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L’élevage porcin en plein air? C’est le pari réussi de Luc Lefèvre!

C’est dans les prairies du village condruzien de Dorinne que vivent les 80 truies et les porcelets de Luc Lefèvre. Ici, pas question d’enfermer les animaux dans un box, les cochons vivent et naissent en plein air sur les 5 ha qui leur sont consacrés. L’éleveur a accepté de nous ouvrir les portes de sa ferme pour nous en dire plus sur sa façon de travailler.

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«  Les cochons doivent vivre dehors, cela tombe sous le sens. Je n’ai fait que les remettre dans leur état naturel », nous répond de but en blanc Luc Lefèvre lorsqu’on lui demande pourquoi avoir opté pour ce type d’élevage.

Un choix réalisé il y a une vingtaine d’années, lorsqu’il a décidé de reprendre l’exploitation de ses parents. À cette époque, cet agriculteur travaillait comme technicien dans un centre agro-vétérinaire. Une période durant laquelle la Région wallonne souhaitait développer la production porcine. Luc Lefèvre se spécialise, dès lors, dans ce secteur, pour ensuite voler de ses propres ailes en transformant la ferme familiale. « J’ai pris mes renseignements et j’ai visité plusieurs élevages. Il y avait une véritable demande pour ce type de production alternative. Au niveau des animaux, j’ai choisi le porc car il ne faut pas oublier qu’il s’agit de la viande la plus consommée en Belgique, même si à présent une grosse partie des exploitations se situe en Flandre… De plus, nous étions à un moment où la législation sur bien-être animal évoluait fortement. En choisissant l’élevage en plein air, j’étais certain d’être dans la bonne direction, tout en choisissant une façon de travailler correspondant à mes valeurs », se souvient-il.

L’engraissement dans sa ferme, c’est fini…

L’éleveur a démarré sa carrière avec 80 truies en production. Il en possède le même nombre aujourd’hui. Cependant, si son cheptel est resté constant, son offre a évolué. « Quand j’ai commencé, je pratiquais l’engraissement sur litière bio maîtrisée. J’avais 400 porcs. Mais j’ai arrêté cette activité l’année passée », indique ce passionné. Une décision prise suite à la fermeture de l’abattoir de Charleroi. « De plus en plus d’abattoirs ferment leurs portes en Wallonie. À cause de cette situation, Je devais aller jusqu’à Ath. Ce n’était plus possible… C’est dommage car j’avais un bon commerce. Je livrais 4 boucheries et une coopérative par semaine. De plus, je devais réaliser de gros travaux dans le bâtiment vieux de 21 ans. Je devais donc investir dans de l’équipement coûteux sans savoir de quoi l’avenir serait fait… ».

Le dernier élément décisif pour l’éleveur a été la volonté de plusieurs agriculteurs actifs dans l’engraissement de collaborer avec lui. Des partenaires qui reprennent ainsi les porcelets lorsqu’ils ont atteint les deux mois et demi, pour ensuite les engraisser chez eux. « Ils possèdent une boucherie à la ferme. Les porcs vivent dans un box, sur paille lors de cette étape. J’ai également un client qui les fait évoluer en plein air, comme moi. Ils partagent tous ma philosophie, et j’ai la chance de pouvoir travailler avec eux ».

Un roulement entre les 4 bandes de 20 truies

Concernant la race des cochons, il s’agit d’un croisement entre le Landrace, réputé pour ses qualités maternelles, et le Duroc reconnu pour sa viande. La lignée Piétrain est aussi présente sur 1 quart de ses animaux. Pour les élever, Luc Lefevre travaille en 4 bandes de 20 truies, avec un intervalle de cinq semaines. Chaque truie d’une même bande est à un stade physiologique similaire. Durant cinq semaines, les truies gestantes sont ensemble en prairie. Elles passent ensuite dans une autre parcelle pour la mise bas et y restent un mois avec leurs petits. Par après, c’est l’étape du sevrage. Les porcelets rejoignent le bâtiment post-sevrage où ils sont bouclés et vaccinés. « J’ai réalisé cette construction en 2019. Il peut accueillir 360 porcelets ». Les mères, quant à elles, vont dans le bloc saillie où l’éleveur procède à l’insémination artificielle. Et ainsi de suite. Un roulement qui facilite l’organisation de Luc Lefèvre et lui permet d’avoir de gros lots de porcelets.

« La seule condition pour que tout se passe correctement est de réussir l’insémination des truies. Mais en général, elles sont fertiles. C’est un des avantages de l’élevage en plein air, elles captent toute la lumière du jour ce qui est bénéfique pour leur fécondité ».

Selon lui, vivre en prairie empêche également la transmission rapide des maladies. « La pression sanitaire est moins forte comme elles se trouvent à l’extérieur ». Bref, grâce à ce système, Luc Lefèvre peut se réjouir d’avoir rarement des truies malades au sein de son exploitation.

Cependant, tout n’est pas rose dans l’élevage en plein air. Il existe, en effet, un inconvénient. Ce dernier concerne le risque de mortalité des porcelets. Ceux-ci naissent dans une cabane maternité installée dans la prairie. Une naissance naturelle qui les rend particulièrement sensibles durant les deux premiers jours suivants leur venue au monde. « L’année passée, j’ai eu une moyenne de 14,2 porcelets nés vivants pour 11, 4 de sevrés. Ces pertes sont un problème inhérent de l’élevage en plein air. Il n’y a pas de protection pour les porcelets. Nous devons donc compter essentiellement sur les qualités maternelles et le calme de la truie », poursuit Luc Lefèvre qui se rend une fois par jour dans les prairies pour nourrir les animaux. Une alimentation adaptée selon les besoins de la bête : gestation, allaitement, petit porcelet et pré-engraissement. Le confort des bâtiments suit cette même logique. Ainsi, pour le post sevrage, les porcelets peuvent se mettre dans la partie de la construction où le plafond est plus bas. Cette architecture permet aux jeunes porcs de se protéger du froid sans devoir chauffer le bâtiment.

« Mon exploitation consomme peu d’énergie », nous confirme d’ailleurs Luc Lefèvre, dont la facture d’électricité mensuelle s’élève à… 100 € par mois pour toute la ferme ! Qui dit mieux ?

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