Mécanique, thermique et chimique: réflexions autour de la maîtrise des adventices en cultures maraîchères
Ce printemps avec une période sèche jusqu’aux deux premières décades de mai avant l’arrivée de précipitations orageuses guide les choix du maraîcher dans la maîtrise des adventices. Une lutte nécessaire car en grand nombre, celles-ci concurrencent les cultures souhaitées mais aussi nuisent à leur aération et favorisent ainsi le développement de maladies foliaires.
Plusieurs particularités se présentent en ce début d’année. Une période sèche entre la mi ou fin avril et le 20 mai a facilité les opérations de désherbage mécanique comme les binages par exemple. En parallèle, les levées des cultures semées en place ne sont pas parfaites, par manque d’humidité dans le lit de semis.
Par contre, les herbicides chimiques à action racinaire ne s’expriment que partiellement sur sol sec. Cette faiblesse liée aux levées attendues avec les pluies des 21 au 25 mai capables de faire germer nombre d’adventices demandera probablement une intervention de correction.
En
Combinaisons de techniques
Les herbicides seuls ne suffisent souvent pas ; il faut donc raisonner leur emploi en combinaison avec des techniques mécaniques ou thermiques. Par exemple, les binages réduisent le nombre d’adventices dans l’interligne, mais diminuent la concentration des herbicides racinaires à la surface du sol.
En agriculture biologique, la quantité de travail dédiée au seul poste de la maîtrise de l’enherbement est très importante. Des études précisent que le seul poste de la maîtrise de l’enherbement des cultures maraîchères monopolise jusque deux tiers du temps total de travail de production.
Notons que des solutions mécaniques, thermiques ou manuelles sont utilisables aussi bien en cultures conventionnelles qu’en bio.
Dans notre édition du 5 décembre 2014, nous avions abordé les aspects généraux de la maîtrise de l’enherbement et sa conception sur une rotation au moins et pas sur une seule année.
Lorsqu’une période de quelques semaines sépare deux cultures se succédant sur la même sole, nous pourrons en profiter pour gérer cette interculture et limiter la multiplication des adventices à court cycle de reproduction. Des faux semis alternés avec des désherbages mécaniques superficiels ou des désherbages thermiques en toutes cultures (ou des désherbages chimiques en culture conventionnelle) permettent de diminuer sensiblement l’enherbement pour les cultures suivantes.
Pour une bonne réussite de ces façons culturales, les faux semis se feront à très faible profondeur pour ne pas remonter des semences du fond. La gestion des intercultures doit s’intégrer dans le planning de production et d’occupation des sols.
En cours de culture
Chiendent, rumex, prêles, chardon…
Les adventices vivaces comme le chiendent, les rumex, les prêles sont parfois très encombrantes lors de l’orientation de parcelles vers le
Chénopode, morelle, amarante et autres annuelles
Les galinsoges : des levées en nombre !
Prévenir plutôt que guérir
Pensons aussi à l’année prochaine. La gestion de l’enherbement commence avant l’implantation de la culture.
Cela démarre par une estimation des besoins en main-d’œuvre, du matériel nécessaire, de l’état de salissement des parcelles et de la flore attendue.
Les besoins en main-d’œuvre pour la maîtrise sont très élevés. Selon le niveau de mécanisation, les cultures et le mode d’exploitation (conventionnel ou Bio), ils seront d’une cinquantaine d’heures par hectare à sept fois plus. En cas d’insuffisances de suivi, la multiplication des adventices devient rapidement incontrôlée ; la situation devient encore plus compliquée les années suivantes.
Par contre, les faux semis, les cultures intercalaires couvrantes, les rotations avec des cultures nettoyantes (grandes cultures, prairies temporaires, par exemple) permettent de réduire sensiblement le stock semencier et en conséquence les besoins en main-d’œuvre pour les cultures suivantes.
Une très bonne préparation du lit de semis facilite les levées homogènes et donc le désherbage. Mais aussi, une bonne structure de sol en surface facilite les binages.
Tous les éléments qui permettent une levée rapide de la culture facilitent également les opérations de désherbage.
.