater que trouver ce type de plat produit en Wallonie n’est pas une mince affaire. En effet, si l’on privilégie les producteurs locaux aux rayons de supermarchés, cela risque d’être plus compliqué. Et c’est finalement dans le village de Geer, près de Waremme, que nous avons rendez-vous avec Didier Bérode qui nous confirme d’ailleurs notre ressenti : « Il y a de moins en moins d’éleveurs. À ma connaissance, il en reste seulement un, à Stavelot, en élevage bio. Ces volailles viennent principalement de France. Ou alors, elles sont produites au nord du pays, dans des élevages plus industriels ».

Ici, à Geer, cet éleveur possède une centaine de pintades et de dindes fermières. Des produits de saison puisque cet agriculteur ne les propose que durant les fêtes de fin d’année. « Pour les consommateurs, cela reste un repas festif, en dehors de cette période, je n’ai pas de demande ». En effet, tout le reste de l’année, son exploitation, « Les volailles de Berloz », est consacrée à une autre activité, à savoir les poulets vendus sous le label « Coq des prés ». Un élevage biologique, tandis que pour les animaux de fête, il travaille de manière conventionnelle. Ainsi, les 4.300 poulets bios passent un tiers de leur vie dehors, et peuvent profiter d’une prairie de 2 ha.

Des pintades nerveuses et des dindes fragiles

Les pintades et les dindes sont, elles, élevées à l’intérieur, dans leur box. « Je ne peux pas les mettre dehors, car les élevages conventionnels et biologiques doivent être bien séparés, avec des espaces distincts. Même une clôture n’est pas suffisante. De plus, la dinde est un animal qui craint beaucoup l’humidité, et quand je vois la météo actuelle, c’est une chance qu’elles puissent vivre à l’intérieur ».

Ces deux types de volailles sont également séparés l’une de l’autre. « Les pintades possèdent un caractère très vif, elles pourraient énerver les dindes », sourit-il au milieu du vacarme produit par ces bêtes qui ne cessent de criailler une seule minute. D’origine africaine, ces animaux ne peuvent pas cacher leur nervosité. Plutôt timides, elles vont d’ailleurs directement se coller aux murs du box lorsque l’on souhaite s’en approcher. « L’Afsca était venue réaliser des prises de sang sur 10 pintades, et elles étaient tellement stressées que j’en ai perdu trois directement après cette opération », se remémore d’ailleurs l’éleveur.

Un élevage conventionnel mais pas industriel

Outre leur caractère, les besoins de ces volailles sont différents puisque les pintades possèdent une alimentation plus riche en protéines. « Mais pour les deux espèces, j’ai à cœur de proposer des produits sains, les plus naturels possible. Elles sont nourries avec du maïs et du froment. Nous devons y ajouter du soja qui provient, lui, de pays étrangers. C’est nécessaire puisqu’il s’agit du produit avec le plus de protéines. On peut donc difficilement s’en passer… ».

Didier Bérode achète ces animaux au nord du pays. Elles sont âgées de six semaines lorsqu’elles arrivent à Geer. « Les dindes possèdent une forte croissance. Elles pèsent quasiment un kg de plus chaque semaine, et mangent pas loin d’un kg par jour ». À l’âge de quinze semaines, les bêtes sont abattues. Elles auront alors atteint un poids de 1,4 et 1,8 kg pour les pintades et de 7 à 9 kg pour les dindes. Le tout vidé et nettoyé.

« Et encore, les dindes je pourrais les pousser encore plus dans leur développement, jusqu’à ce qu’elles pèsent 20 kg ! Mais les gens n’aiment pas quand elles sont trop grosses… Elles doivent encore pouvoir entrer dans le four », explique cet éleveur qui propose ses produits directement à la ferme. Et c’est également au sein même de son exploitation que se déroule l’abattage.

Grâce à l’abattoir mobile de l’Afsca, Didier Bérode n’a plus besoin de se déplacer, et évite, par la même occasion, un stress inutile à ses animaux. « Tout se passe très proprement. Elles sont d’abord étourdies avec de l’électricité avec d’être abattues ». Ensuite, les animaux sont déplumés, vidés, mis dans la chambre froide, puis emballés. « N’étant pas agréé pour effectuer les découpes, je vends l’animal entier », ajoute-t-il.

Impossible de vendre un animal plus léger

Un circuit local, donc, pour cet agriculteur qui prône un élevage à taille humaine, loin d’un mode de fonctionnement dit industriel. Preuve en est : si vous souhaitez acheter une dinde chez lui, vous devrez être nombreux autour de la table pour être certain de tout savourer. En effet, contrairement aux supermarchés, aux « Volailles de Berloz », vous ne trouverez pas de petites portions.

« Ici, elles sont nourries naturellement et grandissent à leur rythme. Les supermarchés travaillent avec des élevages qui les abattent beaucoup plus jeune. Elles pèsent à peine 3 kg, presque aussi grosses qu’un bon poulet. Si je choisis ce mode de fonctionnement, la viande ne sera pas encore faite sur la carcasse. Mais dans les exploitations industrielles, ils poussent les animaux à prendre du poids, avec, un autre type d’alimentation ou, par exemple, en allumant la lumière à plusieurs reprises. De cette manière, les animaux, qui vivent dans le noir, pensent que le jour s’est levé et vont se nourrir ». Un respect du bien-être animal qui pose question…

Heureusement, selon l’agriculteur, les grandes tablées allant de pairs avec des quantités de viande plus importantes ont, à nouveau, le vent en poupe au moment des fêtes. Des célébrations durant lesquelles les consommateurs pourront déguster des produits locaux, en sachant où et dans quelles conditions l’animal a été élevé.

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