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Le combat d’Hugues Falys face à TotalEnergies

Le 13 mars, Hugues Falys, a assigné en justice TotalEnergies. L’objectif : pointer la responsabilité du pétrolier dans le dérèglement climatique qui frappe de plein fouet le monde agricole.

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Installé à Bois-de-Lessines – où il élève une centaine de vaches charolaises et cultive des céréales, des protéagineux, des légumes, des fraises et des prairies – Hugues Falys a été confronté à de sérieux revers ces dernières années, dont des pertes de rendements, une surcharge de travail ou encore du stress généré par un calendrier cultural chamboulé. En cause, selon lui, les événements climatiques extrêmes qui ont frappé sa ferme et plonge le monde agricole dans de grandes incertitudes concernant son avenir.

Ce constant, d’autres agriculteurs l’ont fait. Vagues de chaleur, sécheresses, précipitations extrêmes touchent l’ensemble de la profession et sont lourdes de conséquences : rendements en berne, pertes financières, animaux confrontés au stress thermique, réorganisation du travail…

Pointant la responsabilité des multinationales de l’énergie dans ce dossier, parmi lesquelles TotalEnergies, l’agriculteur a décidé d’assigner cette dernière en justice devant le tribunal de l’entreprise de Tournai. Trois organisations non-gouvernementales (ONG) que sont Fian, Greenpeace et la Ligue des droits humains se joignent à lui dans son action.

Contraindre le pétrolier à la transition

L’action est totalement inédite en Belgique, puisque c’est la première fois qu’un citoyen poursuit une multinationale devant la justice pour un contentieux climatique. Et Hugues Falys et les ONG d’expliquer : « Les activités de TotalEnergies contribuent au dérèglement climatique qui cause des dommages irréversibles sur les agriculteurs, et plus largement, sur les droits humains (droit à la vie, droit à l’alimentation, droit à la santé, droit à vivre dans un environnement sain…). L’entreprise doit rendre des comptes et sortir des énergies fossiles ».

Avec cette affaire, ils espèrent mettre le pétrolier, qui n’est autre que le premier raffineur et distributeur de Belgique, face à ses responsabilités et le contraindre à adopter un plan de transition crédible. En pratique, ils demandent à la justice que ledit plan comprenne l’arrêt des investissements dans les projets d’énergies fossiles, une baisse de 60 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 et une baisse de la production de gaz et de pétrole de 75 % d’ici 2040.

L’objectif est également de « mettre fin à l’impunité de l’industrie des énergies fossiles afin qu’elles soient redevables lorsque leurs activités violent les droits humains et nuisent à l’environnement ».

Hugues Falys entend également obtenir la reconnaissance du dommage qu’il a subi en raison des changements climatiques ; la réparation étant un des moyens de cette reconnaissance. Toutefois, s’il obtient gain de cause, ce ne sera pas à des fins personnelles. L’agriculteur a, en effet, annoncé qu’il reversera l’intégralité de la somme à Farm for Good. Pour rappel, cette asbl promeut l’agroécologie, mode de production dans lequel il s’inscrit pleinement.

Un effort collectif, selon TotalEnergies

La procédure en justice suivra maintenant son cours. Le tribunal de l’entreprise de Tournai a fixé au 16 avril la date de l’audience d’introduction. Il s’agira, pour les parties, de s’entendre sur le calendrier de la procédure judiciaire (échanges des conclusions, audiences…).

Dans un communiqué, relayé par nos confrères de la Rtbf, TotalEnergies dit « regretter la démarche contentieuse engagée ». Et ajoute : « L’enjeu du changement climatique et de la transition énergétique ne relève pas de la responsabilité juridique d’un acteur donné mais bien de l’effort collectif de l’ensemble de la société ».

Elle précise encore qu’elle « a dédié 5 milliards de dollars aux énergies renouvelables et bas carbone en 2023 et dédiera à nouveau 5 milliards en 2024. C’est donc la deuxième année consécutive où nous consacrons plus d’investissements dans les énergies bas carbone que dans des nouveaux projets d’hydrocarbures ».

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