Miser sur la reconnaissance!

Convertir le principe de pollueur-payeur en celui de bénéficiaire-contributeur, voilà l’objectif d’un projet de coopération transfrontalière qui réunit, autour du bras de mer qu’est la Manche et de la qualité des eaux qui s’y déversent, six zones du nord de la France et du sud de l’Angleterre. Concrètement, il s’agit d’expérimenter une rémunération pour les agriculteurs de ces régions qui soit à la hauteur des services environnementaux rendus par ceux-ci à leurs concitoyens grâce aux investissements proprement consentis et à l’évolution de leurs pratiques agricoles.

Lancé le 17 octobre dernier, ce projet baptisé « Paiements pour services environnementaux Manche » et doté d’un financement européen d’une valeur de 4 millions d’euros est né d’un constat : à peine 30 à 40 % des eaux se déversant dans la Manche sont aujourd’hui reconnues en bon état écologique. En cause : la forte concentration de nitrates et de phosphates dans ces eaux, conséquence de diverses activités et parmi celles-ci l’agriculture et plus particulièrement certaines pratiques.

Plutôt que sanctionner les agriculteurs négligents d’une amende « bête et méchante » ou de les indemniser « sans autre forme de reconnaissance » pour des investissements en faveur de la qualité de l’eau, le projet vise à mettre en lumière le rôle bénéfique des actions engagées et à les rétribuer à leur juste valeur. L’assainissement d’un point d’eau engendre de fait une série d’externalités positives pour la collectivité, qu’il est possible de chiffrer et transformer en rémunération. Le but est aussi de retisser un lien positif entre les agriculteurs et les autres citoyens des territoires concernés…

La reconnaissance plutôt que le bâton, une belle source d’inspiration !