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Gelées blanches: les fruiticulteurs dans l’attente après une nuit de tous les dangers

Des gelées blanches, avec des températures négatives sur la majeure partie du royaume, ont contraint nombre de producteurs fruitiers à une nuit blanche. Ce mardi matin, malgré le ciel serein, ils attendent avec une certaine angoisse. Le gel de la nuit dernière aura-t-il des conséquences sur leur récolte? Et si oui, dans quelle ampleur?

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«Sur une dizaine de stations météo installées dans des vergers en Wallonie, les températures ont atteint la nuit dernière entre -1 et -3°C», explique à l’agence Belga Olivier Warnier, du Centre fruitier wallon.

Or, les pommes, poires, cerises et abricots ont, cette année, «15 jours à trois semaines d’avance» et sont actuellement au stade du petit fruit dans les régions fruitières. «Les petits fruits sont plus sensibles au gel que les fleurs. A -1°C, il ne devrait pas y avoir trop de problèmes, mais à -2, -2,5°C, on risque de gros problèmes», poursuit M. Warnier, pour qui il est toutefois «encore un peu trop tôt» pour estimer les dégâts éventuels. La situation devra être évaluée dans les prochains jours, région par région, verger par verger et même parcelle par parcelle.

Un gel léger peut n’abimer que la peau du fruit alors qu’un gel plus sévère, qui irait jusqu’à toucher les pépins, ferait tomber le fruit qui serait totalement perdu.

S’agissant de la vigne, de plus en plus plantée en Wallonie et qui en est actuellement au stade des sarments, elle est encore plus sensible. «Dès -0,5°C, car la vigne est plus près du sol.» Dans le cas de gelées blanches, plus l’arbre est haut et plus il sera à l’abri du gel. «On peut gagner 2°C sur un arbre de deux à trois mètres de haut», précise Olivier Warnier.

Face au gel et aux aléas météorologiques, les producteurs sont un peu démunis mais certains ne restent pas les bas croisés. Différentes techniques existent pour gagner la fraction de degré qui permettra de sauver une récolte. «Le plus efficace, c’est l’aspersion d’eau en continu au-dessus des arbres. Mais pratiquement personne ne le fait car cela exige d’énormes quantités d’eau que l’on n’a pas», explique encore Olivier Warnier, du Centre fruitier wallon.

Très utilisés en Wallonie, à l’instar de ce qui se fait dans les vignes en France, les pots remplis de dizaines de litres de cire et que l’on laisse brûler pendant une bonne partie de la nuit. De grosses bougies brûlant dans la nuit, en somme. «On peut gagner jusqu’à 2 ou 3°C pendant sept à huit heures. C’est le plus efficace après l’eau.» Le système est toutefois relativement coûteux et sera réservé aux cultures dont la valeur ajoutée est la plus élevée.

Aussi problématiques soient-elles pour la culture fruitière, les gelées blanches de la fin avril (et même du mois de mai dans certaines régions comme l’Ardenne), ont toujours existé dans nos contrées et dans les pays voisins. En revanche, avec le dérèglement climatique, la végétation a tendance à redémarrer plus vite à la sortie de l’hiver, ce qui complique encore plus la vie des producteurs fruitiers.

«Cela fait 40 ans que je suis dans le métier et les grosses gelées ont toujours lieu chez moi entre le 20 et le 25 avril. Ce qui change, par contre, c’est que la végétation est plus précoce. Et comme le fruit est plus sensible au gel que la fleur, c’est plus difficile», conclut M. Warnier.

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