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La guerre du trône

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Frissons de fin de législature. Frémissements de début de campagne électorale. 2024, juin, c’est demain. Et il est grand temps de commencer à courtiser l’électorat agricole. Car l’agriculture européenne emploie un peu plus de 9 millions de personnes directement, avec des enjeux allant bien au-delà du secteur. Forte d’une production qui pèse environ 418 milliards € en 2019, l’UE n’est-elle pas une actrice de poids sur la scène mondiale ?

Les démocrates-chrétiens rassemblés au sein du PPE (parti populaire européen) l’ont plus que jamais compris. Leur président, l’Allemand Manfred Weber, a tout récemment assuré que son groupe était « le parti des agriculteurs et des zones rurales » et taclé dans la foulée les formations politiques de gauche, qui estiment, selon lui, que les agriculteurs sont un problème.

« Nous écoutons les agriculteurs et nous les traitons avec respect tout en travaillant à une agriculture plus innovante, plus compétitive et plus durable en Europe » a tout récemment développé, non sans emphase, le patron des eurodéputés de droite. Lui qui espère ainsi envoyer un message au monde agricole et rural, un électorat qui est traditionnellement acquis à sa formation, mais qui pourrait être attiré par d’autres bien plus radicales…

Le PPE a donc multiplié les offensives contre le Pacte Vert dans l’espoir que cette fronde lui permette de récolter des voix cruciales. Quitte à travailler contre sa propre collègue, Ursula von der Leyen, elle aussi issue du parti populaire où elle ne l’est pas du tout… populaire, (voir nos articles en pages intérieures sur ce sujet). Jugée trop écolo, trop progressiste et pas assez offensive sur la protection des frontières extérieures de l’Europe, elle n’a même jamais été au centre de gravité du parti.

Dans son document de position adopté le 6 décembre dernier, le PPE a mis un accent particulier sur l’aide au renouvellement générationnel et l’innovation avec, notamment, l’autorisation de l’utilisation des nouvelles techniques de sélection génomiques (NBT) ou l’agriculture de précision. Citons par ailleurs la mise en place de « clauses de sauvegarde » en cas de hausse drastique des importations. Des orientations qui, reconnaissons-le, ne peuvent que rencontrer les besoins de notre secteur agricole wallon.

Mais ne serait-il pas temps de s’inscrire dans la dynamique du « dialogue stratégique sur l’avenir de l’agriculture dans l’UE » annoncé en septembre dernier par la présidente von der Leyen afin de dépolariser les débats sur la transition verte ?

S’assurer que sa mise en œuvre se fait de manière équitable, intelligente et de manière inclusive serait un signal positif à envoyer aux agriculteurs dont les préoccupations se situent, in fine, bien loin des crêpages de chignons qui rythment les débats au sein des différentes assemblées.

Marie-France Vienne

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