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Où est le printemps?

Une bergeronnette fait son nid sous mes panneaux solaires,

Les choucas ont fini de boucher la cheminée de mon fils. Aie !

Les tourterelles s’impatientent, les feuilles de nos arbres tardent à venir, elles chantent, ont envie de nicher.

Mais oui, c’est le printemps…

Temps de lecture : 2 min

Mis à part cela, pas un bruit de tracteur autour de chez nous.

Seuls, passent quelques distributeurs d’engrais, des retardataires qui ne savaient pas encore accéder à leurs champs de blé trop humides. C’est qu’ils ont faim nos maigres blés détrempés par un hiver hors du commun. Parfois la question se pose… laisser des blés trop peu denses… ou recommencer avec le même risque puisqu’il est difficile d’avoir cinq jours sans eau. Remplacer par du maïs… Il y en aura en abondance puisqu’il est difficile de se procurer les plants de pomme de terre. Sans contrat, pas de plants. Même parfois avec contrat… Du jamais vu !

Incroyable ce printemps, après un hiver si humide. Aussi incroyable que les températures qui passent de 12 à 20 degrés d’un jour à l’autre. Vous me direz, c’est avril… ne te découvre pas d’un fil, comme dit le dicton. Ben oui, mais 22 degrés en avril… je ne m’en souviens pas… Faute au changement climatique, me dirait Greta !

On ne peut le nier, les agriculteurs sont face à des situations sans précédent… Pourtant quelques souvenirs me reviennent. En 1983, année de la naissance de ma fille, il pleuvait sans cesse. Dès que le soleil sortait, il chauffait un orage qui faisait déborder la Douve sur nos prairies déjà détrempées. Le fourrage, la paille venaient à manquer. Les veinards qui en avaient en demandaient le prix du foin ! On sortait les vaches quelques heures par jour. Elles revenaient avec des chaussettes de boues jusqu’au pis ! Pour refermer la barrière derrière elle, fallait prendre garde à ne pas y laisser une botte ventousée. Les plants de pommes de terre, sur les greniers à l’époque, montraient de longs germes et devenaient figues. On a planté les dernières le 5 juin. Le tonnage n’était pas au rendez-vous mais le prix avait compensé. Le même scénario se profile-t-il cette année ?

Munie de mon GSM, chaque matin, je scrute la météo espérant une meilleure période qui permettrait de commencer à remuer la terre. Mais, quand sont annoncés trois jours de vent et de soleil, il tombe une pluie inattendue venue de « je ne sais où » et qui nous remet le moral à plat.

Ah que viennent le printemps et le brouhaha des tracteurs dans les champs !

Manou de Warneton

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